Niger : les médias privés face à l’asphyxie, l’urgence d’États généraux de la presse
La presse nigérienne est aujourd’hui à la croisée des chemins. Après deux années de résilience dans un contexte politique et économique marqué par la transition, les médias, en particulier privés, semblent désormais au bord de l’asphyxie. Le constat dressé par l’hebdomadaire La Roue de l’Histoire sonne comme un signal d’alarme : le secteur, longtemps moteur de la vitalité démocratique, donne l’impression d’être au bout du souffle.
La fermeture prolongée de la Maison de la presse, autrefois espace de dialogue et de coordination, illustre la fragilité du secteur. Sans ce cadre fédérateur, les organes de presse opèrent dans une dispersion préoccupante. À cela s’ajoute la précarité économique des entreprises médiatiques, menacées de disparition faute de ressources suffisantes et d’accompagnement adapté. Cette situation met directement en péril le pluralisme de l’information et le débat public, essentiels dans une société en transition.
Pour La Roue de l’Histoire, il est urgent d’organiser de véritables États généraux de la presse nigérienne. L’objectif ne se limite pas à dresser un état des lieux, mais bien à définir un cadre de réformes structurelles : financement durable, régulation équilibrée, réhabilitation des infrastructures et reconnaissance du rôle stratégique des journalistes. Car la presse privée, malgré ses difficultés, a toujours assumé sa mission : informer, accompagner et parfois interpeller les autorités au nom de l’intérêt général.
La presse, pilier de la refondation nationale
La survie de la presse ne peut être réduite à une simple question de liberté d’expression. Elle conditionne la capacité du Niger à bâtir un espace public fort, inclusif et critique, garant d’une gouvernance transparente. Dans une période où la transition politique ambitionne de refonder les institutions, fragiliser ce pilier reviendrait à affaiblir le socle même de la démocratie en devenir.
L’avenir de la presse nigérienne se joue donc maintenant : soit elle est accompagnée et consolidée pour redevenir un acteur central de la refondation, soit elle s’effondre, emportant avec elle une partie de la vitalité démocratique du pays.
Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)