Skip to main content

Les Tchadiens non grata aux USA : Déby ne mérite vraiment pas ça !

Après des mois de bataille judiciaire épique comme seule l’Amérique sait en offrir, la version édulcorée du fameux décret était entrée en vigueur le 29 juin dernier pour une durée de 90 jours et expirait le 24 septembre. Alors que la raison aurait voulu qu’à la date échue l’oukase scélérat fût purement et simplement abrogé, un nouveau texte vient d’interdire ou de limiter l’entrée des Etats-Unis aux ressortissants de huit pays. Trois nouveaux indésirables font en effet leur entrée dans le cercle des bannis de Washington : la Corée du Nord, le Venezuela et le Tchad, tandis que le Soudan en sort. La raison invoquée par l’administration Trump : certains de ces pays accueillent des terroristes et ne collaborent pas assez avec Washington.

Que Pyongyang et Caracas, qui sont depuis de longs mois dans le viseur de l’Oncle Sam, intègrent ce club fermé où personne ne souhaite être, on veut bien l’admettre. Mais que diable le Tchad a à voir dans cette liste de parias ?

Que le pays d’Idriss Déby soit en proie, comme tant d’autres du continent africain et même d’ailleurs, à l’islamisme radical, on veut bien le croire, mais de là à l’ériger en allié de ces nébuleuses djihadistes donne le sentiment que le septuagénaire à la chevelure peroxydée pousse un peu trop loin le bouchon. En quoi le Tchad est-il accommodant avec les terroristes alors que précisément les « Déby boys » sont en première ligne dans la lutte contre l’hydre ? Que ce soit dans la bande sahélo-saharienne, particulièrement au Mali, ou dans le bassin du lac Tchad, nombre d’entre eux ont déjà payé le prix fort de leur intervention qui a permis parfois de réduire le chacal à sa plus simple expression. En plus d’être sur plusieurs fronts, le pays abrite le poste de commandement de l’opération Barkhane, fer de lance de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, et accueille une base de drones américains. Et c’est ce Tchad-là que celui qui twitte plus vite que son ombre veut punir pour un défaut de collaboration ? C’est à croire que sa connaissance du monde se limite à l’horizon de la Trump Tower. Où va d’ailleurs s’arrêter le milliardaire-président à cette allure, car si même le pays de François Tombalbaye est « blacklisté », qu’adviendra-t-il de ceux qui ont vraiment quelque chose à se reprocher ? Pourquoi d’ailleurs « Mister tweets », au lieu de s’en prendre au « Berger de Berdoba », qui n’a que sa petite canne de pasteur pour se défendre, n’étend-il pas sa mesure infâme à des pays comme l’Irak, le berceau de daesh, l’Arabie Saoudite, qui a enfanté le plus grand terroriste de tous les temps en la personne d’Oussama Ben Laden ou même le Pakistan qui a hébergé le chef d’Al-Qaïda à Abbottabad et détient le record d’Oulémas spécialistes en lavage de cerveau ?

Pour tout dire, on ne sait pas à quelle logique répond cette politique discriminatoire dont les effets sur la sécurité des Américains restent à prouver. Trump est un président irrationnel, on le savait. Mais si on doit encore souper de ce monsieur pendant trois longues années, on risque de se réveiller un jour, si on se réveille, trouver qu’il a appuyé, dans un accès de colère, sur le bouton nucléaire.

Hugues Richard Sama

27 septembre 2017
Source : http://www.lobservateur.bf/