Anty Sukabé, sur les traces de son mentor…
Dans ses démembrements, le groupement GACEA a toute une section pour les enfants depuis 2005. Ils ont eux aussi un palmarès à couper le souffle. En 2006 déjà, à sa première participation au festival dédié aux enfants jeunes talents dénommé Sukabé, le groupe des garçons de 12 ans a raflé le 2ème prix en danse traditionnelle. Et ce n’était que le début, car Sukabé Tahoua tient le succès de l’ADN du groupement, et ne rentre pas d’une compétition sans le moindre prix, soit en danse, en sketch ou les deux, jusqu’à la suspension de la compétition.
Parmi ces enfants, une vedette cristallise l’admiration du public de Tahoua, en particulier. A travers la ville, on associe son nom d’artiste à celui du concours. Assoumane Sadi Abdoul Bassirou dit Anty Sukabé, il est aujourd’hui âgé de 29 ans et étudiant en deuxième année des sciences de l’éducation à l’université Djibo Hamani de Tahoua. « En classe de 6ème, nous n’étions que des danseurs du quartier pour un publique limité aux amis de la fada. Nous avons appris qu’il pourrait nous encadrer. Nous l’avons trouvé à la MJC, en pleine répétition. Dans la même année, il nous a amenés au festival Sukabé de Dosso. Tout est parti de là », se souvient l’artiste. «Sukabé de Tahoua, existe aujourd’hui en deux groupes, il y’a les juniors (moins de 15 ans) et nous les séniors. Nous sommes au nombre de 12, dont 6 filles », précise Anty Sukabé.
Il faut souligner que les membres de toutes les composantes du GACEA sont dans plusieurs disciplines (danse, chant, sketck, conte) et participent au besoin aux caravanes du groupement. « Beaucoup de gens pensent que nos activités culturelles nous empêcheraient d’étudier. Bien au contraire, Alhamdoulillahi, moi personnellement, si je me réalise, j’étudie c’est d’une part grâce à cette culture, ‘’taba kiddi, taba karatou’’, comme disent les haoussas», assène-t-il.
Selon Anty Sukabé, la compétition du festival des enfants est suspendue depuis quelques années. « Maintenant ce n’est que l’animation », dit-t-il. Mais pour maintenir le cap de la compétitivité, Tahoua organise son concours chaque année depuis 2015. Le mini festival appelé Wassa Sukabé a été également suspendu avec la pandémie de Covid 19 après la 5ème édition en 2019. Il a été par la suite relancé en 2023 avec innovation, en s’ouvrant au-delà du cercle des membres du GACEA, à tous les jeunes amateurs de danse de la région de Tahoua, sous le concept de Scool Batle Dance. « Nous l’avons commencé le 9 février pour finir le 11 mars, avec la participation de 20 écoles de la place. Il y’a eu d’abord une phase éliminatoire. Mais nous n’avons eu que l’accompagnement du président du conseil régional de la jeunesse et de notre mentor Masta », explique le promoteur.
« Ader Dance Club » ou la pépinière de Sukabé de Tahoua
A l’issue d’une formation en entrepreneuriat culturel, par la fondation italienne «Terre des Hommes», Anty Sukabé a vu son projet d’ouvrir un centre de danse bénéficier de financement. « Moi, mon entreprise, c’est Ader Dance Club. J’apprends la danse aux plus jeunes. J’ai actuellement 30 inscrits, dont une dizaine de filles », indique le promoteur. L’étudiant en sciences de l’éducation, grand chorégraphe, Anty Sukabé donne les cours de danse gratuitement, en deux séances par semaine. Seule, l’inscription se fait moyennant une somme forfaitaire. Son modèle économique repose sur des prestations de location de sonorisation complète et ou d’animation pour les cérémonies. « Pour les mariages, nous encadrons les jeunes marié(es) en danse de cocktail. S’ils veulent que nous leur fassions garçons d’honneurs dansant, nous le faisons aussi ». L’entreprise a son siège au quartier Sabon Gari et est enregistrée au registre de commerce RCCM. « Pour l’ONG qui nous a financé, l’objectif c’est d’occuper la jeunesse désœuvrée, la contenir contre l’extrémisme et la migration, et de permettre à ceux et celles qui aiment la culture, d’aiguiser leurs talents. Les plus talentueux, je les intègre dans notre groupe Sukabé », souligne Anty Sukabé. Il précise que, entre son centre et Sukabé, GACEA est la maison mère. « Sukabé est né du groupement, de même que Ader Dance Club. GACEA, c’est un tronc d’arbre avec des branches», explique Anty qui ne nie pas l’indépendance de son entreprise culturelle.
A travers son mini festival, tout comme dans sa carrière, Anty privilégie son point fort, la danse traditionnelle. « Notre tradition, c’est ce que nous avons à montrer aux autres. Notre souhait, c’est d’avoir l’accompagnement et l’opportunité de pouvoir exprimer loin les talents de notre jeunesse, partout », lance le danseur et comédien Anty Sukabé. Il estime qu’à travers la culture, la jeunesse participe à la cohésion sociale, à l’unité et à la paix.
Par Ismaël Chékaré, ONEP-Tahoua
Source : http://www.lesahel.org