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Interview inclusive sur le panafricanisme : Arthur Omar Kayumba penseur révolutionnaire de gauche

OmarM. Arthur Omar Kayumba, penseur révolutionnaire de gaucheArthur Omar Kayumba est un panafricaniste et penseur révolutionnaire de gauche et chercheur en Droit International et Opinions publiques internationales. Président du Parlement des Jeunes de la République Démocratique du Congo, il a été tour à tour ambassadeur des enfants, ambassadeur de la jeunesse, entrepreneur agricole et culturel, représentant de l’Assemblée Nationale de la RDC au Parlement Francophone des Jeunes, délégué aux affaires étrangères du Parlement Africain de la Jeunesse, lauréat des plusieurs marques et décorations. Aujourd’hui il donne en interview exclusive, sa vision du panafricanisme et du rôle de l’Afrique dans la géopolitique mondiale.

Nigerdiaspora : Mr KAYUMBA Bonjour, et pour commencer dites nous en quoi est ce que et pourquoi vous qualifiez-vous de panafricaniste révolutionnaire de gauche. D’où vient cette idée ?
KAYUMBA : Bonjour et je vous remercie pour votre disponibilité et surtout pour l’opportunité que vous m’accordez pour m’adresser encore une fois à l’Afrique et au monde. Ma dernière interview exclusive date d’avril 2007 à WashingtonPost, un tabloïd et un quotidien curieusement de la gauche américaine ; qui me permit il y a 13 ans alors que je n’avais qu’à peu près 16 ans de m’adresser au monde entier : blancs, hispaniques, noirs, arabes etc.
Oui je suis un panafricaniste révolutionnaire de gauche, car je trouve obsolète de revendiquer un panafricaniste réactionnaire qui repose essentiellement sur l’antériorité de la civilisation nègre et sur la grandeur d’un peuple et sur une histoire incontestablement glorieuse. Il faut remettre sa grille de lecture à l’heure, la civilisation humaine a beaucoup évolué au point qu’il est trop tard de reculer. Passant par l’âge d’or de la civilisation nègre, des nations nègres et cultures jusqu’à la décolonisation, les mutations en cours nous offrent des opportunités de progrès et de compétitivité positive. Et c’est cela le panafricanisme de gauche, un panafricanisme révolutionnaire et progressiste porteur des valeurs de la solidarité, de la responsabilité collective, des libertés et ayant une vision nouvelle de grandeur, non entant que nations ; mais entant que civilisation. En définitive le panafricanisme est de gauche par nature en raison de c’est qu’il devrait véhiculer comme valeurs, principalement celle de la responsabilité collective dans le progrès social et le développement économique.

Quels sont les contours, les rouages et les non –dits du panafricanisme, selon vous ?
A l’origine le panafricanisme servait d’instrument de revendication idéologique pour réaffirmer d’une part le rôle de l’Afrique dans les relations internationales par la décolonisation et l’affirmation des droits des peuples africains à disposer d’eux-mêmes, et d’autre part pour véhiculer les valeurs de la solidarité et de la responsabilité communautaire ou collective dans le développement et le progrès. Des revendications qui avaient justifié l’émergence des doctrines sociales comme le Ujama avec Julius Nyerere, le panafricanisme avec Keneth Kahunda, Kwameh Nkroumah, Patrice Lumumba et tous ces leaders panafricanistes. Mais ce panafricanisme originel n’a atteint que son but principal, celui de la décolonisation, un but indépendantiste qui exigeait à tous les pays Africains une obligation de solidarité et de comportement pour obtenir les indépendances pour le reste des Etats. Mais le but civilisationnel ou idéologique du panafricanisme s’était vite heurté et continue d’ailleurs à se buter aux barrières socioculturelles héritées de la colonisation. Durant l’esclavage et la colonisation, les Africains ont acquis des modes de vie culturellement opposés à la manière dont ils concevaient le monde global, qui ne signifiait pas grand-chose pour eux. Au Nord Nous avons un panafricanisme dont l’essentiel repose sur les conceptions arabes de la solidarité (le Maghreb), en Afrique subsaharienne nous avons les conceptions francophones de la gouvernance libertaire (les colonies Belges et Françaises) et les conceptions pragmatiques du développement à partir de la base (Colonies Anglaises).
Il fallait donc faire le choix entre soit concilier ces considérations pour bâtir un panafricanisme progressiste ; soit reconstituer le panafricanisme traditionnel qui se baserait sur l’histoire glorieuse et de l’autoconsommation. C’est ici que le panafricanisme a échoué car il n’est resté qu’indépendantiste et historique ; et peut être trop spirituel pour ne pas en saisir le contenu.

Mais que reprochez-vous exactement au panafricanisme revendiqué de ce jour ?
Vous savez, entant que doctrine sociale, le panafricanisme devrait faire valoir des valeurs et visions que l’Afrique apporte au monde actuel globalisé et globalisant. Il ne devrait pas servir d’un outil des nostalgies historiques, ou encore un instrument des lamentations, de chantage et d’excuses. Aujourd’hui l’inefficacité de l’Union Africaine reflète exactement les faiblesses et les limites du panafricanisme revendiqué. Alors que les autres doctrines civilisationnelles apportent au monde des valeurs pour le progrès de l’humanité, essayant même de les ériger par tous les moyens en valeurs universelles ; le panafricanisme est utilisé quant à lui pour justifier les abus et la précarité de l’humanité et de la dignité dans la gouvernance de nos cités. Le panafricanisme sert de cause de justification du retard de développement sur le continent. Tous les Etats attendent le panafricanisme pour se développer. L’Union Africaine qui devrait être le garant du panafricanisme progressiste, elle se contente malheureusement d’agir à l’extérieur comme une ONG, et de l’intérieur elle ne cesse de présenter simplement l’image d’un conglomérat élitiste des gouvernants souverainistes.

Comment remettre en cause le symbole même du panafricanisme qu’est l’Union Africaine ? N’est ce pas manquer du respect à nos pères fondateurs qui ont payé le prix cher à la fois pour le panafricanisme et l’union africaine ?
D’abord je ne connais personne qui ait déjà été tuée pour l’Union Africaine. Sauf si vous en connaissez une seule personne ? Généralement quand les gouvernants Africains viennent à avoir des problèmes particuliers avec leurs métropoles ou leurs complices multinationales, ils invoquent tout de suite et abusivement ce panafricaniste souverainiste. Oui les panafricanistes de première heure étaient nobles et dignes ; mais ceux-là qui s’en revendiquent l’appartenance aujourd’hui ils sont même les Kidnappeurs de l’Afrique. C’est pourquoi nous continuerons à rendre hommage au Président Kadhafi pour quelques bonnes intentions manifestées pour la mise en œuvre du panafricanisme progressiste.

Si le panafricanisme et l’Union Africaine ne servent à rien ? Alors que reste-t-il de l’Afrique ?
Non pas du tout, le panafricanisme est toujours là, en chaque Africain ; c’est qui manque c’est sa manifestation pratique du point de vue réalisme et progrès. L’Union Africaine qui se comporte en ONG, constitue un blocage pour le continent. C’est le symbole du néocolonialisme et du somnambulisme politique. Déjà quand vous lisez le préambule de l’acte constitutif vous comprendrez tout de suite que les pères fondateurs et les gouvernants de l’UA sont restés animés par une lutte souverainiste à l’intérieur de l’Afrique. C’est écrit … Pour promouvoir l’unité, la solidarité, la cohésion et la coopération … entre les Etats Africains. Ensuite près de 95% des frais d’appui institutionnel et du fonctionnement de l’UA proviennent de l’aide extérieure de la coopération internationale. Par manque des ressources suffisantes la Banque Africaine de Développement avait été obligée d’ouvrir le statut de membre à plus de 15 autres Etats de l’Europe , de l’Amérique et de l’Asie. La politique de défense, la politique étrangère commune, la politique monétaire, le projet politique, La Banque Centrale Africaine, Le Fonds Monétaire Africain, La Banque Africaine d’Investissement et La Cour Africaine de la Justice sont entre autres des éléments de la mise en œuvre du panafricanisme de progrès dont on a besoin, pas cette ONG Union Africaine qui ne s’occupe que des salaires de ses fonctionnaires et des frais des missions de ses dirigeants.

Finalement quelles sont vos propositions pour atteindre les buts de ce panafricanisme que vous qualifiez de progrès ?
Premièrement il faut commencer par dissoudre l’Union Africaine. Deuxièmement partir des bases sous-régionales qui ont fait preuves dans le processus d’intégration régionale comme c’est le cas pour la CEDEAO et la communauté de l’Afrique de l’EST  qui représentent le gros du PIB africain. Troisièmement soumettre au référendum populaire de tous les Africains pour faire le choix entre soit la confédération d’Etats qui incarnera le projet politique du panafricanisme en matière de souveraineté monétaire, de politique étrangère commune, de politique défense, de l’éducation commune et du développement économique  tout en gardant des souverainetés nationales sur certaines questions ; soit en démantelant l’Afrique en trois blocs des Etats confédérés : (1) le bloc des Etats Confédérés du Maghreb , (2)les Etats confédérés du bloc oriental et austral ainsi que (3) les Etats confédérés du bloc central et occidental. Ces blocs des Etats confédérés seront des Etats à part entière. C’est de cette manière que l’Afrique pourra jouer un rôle géopolitique mondial et signer sa présence dans la rencontre des civilisations. Actuellement les mutations géopolitiques mondiales se font sans et contre l’Afrique. La confrontation entre les valeurs occidentales et orientales se réalise sur un terrain abandonné : l’Afrique. Donc il faut remettre cette question de l’Union Africaine aux citoyens Africains, qu’ils décident de leur avenir.

Que pensez-vous de l'avènement de la ZLEC, est-ce une opportunité à capitaliser ou simplement encore un nouveau défi ?
Encore une fois ZLEC vient encore symboliser l'exploitation de l'homme par l'homme. Elle constitue en soit un instrument d'arnaque et de predation pour certains Etats au détriment des autres. ZLEC vient à un moment ou les exportations entre Rwanda et l'Uganda se sont pratiquement interrompues en raison de leurs crises diplomatiques, une situation qui a impacted négativement les deux économies. Ensuite, la première économie Africaine le Nigeria n'est pas partie prenante à la ZLEC, pas besoin de vous rappeler que la Guinee Conakry Elle aussi avait refusé d'intégrer l'accord. En plus, toutes les economies africaines ont toutes des balances commerciales déficitaires, seuls 7 pays présentent des balances commerciales résilientes. Par ailleurs pour aboutir a une union monétaire, ca risque de relever de l'impossible avec le fonctionnement actuel essentiellement paternaliste de la zone des FCFA, En plus calculez la valeur monetaire Dr Dinars Maghrebien par rapport aux CFA, ou shillings Est-Africain, ou aux Francs Congolais ,...il existe des écarts qui ne faciliteront pas si facilement l'union monétaire....Je suis d'accord, qu'en principe ZLEC constitue un ideal pour améliorer la balance commerciale du continent dans le commerce international,Mais nous ne pouvons y arriver tant qu'il y a des divergences a l'interne et des deficits considerable. Remarquez : croyez-vous qu'un Etat qui n'a rien à exporter dans le commerce intra-africain (par ce que ne produisant rien) acceptera de supprimer des droits des douanes aux importations, alors qu'il ne produit rien ? Même si c'est interafricain, cet Etat sera simplement anéanti au plan budgétaire, et affaibli économiquement C'est pourquoi c'est trop théâtral pour l'UA d'aller vers un projet économique et commercial, sans un préalable fondamental, qui n'est rien d'autre qu'un projet politique concret, qui devra transcender les constitutions des Etats et le fameux acte constitutif de AU. ZLEC est allée vite en besogne. Si l'UA s'en fout de son avenir politique, au moins la simple des choses aurait été de commencer progressivement par les commerces transfrontaliers et la creation des marches communs d'integration. Nous vivons encore le protectionism dans certains pays. Mais dans tout Ca il faut d'abord un projet politique. Voyez par example le marche commun East Africa, vous pouvez circulez sans visas et avoir la levée des barrières douanières, mais en l'absence d'un projet politique les Etats s'affrontent et réduisent la chance d'atteindre le bonheur interieur brut et une croissance inclusive perreine ... Nous avons des cas similaires ECOWAS.
M. KAYUMBA, Merci.
Merci

Interview réalisée et soumis pour Nigerdiaspoa par Ismaël Oumarou Issaka