Muhammadu Buhari : l’héritage d’un bâtisseur de souveraineté et d’un allié fidèle du Niger
Le 13 juillet 2025, le continent africain a perdu l’un de ses dirigeants les plus emblématiques : Muhammadu Buhari, ancien président de la République fédérale du Nigeria (2015-2023). Figure austère mais respectée, militaire devenu démocrate, Buhari fut bien plus qu’un homme de pouvoir : il fut un homme de principes, viscéralement attaché à la souveraineté de l’Afrique. Le Niger, avec lequel il partagea des frontières, des combats et des espoirs, lui rend aujourd’hui un hommage empreint de reconnaissance et de fraternité.
Un combat pour l’autosuffisance : « produire ce que nous mangeons »
L’un des engagements les plus marquants de Muhammadu Buhari reste sans doute sa croisade en faveur de l’autosuffisance alimentaire. Dans un continent longtemps dépendant des importations, il osa renverser la logique. Dès son premier mandat, il déclara : « Nous devons produire ce que nous mangeons, et manger ce que nous produisons ». Ce mot d’ordre devint un levier stratégique de son action.
« Nous devons produire ce que nous mangeons, et manger ce que nous produisons »
Le symbole le plus fort de cette volonté fut le gigantesque projet de relance de la filière riz. À travers des investissements massifs dans l’agriculture locale, la mécanisation, l’accès au crédit pour les petits producteurs, et la création de dizaines de rizeries industrielles, Buhari transforma en profondeur le paysage agricole nigérian.
Résultat : une hausse spectaculaire de la production nationale de riz, une réduction des importations, et un début d’émancipation alimentaire. Cette dynamique inspira de nombreux pays du Sahel, dont le Niger, confronté aux mêmes défis structurels. Plusieurs délégations nigériennes s’inspirèrent du modèle nigérian pour développer leurs propres stratégies agricoles.
Une vision partagée avec le Niger : sécurité, souveraineté et solidarité
Au-delà du domaine agricole, Buhari s’est engagé aux côtés du Niger dans des dossiers fondamentaux pour la stabilité régionale. Qu’il s’agisse de la lutte contre Boko Haram, de la coordination sécuritaire dans le bassin du lac Tchad, ou du dialogue diplomatique au sein de la CEDEAO, Buhari n’a cessé de défendre une approche fondée sur la souveraineté partagée et la coopération entre États frères.
Un homme de rigueur, mais proche de l’Afrique réelle
Originaire de Katsina, tout près de la frontière nigérienne, Muhammadu Buhari connaissait intimement les réalités du Sahel. Son rapport au Niger n’était pas simplement géopolitique : il était aussi culturel et affectif. Il partageait avec le peuple nigérien des liens de langue, d’histoire et de mode de vie. Cette proximité se refléta dans son style sobre, dans sa retenue, mais aussi dans sa capacité à dialoguer avec les peuples de la région avec respect.
Une leçon politique pour l’Afrique contemporaine
Buhari ne fut pas un dirigeant spectaculaire, mais il incarna une certaine idée de l’État : rigoureux, économe, tourné vers l’intérêt général. Il laissa un héritage fait de sobriété et de vision. En misant sur la sécurité, l’agriculture et la souveraineté économique, il traça une voie que de nombreux pays, dont le Niger aujourd’hui en refondation, pourraient suivre avec profit.
Le Niger lui dit merci
Le Niger salue aujourd’hui la mémoire d’un homme d’État africain dont la discrétion n’a jamais masqué la profondeur des engagements. Son combat pour une Afrique maîtresse de ses ressources, nourrie par ses propres terres, protégée par ses propres forces, continue d’inspirer.
À Muhammadu Buhari, le Niger rend hommage : non seulement pour ce qu’il fut pour son pays, mais pour ce qu’il représenta pour toute l’Afrique. Une voix forte, une silhouette droite, et un projet : celui d’une Afrique debout, digne et souveraine.
Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)