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Détournement de 5 milliards FCFA à la Bagri : Une preuve supplémentaire de la malgouvernance des renaissants

En dehors de l’affaire Ibou Karadjé portant sur un détournement des 8 milliards de francs des fonds de la présidence logés au Trésor public et l’affaire Sopamin (près de 3 milliards dissipés des caisses de la société) pour laquelle un ministre en fonction est arrêté et jeté en prison sans ménagement, le président Bazoum Mohamed a désormais un troisième trophée dont il pourrait se vanter dans le cadre de la lutte contre la corruption et les infractions assimilées qu’il a promis aux Nigériens. Il s’agit de ce détournement massif présumé d’une somme d’environ 5 milliards de francs CFA à la Banque agricole du Niger (Bagri) qui vient d’être débusqué par le Centif et qui défraie actuellement la chronique. Une affaire dans laquelle des responsables de l’institution bancaire dont le DG et le comptable ainsi que des agents subalternes sont présentement dans le collimateur de la justice. L’enquête préliminaire ouverte par les limiers de la police judiciaire (PJ) pour cerner les contours de l’affaire étant bouclée, les personnes interpellées ont déjà comparu devant le Procureur de la République qui a décerné un mandat de dépôt à leur encontre, après les avoir entendus et déterminés les infractions pour lesquelles elles sont poursuivies. Selon une source proche de la justice, une information judiciaire est ouverte et les personnes arrêtées ont été dispatchées entre les prisons de Kollo et de Say pour la suite de la procédure. Comme dans les dossiers Ibou Karadjé et Sopamin, c’est donc partie pour une durée indéterminée pour connaître l’aboutissement de l’affaire à l’issue d’un procès en bonne et due forme. Une longue attente au cours de laquelle beaucoup de choses peuvent se passer et compromettre la tenue du procès. Dans ce genre d’affaires de détournement massif de deniers publics, c’est le plus souvent ainsi que ça finit par le truchement notamment de libertés provisoires accordées aux prévenus en cours de détention. Dans l’affaire Sopamin, par exemple, seul l’ancien ministre serait actuellement en prison, ses complices présumés ayant bénéficié d’une liberté provisoire depuis de longs mois. Le même type de manoeuvre qui compromet l’aboutissement d’une affaire judiciaire a été observé dans le cadre du traitement d’autres dossiers sulfureux,surtout sous ce règne des renaissants roses. A titre illustratif, les Nigériens ont encore en mémoire l’affaire du détournement à la Caima qui n’a même pas franchi les locaux de la police judiciaire, malgré l’énormité du montant dissipé. L’affaire des containers de la Soraz dont la valeur des marchandises [ayant fait l’objet de bradage par les services des douanes] est estimée à près de 6 milliards de francs est aussi un exemple patent de cette pratique. Le DG des douanes -à l’époque des faits et dont la responsabilité est clairement établie dans la malversation- a même bénéficié, lui, d’une promotion comme conseiller avec rang de ministre au cabinet de la présidence de la République, se rappelle-t-on. Si nous avons rappelé ces faits, c’est pour décrier l’impunité que les renaissants ont cultivée à outrance depuis leur accession au pouvoir et qui explique d’ailleurs aujourd’hui l’amplification de la corruption et des pratiques assimilées depuis plus d’une décennie aujourd’hui dans notre pays. Un détournement dans une institution bancaire provoque un retentissement plus grand que quand il est perpétré au sein d’une administration publique et ses démembrements. C’est ce qui explique, du reste, la persistance des spéculations autour de cette affaire Bagri où les cadres de la banque non cités dans la malversation se seraient déjà réunis, apprend-on, pour procéder rapidement au remplacement de leurs collègues pris dans la nasse de la justice. Pourquoi cet empressement, serait-on tenté de se demander ? Pour éviter la saignée ?

La banque agricole en agonie actuellement –pas du fait des producteurs ruraux mais de celui de la clientèle politique du régime- doit continuer à tourner. Mais pour combien de temps encore ? Telle est la principale question qu’on se pose lorsqu’on apprend que tous les indicateurs de l’institution étaient depuis un certain temps au rouge vif, du fait notamment de cette razzia systématique à laquelle sont soumis les fonds de la banque comme l’atteste ce détournement sans précédent. Le cadre qui a accédé à la direction générale de la banque est le fils d’un ténor du PNDS Tarayya qui occupait déjà le poste DGA de l’institution jusqu’au clash. C’est tout dire ! Ils sont nombreux -pour ne pas dire tous- les dinosaures du parti rose à placer, souvent sans aucune mérite avéré leurs enfants à des postes de responsabilités dans les sociétés et offices étatiques ainsi que des institutions de la République en vue de les mettre à l’abri du besoin, pendant que ceux des pauvres sont obligés de se contenter du contrat pour survivre au quotidien. Un aspect de la gestion patrimoniale de l’Etat pour laquelle le PNDS Tarayya a opté depuis son accession au pouvoir en 2011 au mépris d’un minimum de respect vis-à-vis des règles et principes de la bonne gouvernance. Ils sont aux affaires, leurs enfants sont aussi aux affaires. Comment dans ces conditions le président Bazoum Mohamed peut-il parvenir à tenir son engagement de lutter contre la malgouvernance ambiante caractérisée par la corruption, l’impunité, l’exclusion sur des bases partisanes, etc. ? Etant lui-même un pur produit du système, il ne pourra rien pour éradiquer ces phénomènes qui gangrènent profondément notre pays parce qu’il ne pourra pas sévir contre ses camarades politiques et leurs enfants qui jouent aujourd’hui les beaux rôles dans notre pays. Tout au plus, il se contentera juste de servir de temps en temps au Nigériens de petits morceaux d’affaires pour calmer leur impatience de voir une véritable lutte tous azimuts contre la prévarication engagée, comme ce scandale à la Bagri qui vient étoffer la liste de ses trophées.

OI