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L’air du temps : Après le labeur, la joie au village

A ce stade de la campagne agricole où les denrées générées par les cultures commencent à bouillir dans les marmites ou à frire dans les braises ardentes des âtres, il fait sensiblement bon vivre au village. Pour les cultivateurs ayant trimé sous les dards du soleil et à grosses gouttes de sueur, l’heure est enfin venue de savourer les délices de toutes sortes de légumes, d’épis de mil et de maïs, de gousses de haricot et d’arachide et autres fruits tirés des travaux champêtres. Et c’est parti pour une bonne période de bombance et de divertissement pour la frange des jeunes.

Pour ces derniers, c’est la saison des grandes réjouissances de mariage et autres manifestations culturelles et sportives. La solidarité et l’hospitalité africaines sont à leurs plus beaux jours. Et surtout, c’est le moment du boom et du grand divertissement. Le soir, la place publique du village retrouve toute son intensité en termes d’animation. Des randonnées inter-village sont organisées à longueur des journées et cela pendant des semaines. Les jeunes affluent de tous les villages voisins, pour des soirées de détente au cours desquelles on rivalise de talent en chant et en danse.

Jadis, ces soirées culturelles étaient agrémentées par des compétitions de chants et de danse aux rythmes des sons du terroir. C’était l’époque des chaudes nuits d’escapade au cœur de l’ambiance, avec des filles et des garçons chantant et dansant à la place publique du village, et des attroupements des jeunes prétendants rôdant autour, à la recherche de l’âme sœur.

Les jours du marché, la fête était plus grandiose avec des soirées chaudes agrémentées aux rythmes du ‘’dondon’’ et du ‘’kountché-harey’’ résonnant du Boboye au Zigui,  du ‘’bitti-harey’’ dans le Zarmaganda, de l’agaïta et du ganga dans le Manga, du ‘’douma’’ dans le Gobir-Katsina, du goumbé dans la région du fleuve,  du tendé et de l’akazam dans l’Ader et l’Aïr, etc.

Hélas, ce n’est plus le cas ! Dans la plupart de nos contrées, la musique moderne a fini par supplanter nos rythmes authentiques du terroir. Et en lieu et place des soirées enchantées aux rythmes authentiques des tambours traditionnels, ce sont les fameuses caisses à musique dénommées ‘’boomers’’ qui se déploient pour inonder tout le voisinage d’une cacophonie de sons électriques accompagnés de pas de danse endiablés. Ainsi, va la vie au village en ces instants de récoltes dénués de grands soucis.  

Assane Soumana(onep)

Source : http://www.lesahel.org