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L’air du temps : La guerre, sur les champs de bataille médiatique…

Information, désinformation, propagande, mensonge, guerre d'influence, censure, manipulation… Bienvenue sur le front médiatique ! Toute guerre, il est vrai, se double aussi d'une bataille pour contrôler l'opinion publique. Une réalité qui fait du monde des médias un autre champ de bataille. C’est le cas, depuis quelques jours, dans cette guerre opposant la Russie et l’Ukraine couverte, 24 heures sur 24, par les médias, notamment européens. Mais difficilement, et souvent, au mépris des règles du métier basées sur le professionnalisme à toute épreuve et le respect du principe de l’objectivité.

Et les observateurs avertis ont pu mesurer le degré d’engagement dans les ‘’combats’’ de nombre d’hommes de médias mobilisés sur le terrain, mais surtout sur les plateaux des chaines de télévision. Aussi bien des envoyés spéciaux, censés donner des informations fraiches et précises sur les réalités des faits, que certains experts et spécialistes invités pour expliquer et éclaircir les faits majeurs, glissent et s’embourbent dans la pure (voire, pire !) propagande, à travers des prises de position à ciel ouvert.

Mais il faut comprendre que, dans un tel contexte dominé par l’atmosphère torride de l’escalade de la colère, le travail est forcément plus difficile pour tous les journalistes qui naviguent désormais en eaux troubles. En vérité, c’est une lourde chape de plomb qui s’abat sur ceux-là qui, parce que investis de la mission d’informer, sont des potentiels influenceurs de l’opinion publique. A partir de là, les médias ne sauraient guère échapper au piège du ‘’pour quel camp tu roules ?’’. 

De ce fait, aussi bien en Russie que dans le camp d’en face, en Ukraine et en Europe, le travail des hommes de médias n’a plus rien d’une sinécure, car la moindre voix discordante appelle une  réaction, voire la répression. En Russie, le tout puissant régulateur des médias, le Roskomnadzor, érigé pour la circonstance en un vrai “ministère de la Vérité’’, n’a pas tardé à interdire l’utilisation de mots tels que “guerre”, “attaque” ou “invasion”, par les médias dans la couverture du conflit. Dans la même foulée, l'accès à la chaîne de télévision en ligne ‘’Dojd ‘’ et à la radio ‘’Echo de Moscou’’, toutes deux indépendantes, a été carrément bloqué.

Idem du côté européen où les fondements de la liberté et de la libre expression ont pris quelques coups de… fissures ! La chaine télévision RT France a aussitôt fait les frais après avoir ouvert ses micros à un invité qui estimait que ‘’la provocation vient de l’OTAN et de l’armée ukrainienne », et à un autre qui a renvoyé la faute aux Etats-Unis qu’il accuse de tout faire pour ‘’empêcher un partenariat fiable avec la Russie’’. Il n’en a pas fallu plus pour que RT France, ainsi que plusieurs autres médias indexés comme étant d’obédience pro-russe, soient et totalement réduits au silence.

Toujours est-il que, comme l’a souligné Pr. Arnaud Mercier de l'Université Paul Verlaine de Metz, à propos des liens entre les guerres et les médias, c’est à prendre ou à laisser: soit les médias sont engagés dans les conflits comme cible, et on fait la guerre aux médias,  soit ils sont engagés comme auxiliaires, et on fait la guerre grâce aux médias.

Assane Soumana(onep)