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La Zone de Libre Echange Continentale Africaine : Vers un marché commun africain

Le contexte des négociations de la ZLECAF

Le constat sur les relations commerciales intra et extra africaines est ahurissant. Il est plus facile pour les pays africains de commercer avec l’Union Européenne, la Chine, l’Inde qu’avec d’autres pays africains. Le contexte international reste marqué par les impasses dans les négociations commerciales multilatérales : impasse du Cycle de Doha, résultats mitigés de la CM11, guerre commerciales, Méga-Accords : les grandes puissances commerciales ont engagé des négociations hors du cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Par ailleurs, l’Afrique avec ses 55 pays est un marché fort fragmenté et les frontières constituent des barrières au commerce et des difficultés en matière d’investissements avec des réglementations nationales multiples et diverses. Les négociations ont été minutieusement menées en deux phases. Dans un premier temps, elles concernaient le commerce des marchandises, le commerce des services et le règlement des différends. Tandis que la seconde phase des négociations porte sur la politique de la concurrence, l’investissement et la propriété intellectuelle.

Sur les différents rapports présentés par S.E Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l’Etat, Champion du Processus de la ZLECAF, il ressort les résultats ci-après : L’accord portant création de la ZLECAF ; le Protocole sur le Commerce des marchandises ; le Protocole sur le Commerce des services ; le Protocole sur les règlements des différends. Selon le Champion de la ZLECAF « la finalité pour nous est une Afrique avec un marché unique, parlant d’une même voix, conformément à notre vision d’une Afrique intégrée, prospère et en paix, dirigée par ses propres citoyens et représentant une force dynamique sur la scène mondiale ». Toutes les dispositions contenues dans l’accord visent à créer les conditions de réussite de la ZLECAF dans sa mise en œuvre : un commerce loyal ; une coopération douanière en matière d’exportation, d’importation, de règles d’origine et d’évaluation ; les mesures de défense commerciale (antidumping, anti-subvention et de sauvegarde) pour protéger ses industries nationales en cas de pratiques déloyales ou en cas d'augmentation massive d’importations susceptibles de porter préjudice durablement à une branche de production nationale. Il ya également la protection et la préservation de la vie et de la santé humaines, des animaux et des végétaux ; la question des normes et des règlements techniques. La ZLECAF intègre aussi le commerce des services. Les pays africains se sont engagés en faveur d’une ouverture progressive des marchés de services aux prestataires d’autres pays africains. L’ouverture portera sur cinq secteurs prioritaires sur les 12 secteurs reconnus dans le cadre du commerce multilatéral. Les secteurs concernés par la ZLECAF sont : les Services financiers, les Services de télécommunication, les Services de transport, les Services touristiques, et les Services fournis aux entreprises.

Les opportunités de la ZLECAF

La mise en œuvre de la ZLECAF offre des opportunités indéniables pour le commerce intra-africain. La ZLECAF offre plusieurs opportunités en termes d’élargissement du marché (1,2 milliards de consommateurs) et de perspectives de développement macro et microéconomique. De la projection faite, il y a lieu de souligner que l’essor du commerce intra-africain dépend du niveau de libéralisation des échanges. Plus cette libéralisation sera ambitieuse (conformément aux orientations des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UA), plus les objectifs poursuivis seront atteints. Ainsi, la mise en œuvre de la ZLECAF produirait plus d’avantages liés au commerce dans tous les grands secteurs, tout en ayant le plus fort potentiel de promotion de l’industrialisation. La ZLECAF permettrait d’accroître la valeur des échanges intra-africains de 15% à 25% (selon les efforts de libéralisation) ; de développer un partenariat stratégique entre les entreprises nationales et les entreprises étrangères pour la transformation des produits locaux, l’émergence de chaines de valeurs, l’amélioration de la compétitivité, etc. A lui tout seul, le commerce intra-africain des produits industriels devait augmenter d’environ 25 à 30% ; pour les produits agricoles et alimentaires, l’augmentation se situerait entre 5% et 11%, etc. Les gains devraient être encore plus grands en cas de libéralisation des services et l’élimination des obstacles non tarifaires sur tout le continent africain.

Les défis de la ZLECAF

La plupart des études font ressortir des risques : pour les secteurs productifs (concurrence, compétitivité), des pertes de recettes publiques, induites par le démantèlement tarifaire ; des pertes de parts de marché notamment en Afrique de l’ouest, la disparition d’entreprises non compétitives, des pertes d’emplois et de revenus (impact social). Pour tirer avantages de la ZLECAf, il y a des défis à relever pour tous les pays africains : l’accès aux marchés africains (l’aptitude à pénétrer les marchés africains et à les conquérir ; capacités à respecter les normes techniques, (obstacles techniques au commerce et mesures sanitaires et phytosanitaires, renforcement des capacités nationales dans ce domaine) ; le financement nécessaire pour les réformes à mettre en œuvre et l’accompagnement du secteur privé.

Pour relever ces défis, le Niger s’est préparé. Cette préparation repose sur tous les départements ministériels et les autres structures d’appui au commerce. C’est dans cette optique que notre pays a élaboré sa stratégie nationale de mise en œuvre de la ZLECAF sur la base des conclusions et recommandations du Forum National, dans la perspective notamment de mener des études sectorielles ou de compétitivité.

Par Hassane Daouda

05 juillet 2019 
Source : http://www.lesahel.org/