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  «Le niveau, la conscience professionnelle et l’amour du métier doivent être privilégiés dans le recrutement des enseignants», conseille, M. Almoctar Issifi, animateur de l’émission "Le vieil instit"

 L’éducation des élèves était jadis l’un des facteurs les plus importants dans la vie sociale. Les parents et les enseignants faisaient de leur mieux pour assurer une éducation de qualité aux enfants à tous les niveaux. Cependant, ces dernières années, le niveau des élèves se dégrade de façon drastique. Et le phénomène affecte tous les cycles d’enseignement de l’école primaire jusqu’à l’Université. Qu’est-ce qui explique cette situation ? Chacun y va de son explication indexant les nouvelles réformes du système éducatif, la démission des parents, le manque de formation des enseignants, la dégradation des conditions de travail et d’apprentissage, etc.

Selon M. Almoctar Issifi, instituteur à la retraite et animateur de l’émission "le vieil instit" sur Télé Sahel, il faut voir d’abord l’enseignant. Car, ces dernières années, beaucoup des gens ne viennent pas dans l’enseignement par vocation ou pour l’amour du métier, mais juste par défaut (comme dit un adage : à défaut de sa mère on se contente de sa grand-mère). En plus, les enseignants auxquels on confie les élèves n’ont pas la formation requise, et la formation continue sur le terrain n’a pas suivi pour remédier aux problèmes. Il y a aussi les réformes qui ont transformé le système en un simple enseignement de masse. Les classes sont saturées, l’enseignant se retrouve avec une pléthore d’élèves (plus de 100). Certains n’arrivent pas à bien suivre les cours.

Cette recherche du rehaussement du taux de scolarisation a fait qu’il n’y a plus de rigueur pour le passage aux classes supérieures. L’essentiel, c’est d’atteindre le taux fixé de scolarisation. «La sélection que nous connaissons par le passé n’est plus de mise et finalement les élèves vont avec des tares depuis le primaire jusqu’à l’Université. Il y a même des étudiants qui ont un niveau de doctorat mais qui ne maitrisent pas convenablement la langue et ça se perçoit à la lecture de leurs thèses. C’est en fait ça qui a précipité le système éducatif dans une situation déplorable», estime M. Almoctar Issifi.

Autrefois, explique-t-il, c’est la société qui définit le programme qu’on confie à l’enseignant qui n’est qu’une personne qui doit exécuter le programme avec l’obligation d’atteindre cet objectif. Pour y remédier à cette dégradation du niveau, cet instituteur à la retraite préconise de ‘’toujours revenir à la source’’, c'est-à-dire au niveau l’enseignant, car aucun enfant ne met le pied à l’école pour échouer. «En principe, le maitre à qui on confie l’élève doit être à la hauteur et l’Etat doit le mettre dans les conditions de travail. Il faut s’assurer que l’enseignant est compétent, il faut faire régulièrement le suivi», estime M. Almoctar Issifi. Aussi, le matériel doit être mis à la disposition des enseignants pour que l’école nigérienne retrouve ses lettres de noblesse. Mettre les enseignants qu’il faut à la place qu’il faut. Il est du domaine régalien de l’Etat d’assurer l’éducation de qualité à ses concitoyens.

Pour illustrer le niveau de conscience des enseignants d’antan, M. Almoctar Issifi a raconté l’histoire d’un ancien enseignant qui amenait ses élèves pour le concours d’entrée en 6ème et l’examen du certificat d’étude primaire. Depuis le départ de l’école cet enseignant était soucieux, il passait en revue tout le programme qu’il a dispensé dans un silence parfait, à un certain niveau du trajet, il a demandé au chauffeur de s’arrêter parce qu’il s’est rappelé que quelque part il y a un aspect du programme qu’il n’a pas bien dispensé. Il a fait descendre les élèves du camion, a repris le chapitre et a fait des exercices et tous les élèves ont compris.

Il leur a demandé de remonter dans le camion et se mettre en route. «C’est ça la conscience professionnelle aigue et quand vous n’avez pas cette conscience professionnelle quoi qu’on vous met dans la main vous ne réussirez pas. C’est dire que le niveau, la conscience professionnelle et l’amour du métier doivent être privilégiés dans le recrutement des enseignants. Voilà ce qui peut régler cette situation dans laquelle se trouve notre système éducatif»,  résume M. Almoctar Issifi, instituteur à la retraite.

Aïchatou Hamma Wakasso(onep)