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Interdictions d’exportation de céréales au Bénin et au Burkina : Le Niger, la principale victime

L’après Covid, la sortie de la pandémie, ne risquerait-il pas d’être plus compliqué que la maladie ? Le principal enseignement à tirer est, en dépit d’importants et bénéfiques progrès de ces derniers siècles, l’impréparation de l’humanité à assurer sa survie. Il aura fallu l’apparition d’un virus, responsable d’une maladie qu’un scientifique de renom a traité de ‘’grippette’’, pour que la panique s’empare du monde. Les grands et puissants de cette planète, si prompts à montrer les muscles, à mettre leur argent et leur intelligence à fabriquer des armes de destruction massive, se sentiront désemparés. A tel point que les grands principes de ce vingt unième siècles sont rapidement mis de côté. Les regroupements communautaires, avec les critères de convergence, la solidarité, sincère ou feinte, sont disloqués. Le repli sur soi, aussi bien au niveau des Etats qu’au niveau individuel, est de plus en plus de retour. Les confinements, les couvre-feu, les fermetures de frontières, chacun, chaque pays y va des ses moyens pour endiguer la maladie. C’est chacun pour soi.

Tout naturellement, ce momentané repli sur soi entraîne le développement du protectionnisme au mépris des textes communautaires volontairement souscrits par les différents Etats. Il y a quelques semaines, la République du Bénin interdisait l’exportation du mais, du gari et de l’igname. Si aucun document écrit des autorités de ce pays n’est pas trouvable, à la frontière la décision est mise en oeuvre. A Malanville, ville béninoise frontalière du Niger, même quelques mesures de maïs sont saisies et les contrevenants seraient généralement amandés. La décision des autorités béninoises ferait suite à la flambée des prix des produits de première nécessité. Et participerait à l’atténuation de l’inflation. Mesure de rétorsion ou simple imitation ?

On se rappelle que le Burkina Faso aussi avait décidé le premier janvier 2021 de suspendre la délivrance des autorisations spéciales d’exportation du mil, du mais, du sorgho et du niébé. Le ministère du Commerce du Burkina a tenu à rappeler cette décision le 7 juillet dernier. Ainsi, les deux plus importantes voies d’approvisionnement du Niger sont fermées. La période de soudure sera dure principalement pour les populations frontalières des deux pays.

Pourtant les pays de la sous région sont membres de plusieurs regroupements communautaires qui prônent la libre circulation des biens et des personnes. Plus encore, les produits ‘’made in’’ ces pays ne sont, à l’exportation, que sujets au Tarif Extérieur Commun (TEC). Ces décisions, certes souveraines, sont aux antipodes des celles prises au niveau communautaire. Elles donnent raison à ceux qui considèrent que nos regroupements régionaux ne sont autres que des syndicats de chefs d’Etats prompts uniquement à défendre leurs camarades.

Modibo