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L'air du temps : Tsunami sur les rives du fleuve Niger

Nogaré, Lamordé, Zarmagandeye, Karadjé, Nordiré, Gaweye, EMIG, CHU, AGHRYMET. Bref, presque tous les quartiers de Harobanda, sur la rive droite du fleuve Niger. De l’autre côté, à la rive gauche, Saga, Liboré, N’Dounga et plusieurs villages riverains, auxquels il faut ajouter ces grandes étendues de rizières qui prospéraient sur les deux rives du fleuve Niger. Toutes ces zones d’habitations, institutions universitaires et périmètres des aménagements hydro-agricoles, brusquement engloutis par des eaux dégoulinant de toutes parts! Et vous parlez d’inondations… Non, c’est un véritable tsunami qui s’est abattu sur les rives du fleuve Niger.

Il est vrai que depuis le mois de juillet où a été déclenchée l’alerte rouge, le combat contre l’avancée des eaux a été acharnée : des monticules de sacs bourrés de sable dressés en guise de protection de fortune, des chargements de latérite déversés pour ériger des barricades, des tractopelles et autres gros engins mobilisés pour endiguer les eaux rebelles, etc.   Mais, il y a eu cette pluie torrentielle qui s’est abattue sur Niamey et la région du fleuve, dans la nuit du 05 au 06 septembre 2020. Ce fut la goutte d’eau de plus qui fit déborder le vase ! Dès le lendemain matin, des images stupéfiantes filmées au niveau des deux points de rupture de la digue de protection sise à la hauteur de Lamordé, avec des tonnes d’eau dégoulinant du fleuve pour se déverser en direction des habitations, commencèrent à faire le buzz sur les réseaux. En peu de temps qu’il n’en fallait, Lamordé, Karadjé, Nordiré, et autres quartiers voisins furent littéralement submergés.

Mais la descente aux enfers ne faisait que commencer. Car dès le lendemain, d’autres images du genre, mais encore plus frémissantes, nous sont venues de Saga et de N’Dounga, sur l’autre rive du fleuve, où les digues ont cédé sous la pression des eaux à un moment où le niveau de la cote a grimpé jusqu’à 690 cm, pour une cote d’alerte rouge fixée à 620 cm. Après cette succession de ruptures des digues censées séquestrer les eaux du fleuve dans leur lit habituel, le cataclysme était imparable. En l’espace de 24 heures, le monde a basculé sur les rives du ‘’gentil’’ Djoliba qui, jusque-là, affichait la mine merveilleuse d’un… long fleuve tranquille ! Et, comme pour témoigner de leur férocité, les eaux qui étaient toujours claires et limpides, ont viré au rouge et à l’opaque.

Aujourd’hui, que d’interrogations ! Pour les causes, on les connait : les pluies torrentielles enregistrées cette année et le phénomène de l’ensablement du fleuve sont les principaux ingrédients de ce cocktail explosif. Dans tous les cas, nous sommes désormais assez avertis sur le fait que la guerre entre l’homme et la nature (dont parlait tout récemment le Président de la République) est désormais ouverte. Et comme l’a prouvé le fleuve dans ce face-à-face, force reste toujours à la nature. Sans coup férir, le fleuve a gagné la bataille. Mais on peut lui reprocher de s’en être pris à ses proches riverains qui lui ont toujours voué fidélité et sympathie. A moins qu’il ne leur reproche d’être auteurs ou complices du mal endémique dont il souffre atrocement : celui de l’ensablement avancé.

Assane Soumana(onep)

11 septembre 2020

Source : http://www.lesahel.org/