Skip to main content

Campagne présidentielle 2021 / Oser s'affranchir des constats d' impossibilité pour explorer l'horizon du possible... : Par Elisabeth Sherif

La toile est devenue ces derniers jours, une vaste arène où s'affrontent ceux qui brandissent l'article 47 de la constitution d'un côté et ceux qui claironnent l'article 8 du code électoral de l'autre.  Les uns prévoient la disqualification du candidat investi par le parti au pouvoir, à travers l'alinéa 3 de l'article 47 et notamment le critère de la nationalité d'origine. Les autres agitent le spectre de l'inéligibilité du chef de file de l'opposition, qui serait visé par l'article 8 du code électoral, du fait d'avoir été condamné à 1 an de prison ferme.

La précampagne de la présidentielle 2021, semble ainsi vouloir faire la part belle aux juristes.   Et chacun y va de son interprétation. On multiplie les arguments et argumentations, autour des textes ayant pourtant les mêmes contenus.

Dans le processus, les profanes s'interrogent. Le plus dure n'étant plus de mieux comprendre les textes en question, mais de dresser la typologie des spécialistes en la matière. Quel serait l'éclairage crédible ? A qui accorder plus de crédit, les rigides ou les flexibles ? Les conservateurs ou les progressistes ? Dure, dure !

Plus dure encore, serait le fait de constater que certains s'appuient par moment sur des textes français pour étayer leur thèse.   Rien d'anormal, dirait-on. Le Niger étant une "ancienne" colonie française, les textes administratifs et juridiques sont calqués sur le modèle français. L'absurdité du procédé, réside surtout dans l'obstination à occulter l'évolution positive observée dans le contexte évoqué.

En effet, la question d'éligibilité des citoyens d'origine étrangère exposée dans la loi électorale française de 1962 a été modifiée en 1983, il y'a donc plus de 3 décennies déjà !  De même, la privation définitive des droits civiques à la suite de condamnation pour certains types de délits et crimes a été transformée en privation temporaire ( de 5ans maximum pour les délits et 10 ans pour les crimes)  en 1994, et en 2010, il a été laissé aux juges le soin de fixer la durée temporaire de privation des droits civique dans l'énoncé de la sentence, en vertu du principe d'individualisation des peines.

Doit-on ignorer les avancées enregistrées ailleurs, pour le simple besoin de faire de ces 2 articles des instruments d'exclusion, de disqualification et de règlements de compte ? L'avenir de ce pays, serait-il réductible aux candidatures des Sieurs Hama Amadou et Bazoum Mohamed ? Pourquoi donc se priver d'une réforme sereine et profonde des règles du jeu, juste parce que la démarche profiterait éventuellement à ces deux candidats ? Ne pourrait-on donc pas aller au-delà des constats d'impossibilité pour explorer les horizons du possible ?   

A la place de toutes ces interprétations  irréconciliables entre "doctrines" et "doctrinaires", il serait peut être fructueux de plutôt conjuguer les efforts, afin de concevoir, de façon ingénieuse, des normes innovantes, appropriées et à même de permettre la tenue d'élections libres, transparentes, inclusives, apaisées et apaisantes.

Vivement..

Par Elisabeth Sherif