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Scandale financier : Plus de cinq milliards de francs CFA détournés au Cabinet du Premier ministre

Les services de la Primature ne savent plus où donner de la tête depuis que l’audit effectué sur les comptes du Dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires (DNPGCA) a soumis ses conclusions.

Des conclusions accablantes pour le régime et fort embarrassantes, sinon préjudiciables à Bazoum Mohamed qui mène une campagne pour convaincre les Nigériens qu’il représente un bon parti pour le Niger.

L’audit, qui couvre la période du 1er janvier 2020 au 8 mars 2020, puis du 16 novembre 2020 au 11 décembre 2020 a révélé un détournement de 5 654 441 684 francs CFA. Ce détournement s’est effectué à travers des dépenses non comptabilisées à hauteur de 89 105 079 FCFA, des avances non justifiées qui se chiffrent à 5 260 775 077 FCFA ainsi que des insuffisances de pièces justificatives concernant 304 561 528 FCFA. Ce scandale, la Primature essaie d’étouffer à tout prix a d’autant affleuré que ses services ont du mal à apporter les justifications aux montants incriminés. Selon des sources crédibles, ça chauffe, les uns et les autres se rejetant les responsabilités. Dans le flou constaté dans le document d’audit, notamment à propos de l’absence de nombreuses pièces justificatives et de traçabilité des dépenses effectuées, chacun lutte pour sa chapelle. L’audit a relevé jusqu’à l’absence de termes de référence. Pourtant, l’argent a coulé à flots, gonflant sans les comptes bancaires de certains commis. Dans les relevés bancaires, des paiements non comptabilisés ont été identifiés. Ils s’élèvent à 26 256 385 FCFA en 2017 et à 62 848 694 FCFA en 2018, soit un montant total de 89 105 079 FCFA.

Des achats de céréales sans factures

À la fin de l’exercice 2018, l’audit a relevé quelques 5 260 775 077 FCFA d’avances faites, notamment, à des organisations non gouvernementales (ONG) qui sont inéligibles. Il est demandé au Dispositif national de prévention et de gestion des crises alimentaires (DNPGCA) d’apporter les pièces justificatives des opérations réalisées. Des pièces justificatives abondamment fournies, selon le rapport d’audit, mais non valables. Les transactions de la cellule SAP (Système d’alerte précoce) relatives à certaines activités (ateliers, formations) mettent en lumière l’absence de pièces justificatives. C’est le cas, note le rapport, de l’atelier du cadre harmonisé de novembre 2018, de l’enquête sur la vulnérabilité à l’insécurité alimentaire des ménages, éditions 2018 ainsi que de l’atelier du cadre harmonisé de novembre 2017.

Les achats directs de céréales par l’Office des produits vivriers du Niger (Opvn) n’ont pas échappé à la vigilance des auditeurs. Des achats de céréales pour lesquelles il n’y a pas de factures. Tout comme les auditeurs n’ont trouvé aucune preuve que certaines prestations ont été effectuées. C’est le cas d’un contrat signé avec un prestataire dont Le Courrier tait l’identité et pour lequel un montant de 15 600 000 FCFA a été affecté mais non soutenu par une facture. Plein d’autres transactions, évaluées à 46 150 000 FCFA. Au total, c’est un montant de 304 561 528 FCFA qui est mis en cause dans la catégorie « absence de pièces justificatives ».

Des contributions de bailleurs de fonds non comptabilisées

Cherchant à mieux affiner leur analyse, les auditeurs ont requis l’avis de confirmation de solde des bailleurs de fonds. Leurs réponses sont sans équivoque. Certaines contributions n’ont pas été comptabilisées. C’est le cas, en 2017 comme en 2018, pour des fonds mis à disposition par la coopération suisse, l’ambassade de France au titre de la contribution au fonds commun des donateurs (FCD) et de la Coopération suisse au titre de l’appui institutionnel. Le désordre, peut-être sciemment organisé afin de faire perdre les traces des actes délictueux, est sans pareil. Ainsi, les subventions versées par la Coopération du Luxembourg, à hauteur de 655 957 000 FCFA, de Monaco pour un montant de 91 833 980 FCFA et de l’Espagne pour un montant de 655 957 000 FCFA, ont été enregistrés, à tort, relèvent les auditeurs, dans le compte dédié au FCD.

Un désordre financier peut être délibéré

Le désordre dans les écritures comptables du DNPGCA est pratiquement une tradition puisqu’on le relève également dans la gestion de 2016. La mission d’inventaire à la clôture de l’exercice de 2016 n’a couvert que les régions de Dosso, Tillabéry et Niamey. Pourtant, un audit précédent, d’un autre cabinet, de l’exercice 2016, daté de décembre 2018, a fait l’amer constat de l’impossibilité de statuer là-dessus du fait des incertitudes sur les stocks. Il était impossible de reconstituer le stock national de sécurité au 31 décembre 2016, notamment, en raison de l’absence des mouvements de stock du centre Lazaret. Pourtant les stocks d’ouverture de l’exercice 2017 sont estimés à 23 432 039 319 FCFA. Les auditeurs ont d’ailleurs découvert, en procédant à un rapprochement entre les rapports d’inventaire et les stocks du DNPGCA en comptabilité, une sous-évaluation du stock en 2017 à hauteur de 226 777 770 FCFA et 1 281 894 143 FCFA en 2018.

Dans le rétroviseur, rien que des scandales à milliards

Depuis l’arrivée d’Issoufou Mahamadou à la tête de l’État, les scandales financiers ne se comptent plus et on pourrait sans doute dire que l’évaluation de ce qui a été détourné au cours de ces 10 années de gouvernance «issoufienne» est loin de toute imagination. Tous les secteurs, tous les fonds y passent, y compris ceux affectés à la sécurité militaire et à la sécurité alimentaire. Récemment, un audit des fonds de l’armée a révélé un scandale de détournement de plusieurs dizaines de milliards jamais connu auparavant. Et en 2015, alors que les populations de Diffa subissaient de plein fouet les exactions de Boko Haram, 15 000 tonnes de riz, offertes par le Pakistan pour venir en aide aux populations durement éprouvées, ont été détournées et vendues au port de Cotonou à des fins personnelles. Bazoum Mohamed, qui sillonne actuellement le Niger en promettant la continuité, a du pain sur la planche.

Laboukoye