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Niger - Développement à Boboye : femmes rurales, riziculture et paix durable

chef descadron amadou boubacar kader prefet du departement de boboyeChef d’Escadron Amadou Boubacar Kader, Préfet du département de Boboye Dans une interview exclusive accordée au quotidien national Le Sahel, le Chef d’Escadron Amadou Boubacar Kader, Préfet du département de Boboye, dresse un bilan lucide et expose une stratégie pour transformer cette portion de la région de Dosso en véritable pôle de stabilité et de prospérité. Il met en lumière la priorité accordée à la cohésion sociale, le défi des infrastructures vieillissantes et l’immense potentiel agricole que porte l’engagement des femmes rurales.

Un territoire fertile en quête d’équilibre
S’étendant sur 4 794 km² et abritant près de 373 000 habitants, Boboye se distingue par la nappe peu profonde du Dallol Bosso, un couloir hydrographique qui ouvre des perspectives uniques en matière de riziculture et de maraîchage hors saison. Le département compte huit communes – sept rurales et une urbaine – réparties sur trois cantons. L’économie locale repose principalement sur l’agriculture, l’élevage, le petit commerce et l’extraction de natron.

À son arrivée en septembre 2023, l’autorité préfectorale constate un tissu social fracturé : rivalités coutumières, litiges récurrents entre éleveurs et agriculteurs et prolifération de trafics sur les « couloirs de fraude ». Constatant que la paix conditionne tout développement, l’administration organise immédiatement des tournées dans chaque commune pour instaurer des espaces de dialogue réunissant maires, chefs traditionnels, forces de défense et représentants communautaires. Cette démarche, appuyée par la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix, permet de réduire significativement les tensions et de restaurer la confiance entre populations et FDS.

Infrastructures : un retard criant à combler
Malgré cette dynamique positive, le département souffre d’un déficit structurel : la plupart des bâtiments administratifs et des équipements sociaux datent de l’ère Kountché. La maison des jeunes est décrite comme « archaïque » et le réseau routier reste insuffisant. L’exécutif local plaide auprès de partenaires techniques et financiers pour réhabiliter ces infrastructures, convaincu que la proximité avec Niamey ne doit plus être synonyme de mise à l’écart des investissements publics.

Sécurité alimentaire : de l’assistance à la production
Le Boboye fait face à une pluviométrie capricieuse et au lessivage des sols, facteurs de vulnérabilité alimentaire. Les ménages les plus fragiles ont récemment bénéficié de quatre opérations de vente de céréales à prix modéré ainsi que de distributions gratuites de vivres. Pour autant, la préfecture souhaite dépasser la logique d’assistance : l’ambition est d’accroître la production locale grâce aux cultures irriguées de contre-saison et à l’amélioration des rendements.

Symbole de cette transition, le PIDAGRES-JeF déploie un périmètre agrobusiness de 100 ha à Bossadjé, dans la commune de Birni’n Gaouré, avec l’appui du PNUD. Cette plateforme vise à sécuriser l’approvisionnement céréa­lier de la région de Dosso et, à terme, du Niger.

Les femmes, actrices centrales du renouveau économique
Partout, des marchés hebdomadaires aux champs riverains, les femmes dominent désormais les chaînes de valeur maraîchère : oignons, tomates, poivrons ou aubergines alimentent les étals grâce à leur savoir-faire. Certaines se lancent aussi dans l’embouche bovine, rompant avec les stéréotypes. Cette implication compense l’exode masculin et soutient la sécurité alimentaire des ménages.

Pour accompagner ce dynamisme, la préfecture favorise l’accès aux engrais, au micro-financement et à la formation, tout en relayant auprès des ONG et des ministères les besoins spécifiques de ces entrepreneures rurales. La conviction est claire : avec une nappe phréatique accessible et une main-d’œuvre féminine déterminée, Boboye peut nourrir une large frange du pays.

Trois leviers pour accélérer la transformation

  • Paix durable : pérenniser les cadres de médiation communautaire et renforcer la présence sécuritaire dans les zones sensibles.
  • Productivité agricole : intensifier l’irrigation, diversifier les spéculations et structurer les chaînes de valeur locales.
  • Partenariats structurants : mobiliser l’État, les ONG et le secteur privé autour de projets intégrés (réhabilitation d’infrastructures, agro-transformation, entrepreneuriat féminin).

En ligne de mire : la résilience
L’administration départementale considère que la fertilité naturelle du Dallol, combinée à la cohésion sociale retrouvée et à l’esprit d’initiative des femmes, offre à Boboye l’opportunité d’un développement inclusif. Reste à concrétiser les chantiers d’infrastructures : condition indispensable pour convertir la production agricole en prospérité partagée et consolider durablement la paix dans cette zone stratégique de la région de Dosso.

Rédaction : Aïssa (Nigerdiaspora)