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Culture de rente à Magaria : Vivre de la canne à sucre

La canne à sucre se vend en gros et en détail. Il y a des revendeurs qui achètent auprès des producteurs pour aller revendre, et d’autres achètent avant même la récolte. Ces acheteurs négocient la production à l’état de montaison. La somme que les producteurs gagnent de cette vente leur permet d’achever la culture. Ils font ça parce qu’ils n’ont pas de moyens nécessaires pour supporter toutes les dépenses jusqu’à la récolte.

Mahamadou Moussa a quant à lui débuté la production de la canne à sucre depuis plus de 50 ans. Il a découvert cette activité alors qu’il était très jeune. A 65 ans, il continue à produire de la canne à sucre qui est un produit très prisé dans la région et au niveau du pays en général. Ce producteur travaille dans un champ d’environ deux hectares de superficie, mais faute de moyens, il ne peut pas exploiter la totalité de ses terres. Il est assisté dans ses activités par ses trois enfants. L’utilisation de l’engrais lui a permis d’améliorer son rendement. « Par le passé, lorsque je n’utilisais pas les engrais chimiques, la production était insignifiante, mais aujourd’hui, la différence est nette ; c’est vraiment une lueur d’espoir » confie-t-il. M. Mahamadou Moussa dit se procurer les engrais à Magaria ou au Nigéria voisin par manque de boutiques de vente au village. Le sac de 20 kg d’engrais est à 14.000FCFA et la mesure à 1.000F.

Par rapport aux équipements M. Mahamadou dit disposer de motopompes bien qu’elles soient vieillissantes. Il trime souvent pour faire fonctionner les motopompes, souvent en faisant appel au réparateur pour que les machines puissent démarrer. Parlant de l’appui de l’Etat ou de ses partenaires, il a dit avoir bénéficié de l’appui d’un projet depuis 5 ans. Pour ce qui est du transport de ses produits, il le fait aussi par les véhicules ou par les charrettes. Ce samedi, jour de marché, Mahamadou a amené une charrette contenant 10 fagots. Ce qui lui permettra de gagner 15.000 FCFA, car le fagot se vend 1.500 FCFA. « Maintenant je m’appuie beaucoup sur la culture de la canne à sucre parce que le mil ne donne plus comme avant » dit-il avant d’ajouter que depuis quelques années, il met aussi l’accent sur la culture du sésame qu’il vend pour ensuite acheter du mil. M. Mahamadou confie que le sésame coûte plus cher que le mil, et cette culture donne plus maintenant que le mil.

En effet, le prix varie selon la saison. La mesure du sésame peut être vendue à 1.000FCFA, 1.500 FCFA voire 2.000FCFA. A côté de la canne, M. Mahamadou produit aussi de la tomate, de la laitue, de l’oignon, de la courge, du riz, de la patate douce. Il vient à Magaria pour écouler ses produits. Pendant la période d’oignon, il vend le sac à 4.000FCFA afin de payer les dettes qu’il a contractées auprès de ses proches pour boucler la saison. Il vend la grande tasse tomate entre 1.500FCFA et 2.000 FCFA. Actuellement, la mesure du sésame se vend à 1.250FCFA, tandis que celle du mil est à 500FCFA. Ajoutons que l’utilisation des engrais se fait au moins deux fois pour la canne à sucre, à savoir lors de la plantation et pendant la saison des pluies. Pour ceux qui ont les moyens, ils utilisent plus de deux fois les engrais. En dépit de toutes ces contraintes Mahamadou Moussa se dit satisfait de sa production, car dit-il, « j’engrange des bénéfices à l’issue de la récolte ».

Laouali Souleymane Envoyé spécial(onep)

10 janvier 2019
Source : http://lesahel.org