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Migrants en Algérie : "on est face à une xénophobie d’État"

Absence de politique migratoire

"L’Algérie n’a jamais eu de véritable politique migratoire", insiste encore Ali Bensaad. Les autorités ont bien signé la Convention de protection des étrangers calquée sur le droit européen mais elles ne l’appliquent pas. Dans ce pays, il n’existe, par exemple, aucun camp de réfugiés ou de centres pour demandeurs d’asile.

Le statut de réfugié n’existe pas non plus en Algérie - le pouvoir considérant le pays seulement comme un lieu de transit. Le spécialiste des migrations avance une autre explication : "Reconnaître le statut de réfugié – basé sur les droits de l’Homme - a une résonance dans un pays qui ne reconnaît pas ces droits pour ses propres concitoyens. Cela remet en cause le fondement autoritaire de ces États", estime Ali Bensaad.

"Xénophobie d’État"

Le chercheur va encore plus loin et dénonce une "xénophobie d’État". Depuis cet été, l’État algérien multiplie en effet les déclarations polémiques en direction des migrants. En juillet, l’ancien conseiller du président Bouteflika, aujourd’hui Premier ministre, avait déclaré que les migrants subsahariens sont "une source de drogue et de criminalité en Algérie". Quelques jours plus tard, le chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel, provoquait l’indignation en déclarant que l’arrivée des migrants dans le pays constituait "une menace pour la sécurité nationale".

Ces propos ont été qualifiés de "choquants et scandaleux" par les associations de protection des droits de l’Homme et certains partis politiques. Ils ont d’autant plus marqué les esprits qu’ils ont été prononcés au moment où le hashtag "non aux Africains en Algérie" devenait viral sur les réseaux sociaux algériens.

>> À lire sur InfoMigrants : En Algérie, un clip défie le racisme contre les migrants subsahariens 

La semaine dernière, le ministère des transports a publié une directive interdisant aux compagnies de bus et de taxi de prendre à bord de leurs véhicules des personnes en situation irrégulière. Le gouvernement a depuis fait marche arrière mais dans la réalité "les conducteurs les empêchent de monter car ils ont trop peur d’avoir des problèmes avec la police", fait remarquer Faleh Hamoudi, membre de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme.

"Les autorités alimentent le racisme", estime Ali Bensaad. "Le gouvernement utilise l’immigration comme une carte politique pour masquer les vrais problèmes", économiques et sociaux, continue le chercheur. Dans une telle période d’incertitude, les migrants sont alors utilisés comme des "boucs émissaires".

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03 octobre 2017
Source : http://www.infomigrants.net/fr/