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L’air du temps : Les producteurs pris dans les griffes des spéculateurs véreux

En cette période de sortie d’une campagne agricole quelque peu frileuse, partout au  Niger, l’heure est à la mobilisation générale sur les périmètres maraichers et dans les jardins. Aussi, le voyageur qui parcourt le pays ne manquera pas de saluer l’enthousiasme des bras valides déployés sur les périmètres et de s’émerveiller devant la beauté du paysage verdoyant dessiné par les feuillages des plantes dans les jardins et du luxuriant tapis végétal meublant le sol, par endroits, avec des plants de salade, pomme de terre, pastèque, chou, tomate, oignon, etc.

Ceci pour dire que, de nos jours, s’il y a un domaine où le Niger est en passe de relever le défi, c’est sans doute sur le terrain de la production agricole. En effet, pendant des décennies, l’Etat s’activait à faire booster la productivité agricole en incitant les agriculteurs à produire au maximum afin d’inonder le marché de toutes sortes de produits et denrées agricoles.

Aujourd’hui, nous-y voilà ! Ou en tout cas presque… L’appel pour le retour vers la terre semble avoir été bien entendu, et les Nigériens qui ont désormais compris que ‘’la terre ne ment jamais’’ se sont tournés, en force et massivement, vers le jardinage et la pratique des cultures maraichères. Tant et si bien que de nos jours, pour trouver un lopin de terre emblavé pour y ériger un jardin, il vous faudra être dans la faveur des propriétaires terriens, sinon débourser de gros sous. Sur le plan de l’accroissement de la production, le résultat se passe de tout commentaire. D’aucuns parlent même de surproduction…

Mais il y a encore problème ! Car, il se trouve malheureusement que les producteurs n’arrivent pas tirer le meilleur profit des retombées de leur labeur. D’abord, sur toute la chaine de production, ils doivent crouler sous le marteau des ‘’intermédiaires’’ qui plombent les circuits normaux de commercialisation des intrants agricoles, d’une part en leur empêchant d’accéder directement aux aides et aux facilités accordées par l’Etat et les partenaires, d’autre part en montant la surenchère, avec souvent des pénuries provoquées, comme c’est le cas actuellement avec les semences de pomme de terre et les engrais devenus inaccessibles pour les producteurs moyens.  Ensuite, au niveau de la filière de commercialisation des produits maraichers, les spéculateurs véreux aux dents longues inondent le terrain pour imposer des prix dérisoires aux producteurs ruraux. Les choses sont telles qu’en fin de compte, les vrais bénéficiaires ce ne sont pas les vrais producteurs ayant retroussé leurs manches pour trimer dans les jardins et sur les périmètres, mais plutôt les spéculateurs ‘’masu son banza’’ qui, eux, s’en mettent plein les poches !

Franchement, pour aller de l’avant dans le combat pour l’autosuffisance alimentaire, l’Etat et ses services compétents doivent mettre fin à cette injustice faite aux producteurs en les remettant dans leur rôle de vrais bénéficiaires. Comme dit le proverbe Zarma, ‘’ima tchéka doungouro ra, ama yandi fa’’…

Assane Soumana(onep)

Source : http://www.lesahel.org