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Réformes de l’éducation : Les acteurs appellent à la pérennisation du système de journée continue au primaire

En cette période de canicule, le Ministère de l’Education Nationale a adopté le 23 mars 2023, un système de journée continue dans les écoles du primaire. Cette réforme provisoire qui est déjà appliquée dans plusieurs écoles privées, constitue une bonne chose pour les enseignants, les apprenants et aussi les parents d’élèves. Dans le milieu des instituteurs, surtout les enseignantes, on plaide pour que cette mesure de descente unique soit institutionnalisée dans les écoles.

M. Abdou Yacouba, directeur du complexe scolaire privé Sophia Académie à Niamey, salue cette prise de décision qui vient harmoniser la fin des journées de classes non seulement avec les cycles supérieurs, mais aussi avec certaines écoles privées du cycle primaire qui l’ont déjà adoptée. Le proviseur de ce groupe scolaire abonde dans le même sens et estime que le système de journée continue est une bonne chose en soi car, il respecte l’enseignement et le chronogramme d’acquisition des programmes élaborés pour le système éducatif au Niger. L’essentiel dans l’enseignement «est que l’élève arrive à bien assimiler le programme», dit-il.

Ce système de descente unique a été expérimenté plusieurs fois dans les écoles publiques du cycle primaire au Niger. Il est pensé en prenant en compte les besoins fondamentaux des jeunes apprenants auxquels il est destiné. L’heure de la rentrée des classes reste inchangée, à 8h, et la descente unique se fait à 14 heures. Entre les deux extrémités, il y’a deux pauses de 30 minutes chacune à 10 h et midi. Le directeur de Sophia Académie relève que grâce à ces petites pauses, les jeunes apprenants ont fini par apprécier le système qu’ils trouvent facile à supporter.

Pour M. Mounkaila Ganda, président d’une association de parents d’élèves du 5ème arrondissement communal de Niamey, cette réforme est très avantageuse pour les élèves dans la mesure où elle leur permet de mieux assimiler les connaissances qui leur sont dispensées. «C’est peut-être parce que les enseignants ont plus de temps dans l’après-midi pour préparer leurs modules d’enseignements et que les élèves ont de leur part beaucoup plus de temps dans la journée pour réviser leurs cours», estime-t-il. Une combinaison qui renforce l’espoir d’un meilleur résultat scolaire pour les apprenants, ajoute-t-il.

De l’autre côté de la ville, sur la rive gauche du fleuve Niger, Mme Nassirou Djamila applaudit vivement la nouvelle réforme temporaire qui, dit-elle, a radicalement transformé positivement l’agenda de ses enfants inscrits au cycle primaire dans une école publique du quartier. «Ils apprennent mieux et vite», se réjouit-elle rappelant qu’avant la réforme, les enfants, loin de se soucier de la révision des cours de la journée, jettent leurs sacs au premier endroit trouvé dans la maison, car ils rentraient toujours en fin d’après-midi, peu de temps seulement avant le crépuscule. «Mais, avec une seule descente, ils sont obligés de suivre et réviser les cours», relate-t-elle avec un air rayonnant de bonheur de voir ses enfants accrochés à leurs cahiers et livres dans l’après-midi.

Des appels à pérenniser cette réforme du système éducatif

L’ensemble des acteurs impliqués dans le système éducatif, au cycle primaire de l’enseignement, appellent à maintenir cette réforme au-delà du mois de jeûne musulman. M. Abdou Yacouba, directeur du complexe scolaire Sophia Académie, insiste sur les bienfaits de maintenir et pérenniser l’instauration de la journée continue dans l’ensemble des écoles primaires du Niger, qu’elles soient publiques ou privées. «Cela bénéficiera non seulement aux élèves et leurs parents, mais également aux enseignants qui, il ne faudrait pas l’oublier, sont en même temps des enseignants et des parents à l’école et à la maison», souligne le directeur Abdou Yacouba.

Pour Mme Adamou Fati, directrice de l’école primaire de la cité Yassalam, au quartier Aéroport, la personne qui a eu l’idée de suggérer l’instauration de la journée continue au cycle primaire, même provisoirement, n’est rien d’autre qu’un «génie». Il est vrai que ce système, reconnaissent les intervenants, permet d’éloigner les enfants des maisons à l’heure où les parents sont au travail et permet à ces derniers, à l’heure  de la pause dans l’administration, de passer prendre leurs enfants et de vaquer tranquillement à leurs occupations après cette tâche parentale.

L’autre argument brandi par les parents, est surtout un gain important sur le transport, notamment pour les résidents des quartiers périphériques où les écoles sont parfois un peu distantes du domicile de certains élèves. Le système de journée continue permet aux parents d’élèves de faire un seul trajet aller-retour dans la journée, au lieu de deux fois ce trajet. Ce qui n’est pas pour déplaire aux enseignants aussi qui économisent sur les abonnements au transport. «Sur tous les plans, cette réforme a vraiment allégé nos peines», s’exclame encore la directrice de l’école primaire de la cité Yassalam.

Sur le plan purement académique et professionnel, Mme Adamou Fati énumèrent les améliorations que la journée continue dans les écoles primaires apportent, selon ses expériences et observations, pour les élèves et les enseignants. Ces derniers, surtout les femmes, utilisent les heures supplémentaires gagnées dans la journée pour mieux accomplir leurs tâches de préparation des leçons à dispenser aux élèves. En situation de classe, ajoute-t-elle, les enseignants sont détendus, plus à l’aise, et la réception est optimale au niveau des apprenants. «Fini, dit-elle, les soirées où il fallait travailler jusqu’au milieu de la nuit avant de terminer ses préparations de leçons».

Mme Adamou Fati de souligner par ailleurs que la journée continue permet aux élèves qui vivent éloignés du site de l’école, de rentrer tôt à la maison pour se reposer un peu, avant de réviser leurs cours de la journée. Il leur reste encore un peu de temps pour se détendre et ensuite se mettre tôt au lit pour un repos mérité. «Avec les deux descentes, il arrive que des élèves partent à la maison à la mi-journée et qu’ils ne reviennent plus à l’école dans l’après-midi», relate-t-elle tout en soulignant ainsi l’amélioration de la fréquentation des écoles par les enfants grâce au système de journée continue au cycle primaire.

Pour les différents acteurs concernés avec lesquels nous avons échangés, le souhait est de maintenir le système de travail actuel au-delà du mois de jeûne musulman. Elles s’en remettent toutes aux autorités pour approfondir les réflexions tendant à faire de cette réforme provisoire, une reforme permanente, à l’image de ce qui s’est passé dans le secondaire. «Cela afin de soulager les souffrances des enseignants et des élèves», concluent-ils.

Farida Ibrahim Assoumane(onep)

Source : http://lesahel.org/