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Au Mali, Macron appelle le G5 Sahel à prouver son efficacité

« Les résultats doivent être au rendez-vous »

« Ce sera à vous et à vos armées de convaincre que le G5 peut être efficace, dans le respect des conventions humanitaires. Les résultats doivent être au rendez-vous pour convaincre nos partenaires », a lancé Emmanuel Macron à l’ouverture du sommet dans la capitale malienne.

« Sur le volet militaire, c’est un effort équivalent à plus de 8 millions d’euros que nous consacrons d’ici la fin de l’année » à ce projet, qualifié d'« alliance pour le Sahel », a indiqué Emmanuel Macron, saluant « une dynamique, un mouvement de fond que la France est fière d’accompagner ». De plus, il a annoncé avoir « bon espoir que le 13 juillet (lors du Conseil franco-allemand à Paris) avec la chancelière allemande (Angela Merkel), nous puissions annoncer des engagements communs autour de cette alliance ».

Les jihadistes se livrent aussi à des prises d’otages et la branche d’Al-Qaïda au Mali a publié samedi, à la veille du sommet du G5, une vidéo montrant six prisonniers étrangers enlevés au Sahel entre 2011 et 2017 : une Française, une Colombienne, un Sud-Africain, un Roumain, une Suissesse et un Australien.

Cette même alliance a revendiqué l’attentat du 18 juin contre un lieu de villégiature proche de Bamako, qui avait fait cinq morts, en plus de quatre assaillants tués.

« Des terroristes, des voyous, des assassins »

L’allégeance de nombreux mouvements jihadistes du Sahel à Al-Qaïda ou au groupe État islamique « projette notre région dans un champ de confrontation mondiale », a souligné le président malien.

« Nous avons chaque jour à affronter des terroristes, des voyous, des assassins », a affirmé M. Macron, mais ils « se sont nourris de nos faiblesses, de nos hypocrisies, des complexes du passé, de notre inefficacité collective ».

S’exprimant souvent sur le ton de la remontrance collective, le président français a exhorté à éviter dorénavant de « ne pas parler des vrais problèmes et faire semblant de faire ».

Dans cet esprit, il a pressé les dirigeants du G5 de mener « des réformes institutionnelles et des efforts de gouvernance, appelés par vos populations ».

À M. Keïta, il a redemandé, comme lors de sa visite au Mali en mai, la « pleine mise en œuvre de l’accord de paix » de mai-juin 2015 censé isoler les jihadistes, y compris « le redéploiement de l’État sur tout le territoire et la décentralisation ».

Force régionale

Déployée dans un premier temps aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la force du G5 s’ajoutera à l’opération française Barkhane qui traque les jihadistes dans le Sahel et à la Mission de l'ONU au Mali (Minusma).L’idée d’une force régionale, soutenue par Paris, avait été relancée le 6 février lors d’un sommet à Bamako. Elle doit démarrer avec environ 5 000 hommes fournis par les cinq pays, qui ambitionnent de doubler cet effectif à terme.

VOIR AUSSI. OPÉRATION BARKHANE : Au cœur du désert malien avec les soldats français

Le sommet de dimanche vise à définir concrètement ses modalités, et le président français devrait annoncer un soutien surtout en équipements, selon l’Élysée.

« Le poste de commandement de cette force sera basé au centre du Mali, à Sévaré », a indiqué le général Didier Dacko, chef d’état-major de l’armée malienne avant d’être nommé en juin à la tête de la force du G5.L’Union européenne a promis 50 millions d’euros, mais une telle force requiert au moins 400 millions d’euros, selon les experts. Le budget prévu avoisinerait les 500 millions d’euros, a indiqué une source au sein de la délégation mauritanienne.

Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a évoqué samedi un budget total de 450 millions de dollars. La question financière est d’autant plus sensible que le président tchadien, dont le pays est déjà engagé dans la Minusma et dans la force multinationale contre le groupe islamiste nigérian Boko Haram, a menacé de se retirer du projet pour des raisons budgétaires.

Appel aux dons

La France, elle-même en pleine recherche d’économies pour cause de déficit budgétaire aggravé, espère le soutien d’autres pays de l’Union européenne, en faisant valoir que son engagement militaire au Sahel protège l’Europe toute entière.

Elle compte notamment sur l’Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique, et espère aussi un « soutien concret » des Etats-Unis, présents militairement avec notamment des drones basés au Niger, a indiqué l’Élysée.Du côté des cinq chefs d’État du Sahel, l’attente est élevée.

Dans une tribune au quotidien français Le Figaro de vendredi, cosignée avec Federica Mogherini, la haute représentante de l’Union européenne, ils font valoir que « le vide au Sahel est l’oxygène du terrorisme », réclamant en conséquence « un engagement renouvelé et une concentration des efforts de l’Union européenne et de la communauté internationale pour obtenir des impacts concrets ».

Le 21 juin, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution qui « salue » le déploiement de cette force mais sans lui délivrer ni mandat ni fonds. Avec Emmanuel Macron, qui s’était déjà rendu au Mali pour son premier voyage présidentiel, le G5 Sahel devrait donc lancer un appel aux contributions internationales.

La question financière est d’autant plus sensible que le président tchadien, dont le pays est déjà engagé dans la Minusma et dans la force multinationale contre le groupe islamiste nigérian Boko Haram, a menacé de se retirer de ce projet pour des raisons budgétaires.

Pour compléter le volet militaire, les acteurs de la Justice des 5 se réunissaient cette semaine à Bamako pour concrétiser un accord de coopération conclu en mai entre le Niger, le Tchad et le Mali.

Le Mali est sous état d’urgence quasiment sans interruption depuis l’attentat jihadiste contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako le 20 novembre 2015, qui a fait 20 morts, outre ses deux auteurs. Le 18 juin dernier, un lieu de villégiature proche de Bamako, fondé par un Français, a été attaqué, faisant cinq morts, en plus de quatre assaillants tués.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ils ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale lancée en 2013 à l’initiative de la France.

Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes. Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud et le phénomène gagne les pays voisins.

02 juillet 2017
Source : http://www.ouest-france.fr/