Accéder au contenu principal

Idées et opinions - Intervention militaire au  Sahel : Regard sur une controverse sans fin / Par Adamou Oumarou

Des militaires français de l'opération Barkhane, au Mali, en janvier 2021. (Frédéric Pétry/Hans Lucas via AFP)

Des marches populaires à Mali et au Burkina Faso contre la présence Française au Sahel ; des déclarations, des manifestations  ayant causés mort d’homme et des réactions relatives à l’armée Française au Niger, décidément la présence militaire Française suscite un vif débat au sein des populations sahéliennes. En  effet, la ritournelle classique veut que la France soit à nos côtés  dans un but néo colonial.                                                                                                                                            
Aujourd’hui, les sahéliens partagent un  même espace public grâce aux réseaux sociaux et leur corollaires  de vérité et de contre vérité. Généralement les algorithmes utilisés par ces réseaux présentent une seule facette de l’information ; celle qui nous conforte dans nos convictions. L’intervention Française au Sahel est à la une dans nos discussions, et d’une manière générale est mal perçue et on  y voit qu’un aspect : l’exploitation de nos ressources minières.  Cette idée ancrée au sein  d’une frange importante des populations Sahéliennes,  mérite pourtant d’être nuancée, car la réalité nous parait plus complexe.

La Frances et ses anciennes colonies, un vieux contentieux difficile à solder

De tout temps, les relations entre la France et une bonne partie de l’opinion publique Africaine sont demeurées tumultueuses. Le sentiment anti Français ne va que crescendo  au Sahel, 60 ans  après les indépendances et le cliché populaire veut que nos pays soient une chasse gardée de la France.

Aujourd’hui encore, aux yeux de bon nombre de  Sahéliens, le renversement des président Modibo Keita en 1968 et  Diori Hamani  en 1974, ainsi que l’assassinat du capitaine Thomas  Sankara  en 1987 ont pour maitre d’ouvrage la France. Quant au Tchad,

Pour couronner le tout l’intervention Française au sahel depuis 8 ans et ses résultats  mitigés ont fini par renforcer la conviction des intellectuels et activistes sahéliens que la France doit se retirer de nos pays.

Pourquoi des soldats Français au Sahel !

Le général De Gaule avait l’habitude de dire que la France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts !

Cette assertion trouve tout son sens dans cette intervention en cours au sahel.

Incontestablement,  le déploiement de  militaires dans cette zone d’influence traditionnelle de Paris n’a d’autres objectifs que de préserver un ensemble d’intérêt, et maintenir les pays concernés dans sa zone d’influence.

Les pourfendeurs de la présence Française  mettent en exergue la volonté de faire main basse sur nos ressources minières, mais la réalité est on ne peut plus complexe.

 En prenant le cas du Niger,  la récente sortie du président  Bazoum nous a permis de savoir que  l’affirmation que 2 ampoules sur 3 en France sont éclairées grâce à  uranium du Niger, n’est qu’une image d’Épinal. Mais même si le Niger ne fournit désormais que 25% du l’uranium utilisé en France, tenter de sécuriser cette source non négligeable nous semble logique dans ce monde ou les prix des matières premières sont en perpétuelle fluctuation .L’ambition du président Macron qui souhaite faire émerger de petits réacteurs nucléaires appelés SMR, pourrait relancer la production de l’Uranium. En somme rechercher la paix pour le Sahel, c’est aussi protéger notamment  les gisements d’uranium du Niger pour le futur.                                                                                                                                                     
Par ailleurs, même si la place d’un pays comme le Niger  est relativement modeste dans les échanges économiques avec la France,  il y a lieu de le situer  dans un ensemble plus vaste à savoir les pays francophones de l’Afrique de l’Ouest dont le poids économique est non négligeable. A cet égard,  les intérêts   des groupes français sont importants dans des pays comme la cote d’ivoire et le Sénégal. Mieux, Paris a plutôt intérêt à marquer sa présence et à ne pas laisser le champ libre à d’autres acteurs comme la Chine et la Turquie de plus en plus offensifs sur le plan de la coopération économique.  

Dans tous les cas,  la stabilité des Etats  Sahéliens est un élément capital pour  les échanges économiques bilatéraux et multilatéraux.    

La question monétaire considérée comme un des derniers vestiges de la Françafrique,  cristallise elle aussi  les critiques liées à la relation entre la France et les pays Africains francophones.   On peut penser que paris ne veut pas lâcher prise sur le plan monétaire. La  tentative de la création de la monnaie unique de la CEDEAO semble en effet être renvoyée aux calendes grecques, permettant  ainsi au franc CFA  dont la création date de la seconde guerre mondiale de continuer à matérialiser nos échanges et à être garanti par la banque de France.  

Au plan géopolitique, la France qui est l’un des 5 pays membres  permanents du conseil de sécurité, a besoin des pays Africains, notamment les Sahéliens  pour peser sur certaines décisions prises par l’ONU.   A cet effet, la voix des 14 pays francophones  n’est pas négligeable dans certaines prises de décisions. Il convient de préciser que la France occupe un poste stratégique au sein de l’appareil onusien en l’occurrence celui des opérations de maintien de la paix dans le monde.

Une autre raison qui pourrait expliquer l’intervention Française : la question migratoire. Les politiques migratoires européennes, toujours plus restrictives, se tournent vers le Sahel, et particulièrement vers le Niger pays de transit  dont le rôle consiste à contenir les flux migratoires vers la France, mieux, vers l’Europe.

Or, on peut imaginer qu’un sahel occupé par des djihadistes constituera un véritable appel d’air pour l’émigration vers le vieux continent.

Au plan strictement militaire, cette intervention constitue aussi un champ d’expérimentation pour l’industrie militaire dans une région ou les hommes et le matériel  évoluent dans des conditions extrêmes. C’est une occasion pour tester de nouveaux armements et  matériels (véhicules blindés, hélicoptères, drones) ainsi que de nouvelles techniques de combat.

C’est ainsi que les lances roquettes de type LRU ont été utilisées pour la première fois en 2016 au Sahel et des drones destinés à la détection d’engins explosifs  y ont fait leur baptême de feu.

La question  de la francophonie parait aussi être un enjeu important. Le français est aujourd'hui la cinquième langue la plus parlée au monde. La francophonie apparaît  dès lors  pour la France, comme un atout au service de sa diplomatie culturelle et de sa diplomatie d’influence t. Aussi, maintenir un lien fort avec ces mêmes pays sahéliens est un avantage certain pour la France.

L’Organisation internationale de la Francophonie prévoit que d’ici 2050, l’Afrique regroupera environ 85% des francophones du Monde.

En réalité, la France, n’occupe  le rang de 5eme puissance mondiale qu’en raison du rôle diplomatique, politique et culturel qu’elle exerce  dans le monde et non pour son poids économique. Alors venir au secours de pays Francophones en difficulté constitue une opération d’opportunité.

La défiance des sahéliens vis-à-vis de l’intervention militaire Française.

Malgré que les militaires Français de l’opération serval aient contribué à arrêter la vague djihadiste au Mali en 2013, les populations sahéliennes sont de plus en plus hostiles  à cette présence.

En effet, 8 ans après, l’insécurité s’est accrue. Les djihadistes ont repris leur expansion, notamment au centre du Mali, et ont traversé les frontières, s’installant au sud-ouest du Niger comme au nord et à l’est du Burkina Faso. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaeda, et la branche locale de l’Etat islamique ont exploité des tensions au sein et entre les communautés rurales de ces zones en recrutant des habitants mécontents afin de renforcer leurs opérations.

Ainsi peut-on dire que depuis 2016, les attaques djihadistes ont quintuplé et les violences interethniques se sont incontestablement accrues.

Cette situation qui a entrainé bon nombre de morts parmi les FDS et les populations civiles a atteint son paroxysme avec les destructions des écoles, dispensaires et tout ce  qui semble représenter  un symbole de l’Etat.

Dans ces conditions, les populations sahéliennes ne peuvent comprendre ce qu’elles qualifient de « manque de résultat  » de la part de la 5eme puissance militaire mondiale.

En effet, les militaires Français sont supposés voir et tout entendre sur un espace  de 5 Millions de KM2 que constitue le Sahel avec leurs drones, leurs avions de chasse et leurs systèmes d’écoute perfectionné, même si la réalité mérite d’être nuancée.

Mais si les sahéliens demeurent  suspicieux  voire hostiles vis-à-vis de l’ancien colonisateur, il convient de dire  que  le jeu trouble de la France dans un passé très récent, n’a pas  contribué  à atténuer cette posture.

En effet, en  pleine opération Serval, les militaires Français évitent d’occuper la ville de Kidal qui est aux mains du MNLA. (mouvement national de libération de l’Azawak ), ce qui provoqua un vif émoi au sein de la population malienne

Cette attitude sera  confortée par  les propos sibyllins du ministre Français des Affaires étrangères monsieur Jean Yves le Drian. Dans une déclaration en janvier 2013 le chef de la diplomatie Française, avait déclaré « Mais les Touaregs sont nos amis ! Quand ils sont dans leur territoire au nord Mali, il importe de les respecter  »

D’autre part comment peut-on comprendre que Paris s’oppose résolument à des négociations entre les autorités maliennes et les djihadistes si telle  est la volonté des maliens ? Le droit de négocier est un droit souverain de l’Etat malien. Mieux, négocier n’est pas synonyme de  capitulation, mais  plutôt entendre l’autre, comprendre sa logique et explorer des voies de sorties ou d’atténuations de la crise.

L’opinion Malienne  voire sahélienne  aimerait bien savoir ce qu’en disent ces prétendus défenseurs de la religion islamique quand on leur opposera les exactions commises par leurs disciples  qui tuent indistinctement femmes, enfants, vieillards et civils tout court ,souvent en plein acte de dévotion  dans les mosquées.

Après tout,  faudrait-il se rappeler que durant la seconde guerre mondiale, alors que la France était occupée et que la bataille de la libération battait son plein,  officiers des pays alliés et  officiers nazis se retrouvaient fréquemment à Genève en Suisse pour des négociations.

Enfin la représentation d’une certaine arrogance des dirigeants Français ont aussi contribué à conforter l’image d’un pays néocolonial. La quasi convocation des chefs d’Etats du G5 Sahel à Pau par le président Macron  ou ses déclarations tonitruantes vis-à-vis du Mali et de son premier ministre ainsi que  son récent déplacement avorté au Mali en sont une illustration.

On comprend alors le comportement obsidional des sahéliens par rapport à la présence des troupes de  l’ancien colonisateur.

 Une perception antagonique entre les opinions publiques et les gouvernants

Si les opinions publiques sahéliennes sont dans une large proportion méfiantes vis à vis de l’intervention des troupes françaises au Sahel au point d’exiger leur départ, dans l’hexagone également le grand public s’insurge contre cette intervention. En effet, cette opinion accepte mal de voir des soldats Français ramenés au pays dans des cercueils pour une guerre dont les enjeux sont mal perçus.

On  retrouve cette similarité  également chez les gouvernants des deux entités qui détiennent la réalité du pouvoir. Les autorités Françaises sont persuadées de la nécessité de leur intervention au Sahel pour des raisons économiques et géostratégiques, tandis que les dirigeants Sahéliens, mieux aux faits  des réalités du terrain, saluent et apprécient à sa juste valeur  l’action des troupes Françaises aux côtés de leurs forces armées. C’est dans cette logique qu’il faut situer la phrase du premier ministre malien   à la tribune des nations unies. Choguel Maiga qui n’a visiblement pas une sympathie particulière pour Paris, avait  pourtant accusé la  France « d’abandonner le Mali en plein vol » suite à sa décision de  retirer  ses troupes de certaines localités du Mali.

De fait, une sorte de Dialogue de sourds s’est instaurée entre gouvernants et gouvernés : pour les uns, la gestion de l’Etat et la realpolitik commandent le soutien Français tandis que  pour les autres, la question est perçue comme une atteinte à la souveraineté de nos Etats  et se traduit   sous l’angle de la passion,  des principes et du rejet.

 Démêler cet écheveau embrouillé

En dépit de cette crise de confiance entre les populations sahéliennes et la France il faudrait  tenter de démêler l’écheveau dans leurs rapports.

  1. Pour beaucoup d’entre nous, il suffirait que la France intervienne militairement pour voir les djihadistes bouter hors de nos frontières. Mais c’est méconnaitre  les méandres de la guerre. En effet,  vouloir endiguer le phénomène de déstabilisation du Sahel avec 5.000 hommes pour un territoire vaste de 5 millions de KM2 est une véritable gageure. En comparaison, pour l’Afghanistan,  l’armée américaine  avait mobilisé 100.000 hommes, les pays occidentaux  000 hommes et l’armée Afghane 170.000 hommes .Pourtant, ces troupes  n’ont pu venir à bout des talibans durant 20 années de guerre sur un  territoire dont la superficie équivaut pratiquement à la  région d’Agades.

  2. La France dispose de drones et d’avions de chasse et des moyens d’écoute importants Cependant, il convient de savoir que pour bien mener certaines opérations, la France doit faire  appel aux américains  dont des moyens d’écoute et de surveillance plus performants .(50% des renseignements utilisés par les militaires français sur le terrain  sont fournis par les américains ).

  3. Penser que la France est en train de livrer des armes aux djihadistes pour nous combattre, n’est pas plausible. En effet, si tel est le cas, ces armes serviraient également à tuer des militaires Français sur le terrain. Il serait alors intéressant de voir l’attitude des familles françaises dont les enfants trouveraient la mort sur le champ de bataille. A coup sûr, des juridictions Françaises seront saisies et des mises en examen de membres du gouvernement interviendront. Bref,  cette éventualité d’une collusion avec les djihadistes nous parait  pour le moins invraisemblable.

  4. Comme partout ailleurs, l’intervention de la France au Sahel n’est ni neutre, ni désintéressée. Elle procède de raisons économiques et géostratégiques. Mais cette réalité suffit-elle à faire de ce pays  notre soufre douleur en raison de l’aggravation de la situation sécuritaire dans nos pays ?.
  5. La défense de nos territoires relève certes de l’autorité souveraine de nos Etats. Mais  face à l’insécurité, est-il raisonnable de nous passer de l’assistance aussi modeste soit-elle dans  au moment où des hommes sans foi ni loi tuent nos enfants, brulent nos écoles et enlèvent notre bétail ?

    Le président  Seyni kountché  dont le nationalisme ne fait l’ombre d’aucun doute avait l’habitude de dire que la sécurité n’a pas de prix. C’est sans doute pourquoi en son temps, il avait  autorisé l’armée américaine à construire une piste d’atterrissage à Dirkou dans les années 80  pour freiner les velléités expansionnistes du Colonel Kadhafi  qui, après l’occupation de la bande d’aouzou au Tchad  semblait jeter un regard intéressé sur le Niger.

  6. Malgré la présence de la force barkhane, le terrorisme persiste et s’étend au Sahel. Mais doit-on attribuer l’expansion du terrorisme et la dégradation de la sécurité uniquement à ceux que d’aucuns qualifient d’inefficacité de cette force ?

Une approche holistique dans l’analyse de cette situation nous parait nécessaire.

Interrogeons-nous sur les responsabilités de nos autorités civiles et militaires. Ont-ils toujours adopté les décisions adéquates dans la gestion de cette crise sécuritaire ?  En effet, si les gendarmes Burkinabés de Inata avaient été ravitaillés régulièrement peut être qu’il n’y aurait  pas eu le drame que nous avons connu au Burkina faso.

De même, on pourrait reprocher à la hiérarchie militaire nigérienne de ne pas suffisamment être  proactive  après l’attaque d’Inates. Cela aurait peut-être évité le drame de Chinagoder si on avait perçu plus tôt que les bases militaires classiques étaient vulnérables dans cette région isolée. La question de détournement de fonds alloués au ministère de la défense  constitue également un aspect sombre de la gestion des questions de sécurité par certains de nos gouvernants.

Le financement du terrorisme n’a-t-il pas contribué à renforcer l’implantation et la montée en puissance des groupes armés terroristes ?  En dehors de la constitution d’une économie criminelle basée sur de trafics en tout genre (or, drogue,  etc.), les enlèvements des occidentaux et les razzias du bétail,  on parle de plus en plus du financement de ces groupes   armés par un pays du Golfe voire même par des richissimes citoyens de ce pays.

Il faudrait aussi s’interroger sur  l’impact des informations que livrent certains de nos compatriotes à nos ennemis. Le drame de Banibangou au Niger et celui de Titao au Burkina sont là pour nous rappeler que ces suppôts des djihadistes sont à la base de nombreuses attaques sur le terrain.

Une des fragilités dans notre lutte contre les djihadistes, c’est  aussi de n’avoir pas réussi à entraver la mobilité des djihadistes sur le terrain.                                                                                    Par  quel mode opératoire et par quel circuit, avec quel complicité  se ravitaillent t-ils en plusieurs centaines de motos ? On se rappelle  il y a quelques mois  les douanes nigériennes avaient saisi à Ayérou un camion rempli de motos en pièces détachées en direction du Mali. De même au Burkina Faso, des contrebandiers avaient été arrêtés car soupçonnés de ravitailler les ennemis en carburant.

Enfin cette situation n’est telle pas aussi  due aux recrutements massifs que les groupes armés ont su opérer au sein de nos populations souvent sur des bases communautaires accroissant du coup leur force de frappe  avec des hommes qui ont la maitrise le terrain ?

Tous ces  questionnements méritent une analyse pour mieux appréhender la situation que vivent les pays du Sahel.

Repenser l’intervention militaire française au sahel

Les pays sahéliens semblent être aujourd’hui dans l’impasse. La crise sécuritaire s’aggrave de jour en jour au Mali, au Niger et au Burkina-Faso. Les opinions s’impatientent et portent un doigt accusateur sur la France dont la présence militaire est censée réduire l’expansion djihadiste à sa plus simple expression. La violence n’a pas reculé malgré les victoires tactiques remportées par Barkhane à travers l’élimination de plusieurs chefs djihadistes.

D’ores et déjà nous savons que l’essentiel des combats au sol est du fait des armées sahéliennes. Ce qui est réclamé de notre partenaire c’est la formation de nos soldats notamment celle de certaines unités en forces spéciales à même de faire face à cette guerre non conventionnelle.    

D’autre part, le temps que nos pays renforcent leur capacités sur le plan aérien et en matière de renseignement, l’appui Français ne sera pas de trop dans ce combat contre  cette horde sans foi ni loi.    

S’agissant du Mali, la France doit solder la question de soutien à l’irrédentisme touareg en clarifiant sa position en faveur d’un Etat malien unitaire,

Toutefois, si Paris veut véritablement convaincre, il  lui faudrait des résultats concrets, capables d’édifier les opinions,   doublée d’une communication soutenue. Si Banibangou  , Abala ou  Dori est attaqué par une horde de djihadistes venus à bord de plusieurs dizaines de motos, Barkhane n’a t-elle pas la capacité opérationnelle  avec ses moyens aériens de les empêcher de regagner sans coup férir leurs bases arrières au Mali ?                                                    Après tout, cette armée nous a déjà démontré qu’elle est rompue dans ce genre de manœuvres. A cet égard, la neutralisation  à quelques encablures de la frontière malienne des éléments d’Al qu’aida qui avaient enlevés  2 jeunes Français dans la ville de Niamey, en janvier 2011 est assez éloquente. En réalité c’est tout que les opinions attendent des soldats français.

Si la France réalisait de telles prouesses, ce  malgré   le ressentiment néo colonialiste  persistant au sein de nos populations tant il est si enraciné, les sahéliens lui  devront une fière chandelle.

En matière de communication, la force Barkhane doit régulièrement trouver un canal ou ses actions sur le terrain doivent être connues par un large public.

En attendant que l’Afrique se réveille et prenne conscience  de ce qu’une mobilisation générale contre le terrorisme et une solidarité agissante envers les pays sahéliens s’avère impérieux, il n’y a pas lieu de tomber  systématiquement dans la dénégation et les  croyances complotistes  .La contribution  de ce partenaire doit être considérée comme une valeur ajoutée dans la lutte contre le terrorisme quand bien même elle est intéressée.   Pour le reste,  faisons confiance à nos intellectuels, étudiants acteurs de la société civile et autres porteurs de voix dans  leur rôle de veille. Ils sauront rester vigilants et prêts à dénoncer ou combattre toute éventuelle attitude condescendante ou paternaliste  venant de ce partenaire.

Par Adamou Oumarou, journaliste consultant