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Djibo Bakary : 27 ans après, l’héritage d’un pionnier de l’indépendance toujours vivant​

djibo bakary 27 ans apres lheritage dun pionnier de lindependance toujours vivantLe 16 avril 1998 s’éteignait Djibo Bakary, figure emblématique du combat pour l’indépendance du Niger et fondateur du parti Sawaba. Vingt-sept ans plus tard, son engagement pour la souveraineté nationale et l’émancipation des peuples africains continue d’inspirer. À l’occasion de la commémoration de sa disparition, un vibrant hommage lui a été rendu, rappelant l’importance de transmettre aux jeunes générations les valeurs de fidélité, de courage et de patriotisme.​

Un parcours engagé pour l’indépendance
Né en 1922 à Soudouré, Djibo Bakary débute sa carrière comme instituteur avant de s’impliquer activement en politique. En 1946, il devient le premier secrétaire du Parti Progressiste Nigérien (PPN), affilié au Rassemblement Démocratique Africain (RDA). Opposé à la ligne pro-française de certains leaders africains, il fonde en 1954 l’Union Démocratique Nigérienne, qui deviendra plus tard le Mouvement Socialiste Africain Sawaba.

En 1956, il est élu premier maire africain de Niamey. L’année suivante, il accède à la vice-présidence du Conseil de gouvernement, puis en 1958, à sa présidence, devenant ainsi le premier Nigérien à exercer le pouvoir exécutif local sous l’administration coloniale .​

Un combat pour une indépendance immédiate
Partisan d’une rupture totale avec la tutelle coloniale, Djibo Bakary milite pour le "non" au référendum constitutionnel de 1958 proposé par la France. Malgré une campagne marquée par des pressions et des intimidations, le "oui" l’emporte, conduisant à son éviction du pouvoir et à l’interdiction du Sawaba en 1959 .​

Contraint à l’exil, il poursuit la lutte depuis le Ghana, le Mali et la Guinée, soutenu par des mouvements anti-impérialistes africains et des pays du bloc socialiste. Le Sawaba organise alors des actions de résistance, dont une tentative d’invasion du Niger en 1964, qui échoue face à la répression du régime en place .​

Un retour discret et une reconnaissance posthume
En 1974, après le coup d’État militaire, Djibo Bakary est autorisé à rentrer au Niger, à condition de se retirer de la vie politique. Malgré cette restriction, il reste une figure morale influente. En 1991, avec l’ouverture démocratique, il fonde l’Union des Forces Populaires pour la Démocratie et le Progrès – Sawaba (UDFP-Sawaba) et se présente à l’élection présidentielle de 1993, où il obtient un score modeste .​

Depuis sa disparition, son héritage est progressivement réhabilité. En 2024, dans un geste symbolique fort, les autorités nigériennes ont renommé l’Avenue Charles de Gaulle à Niamey en Avenue Djibo Bakary, affirmant ainsi la volonté de rompre avec le passé colonial et de célébrer les héros nationaux .​

Un appel aux jeunes générations
La commémoration du 27e anniversaire de sa disparition a été l’occasion de rappeler l’importance de son combat pour l’indépendance et la justice sociale. Des voix se sont élevées pour inciter la jeunesse nigérienne à s’inspirer de son engagement, en cultivant les valeurs de fidélité, de courage et de patriotisme. Dans un contexte où le Niger cherche à renforcer sa souveraineté et à affirmer son identité, l’exemple de Djibo Bakary demeure une source d’inspiration majeure.​

En honorant sa mémoire, le Niger rend hommage à tous ceux qui ont lutté pour la liberté et l’émancipation du continent africain. Leur héritage constitue un socle sur lequel les générations actuelles et futures peuvent bâtir un avenir plus juste et souverain.​
Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)