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Journée Nationale de la Femme Nigérienne : au-delà du quota, pourquoi le 13 mai est crucial

Femmes Niger 13 mai 1Chaque 13 mai, le Niger honore la Journée Nationale de la Femme Nigérienne : retour sur la marche fondatrice de 1991, les thèmes 2023-2025, les avancées juridiques et économiques, les défis encore tenaces et le rôle moteur de l’entreprenariat féminin.

Une date gravée dans l’histoire politique du Niger
Le 13 mai 1991, des milliers de Nigériennes marchent jusqu’à la Primature pour exiger davantage de sièges à la Commission préparatoire de la Conférence nationale souveraine. Leur nombre passe immédiatement de une à cinq, et l’élan aboutit au décret n° 92-370 du 25 novembre 1992 qui inscrit la Journée Nationale de la Femme Nigérienne (JNFN) au calendrier républicain.

De la commémoration à l’outil de pilotage politique
Trente-deux ans plus tard, la JNFN est devenue un baromètre annuel. L’édition 2023, placée sous le thème « Femmes et développement », consacre l’idée que la croissance nationale passe par le leadership féminin. En 2024, l’intitulé « Entreprenariat féminin : levier d’un développement durable d’un Niger souverain » souligne l’inclusion financière et la priorité accordée aux zones rurales. Le programme prévisionnel 2025, centré sur « Le rôle de la femme dans la refondation nationale », promeut la souveraineté par la participation pleine et entière des Nigériennes aux réformes sociales et politiques.

Des avancées juridiques et institutionnelles substantielles
Le cadre légal s’est densifié : la loi sur le quota de 2000, révisée en 2019, impose au moins 25 % de femmes sur les listes électives et 30 % dans les nominations. Elle est complétée par l’Observatoire national pour la promotion du genre (2015), une Politique nationale du genre révisée en 2017 et, depuis février 2023, un Conseil national de la femme créé par le décret 2023-197 pour faire le lien entre société civile et pouvoirs publics.

Ces textes produisent des effets mesurables : de 1,2 % de députées en 2000, l’Assemblée nationale est passée à 30,12 % (51 femmes sur 166). Les conseils communaux dépassent désormais le millier de conseillères, et six femmes siègent au gouvernement sur trente-six portefeuilles, soit 16,66 %.

L’économie féminine en pleine montée en puissance
La stratégie nationale d’inclusion financière vise l’accès universel à des services adaptés, tandis que la Stratégie d’autonomisation économique des femmes encourage crédit, foncier et technologies. Illustration concrète : la deuxième Foire nationale des femmes transformatrices, le 10 mai 2025 à Birni N’Gaouré, a réuni plus de cinq cents exposantes des huit régions. L’événement montre comment le numérique ouvre les marchés aux cheffes d’entreprise artisanales.

Des défis persistants que le quota ne suffit pas à résoudre
Malgré ces progrès, les violences basées sur le genre, les mariages précoces et l’accès inégal au crédit ou à la terre continuent de freiner l’émancipation, en particulier dans les zones rurales. Des voix féministes nigériennes soulignent qu’il faut désormais aller au-delà du quota pour combattre les pesanteurs socio-culturelles qui rendent la violence domestique « quasi normale » aux yeux de certaines victimes. L’objectif : transformer la progression numérique en véritable pouvoir d’influence et briser l’impunité autour des violences.La société civile, partenaire de la résilience

Vers une souveraineté inclusive
La transition politique actuelle inscrit l’entreprenariat féminin, le numérique et le financement sensible au genre au cœur de la refondation nationale. Les autorités sollicitent également la diaspora féminine pour capitaliser sur les réseaux extérieurs, tandis que la société civile plaide pour un observatoire temps-réel des inégalités qui guiderait les politiques publiques.

De simple hommage, la JNFN est devenue une plateforme stratégique où s’évaluent chaque année les écarts à combler et les réussites à consolider. La marche de 1991 a créé une dynamique que les lois, les programmes économiques et l’engagement associatif continuent de nourrir. En articulant progrès juridiques, autonomisation financière et lutte contre les violences, le Niger démontre que l’émancipation de ses femmes n’est pas un supplément d’âme, mais un levier de souveraineté et de développement durable.
Boubé Guédé (Nigerdiaspora)