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L’air du temps : Ces jeunes qui se shootent…

Ces dernières années, le Niger a toujours su conserver sa place de ‘’bon dernier’’ dans le classement OMS des pays d’Afrique à haute consommation d’alcool. A priori, pour un pays à forte dominance musulmane comme le nôtre, la nouvelle est plutôt réconfortante. Mais, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Car, cette faible densité d’ivrognes et autres patentés adeptes de Bacchus, révèle malheureusement une autre réalité plus grave : les ravages des produits stupéfiants chez les jeunes dans nos villes et villages ! Un tel phénomène, vous-en convenez, mérite une grande attention. Car, comparé aux produits stupéfiants et psychotropes, les boissons alcoolisées sont plutôt avenantes. Les drogues, ça ruine l’âme et met l’esprit en orbite sur une mystérieuse planète : l’univers de la folie et de la violence gratuite. 

La réalité est là, à force de se shooter de toutes sortes de drogues, nombre de nos jeunes à la fleur de l’âge ne sont plus que des épaves humaines ambulantes. Dans certains quartiers de Niamey, les signes de ce phénomène sont perceptibles à tout bout de champ, avec des jeunes complètement ‘’givrés’’ qui jonchent les rues.

Vivant en marge de la société, ces derniers se shootent à la paille (une autre appellation du chanvre indien dans le milieu des accros). Ça, c’est pour les plus défoncés…S’y ajoute aussi la grande masse des consommateurs de l’ombre. Et de nos jours, en plus des gares et des places des marchés, la consommation de la drogue n’épargne plus les milieux scolaires où des jeunes arrivent (on ne sait comment) à s’approvisionner en produits stupéfiants. Et, l’effet du mimétisme faisant le sale boulot, de plus en plus de jeunes scolaires se laissent entrainer dans la consommation de la drogue. D’où d’ailleurs cette montée fulgurante des crimes et autres actes de violence observée, ces dernières années, dans nos centres urbains.

La situation est encore pire dans nos villages et hameaux. Là, chanvre indien, Tramol et autres comprimés aux noms assez évocateurs, tout passe !... Consommés quotidiennement à coups de plaquettes entières, ces produits disposent aujourd’hui de leur petit monde de consommateurs invétérés et de dérèglés ! Il semble même que, dans nos villages, ces drogues sont en passe de devenir le véritable ‘’ carburant’’ pour les paysans pour affronter les rudes travaux champêtres. Même les femmes ne sont pas épargnées par le fléau. Comme pour être sur la même longueur d’onde que les hommes pétillants de force face à la hilaire et à la daba, elles aussi se ‘’carburent’’ aux comprimés pour expédier les pénibles travaux ménagers.

Voilà un domaine dans lequel les autorités compétentes doivent redoubler d’efforts pour endiguer cette descente aux enfers des jeunes. Il y va du sort de notre société toute entière qui n’a pas envie de se ‘’zombiser’’ au fil des années. 

Assane Soumana(onep)

25 juin 2021
Source : http://www.lesahel.org/