Skip to main content

Redéploiement de Barkhane et Takuba au Niger : Macron a décidé, Bazoum et Massaoudou ont entériné

Le doute n’est plus. Notre pays sera la destination première de la force française Barkhane et la force européenne Takuba qui ont été priées de quitter sans délai le territoire malien par la junte militaire au pouvoir à Bamako. Le colonel Goïta Assimi et ses camarades ont pris cette décision devant la forte pression exercée sur eux par Paris avec le soutien actif de la CEDEAO pour les contraindre à céder rapidement le pouvoir aux civils. L’expulsion récente de l’ambassadeur français à Bamako a constitué un signal fort lancé par la junte malienne pour signifier à Paris son exacerbation vis-à-vis de son attitude outrageante. Le vase a débordé avec les sorties médiatiques répétées ces derniers temps des autorités françaises (le président Macron Emmanuel, le ministre des affaires Etrangères Jean-Yves Le Drian et la ministre des armées Florence Parly) pour tenter de diaboliser davantage Goïta et ses collègues. Forte du soutien du peuple malien, la junte a alors franchi le pas, en demandant aux forces Barkhane et Takuba de plier illico-presto bagages, de quitter le territoire malien. Pour aller où quand on sait que Barkhane, à elle seule, compte plus de 5000 soldats au Sahel dont l’essentiel est concentré au Mali ? La solution alternative n’a pas été difficile à trouver par le président Macron ; le Niger est à côté avec à sa tête des autorités dociles, malléables et corvéables à souhait. Les deux forces militaires étrangères chassées du Mali sont les bienvenues sur notre territoire, conformément à la volonté du président Macron, qui l’a officiellement annoncé la à l’occasion du sommet Union européenne (UE) Union africaine (UA) tenu la semaine dernière à Bruxelles. S’il a pu faire pareille révélation avec une sérénité déconcertante, c’est parce qu’il a eu l’assurance d’un président Bazoum en amont. Ce dernier et de son ministre des affaires étrangères sont sortis à leur tour entériner la volonté de Macron. Ils l’ont fait savoir ouvertement, à l’occasion du sommet Union européenne (UE)-Afrique qui vient de s’achever à Bruxelles, la capitale belge, à travers des entretiens qu’ils ont accordés à des médias occidentaux. Massaoudou s’est exprimé sur le sujet sur France 24 tandis que le président Bazoum a choisi de le faire dans les colonnes d’un journal, le Figaro, pour ne pas le citer. Tous deux n’ont pas manqué de qualifier d’insensée la décision de la junte militaire malienne pour marquer leur approbation par rapport au redéploiement de Barkhane et de Takuba dans notre pays. Massaoudou personnellement, comme à son habitude, s’est permis de justifier la nécessité d’accueillir les deux forces occidentales sur notre territoire sur un ton méprisant vis-à-vis des Nigériens hostiles à cette décision. ‘’Il nous faut un cordon sécuritaire’’ le long de la frontière avec le Mali pour constituer une force tampon permettant de contrer la progression des djihadistes qui ont commencé à s’en prendre désormais à certains pays du golfe de Guinée comme le Bénin.

A en croire le ministre Massaoudou, il s’agit donc d’un enjeu vital pour l’intégrité de nos pays car nos armées nationales ne pourraient pas contenir seules les groupes terroristes si d’aventure Barkhane et Takuba se retiraient définitivement du Sahel. Une telle perception de la gestion de la crise sécuritaire à laquelle nous sommes confrontées ces dernières années est inadmissible de la part d’un ministre des Affaires étrangères.

A quoi servent alors nos armées, qui connaissent le terrain mieux que ces soldats occidentaux qui ne sont pas là dans nos pays pour nos beaux yeux ?

En dix ans de présence au Sahel, les résultats qu’ils ont obtenus sont en tout cas décevants. Les groupes terroristes continuent à sévir drastiquement dans les pays de trois frontières. Malgré la présence de Barkhane, Takuba, Munisma, etc., au Mali. En quoi leur redéploiement au Niger avec leurs drones, avions de chasse et autres armes sophistiquées pourrait- il permettre de stabiliser la région sahélienne ? Ce que la France n’a pas pu réussir en dix ans de présence au Mali, l’épicentre de la crise sécuritaire au Sahel, il n’est pas évident qu’elle parvienne à le faire au Niger. Bazoum a accepté, son ministre des Affaires étrangères aussi, c’est acté à partir du moment où le président Macron a décidé que les forces occidentales chassées du Mali vont défaire leurs paquetages au Niger. L’Assemblée nationale va juste entériner. La souveraineté nationale, c’est la volonté des princes au pouvoir. Le peuple n’a pas son mot à placer dans le débat à partir du moment où ses soi-disant représentants siègent à l’Assemblée nationale pour décider à sa place. Même quand il s’agit de questions aussi graves comme la renonciation à la souveraineté nationale. C’est ça la démocratie nigérienne sous ce règne des renaissants. Elle se résume aux élections, l’expression des suffrages du peuple qui doit se mettre de côté pour regarder des dirigeants souvent mal élus, agir à leur guise, sans aucune possibilité de contestation.

Tawèye