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Afrique  : Un projet de suppression des visas pour doper l’activité économique

frique : un projet de suppression des visas pour doper l’activité économique Le projet de « Schengen africain » favoriserait les échanges commerciaux, l’investissement et le tourisme.Mais il progresse lentement en raison notamment des risques en matière de santé, de sécurité et d’immigration illégale.

Chiche ! Le Qatar a supprimé mercredi d'un trait de plume l'obligation de visas imposée aux ressortissants de 80 Etats. Les 54 pays africains pourraient-ils faire de même afin de relancer leur intégration et créer de la prospérité ?

C'est en tout cas l'objectif que l'Union africaine s'est fixé pour début 2018. Un projet présenté comme un « Schengen africain », même s'il ne s'agit pas de supprimer les contrôles aux frontières comme en Europe mais simplement les obligations de visa. Nul besoin en effet d'expertise sophistiquée pour se rendre compte que l'obligation de visa, par les délais, les coûts et les incertitudes bureaucratiques qu'elle implique, freine le commerce, l'investissement, le tourisme et le marché du travail.

Perte de leur privilège

Mais cette Afrique fluide représente un rêve à pas lents. En juillet 2016, le président du Rwanda, Paul Kagame, brandissait avec son homologue tchadien Idriss Déby le premier passeport panafricain censé permettre de se rendre librement dans tous les pays du continent. Douze mois plus tard, ils en sont quasiment toujours les seuls détenteurs. En effet, les bureaucrates ne sont pas les seuls à redouter la perte de leur privilège de donner ou pas un coup de tampon. Les recettes publiques en souffriraient aussi. Les visas sont un marqueur de souveraineté. Ils sont aussi censés servir de ligne de défense contre les flux migratoires illégaux, les épidémies, les trafics. Des risques considérables en Afrique, qui accueille bien plus de réfugiés que l'Europe et où sévissent les épidémies les plus redoutables de la planète. « Nous n'avons pas actuellement les capacités frontalières, militaires ou sanitaires », souligne Victoria Lukoye, professeur de relations internationales à l'université de Nairobi.

L'Union africaine vise encore plus loin que la suppression des visas. Elle table à l'horizon 2063 sur une liberté de circulation sans aucune restriction, comme aujourd'hui dans son homologue européenne, des personnes et des biens du Cap à Tunis et de Djibouti à Dakar. Un challenge monumental pour un continent qui concentrera alors 40 % de l'humanité. Selon la Banque mondiale, un commerçant africain souhaitant exporter ses produits dans tous les pays du continent peut actuellement avoir besoin de jusqu'à... 1.600 permis, licences et certificats douaniers.

Yves Bourdillon

11 août 2017
Source : https://www.lesechos.fr/