Skip to main content

Assainissement en milieu urbain : Un moyen efficace pour lutter contre le paludisme

La salubrité constitue un élément important, une arme efficace dans la lutte  contre le paludisme dans nos villes. Car, il est connu de tous que les lieux insalubres sont les principaux gîtes où les moustiques se reproduisent et prolifèrent. Le constat dans certains quartiers de Niamey prouve à suffisance qu’une frange des habitants de la capitale ne semble être véritablement pas consciente de cet état de fait. Les tas d’immondices sauvages ainsi que les flaques d’eaux  nombreuses  dans différents quartiers de la ville. constituent non seulement des obstacles à la circulation par endroit mais aussi et surtout servent de lieux de reproduction par excellence des moustiques et autres espèces d’insectes. Aucun quartier ne semble épargné par le phénomène d’insalubrité. Qu’il s’agisse des quartiers du centre-ville, de la banlieue voire des villages environnants, les ordures et les flaques d’eau continuent de cohabiter avec les humains autour des maisons, des marchés, et même des bâtiments publics, comme les écoles, les centres de  santé.

Le cas illustratif de ce mal-être c’est, les espaces verts réalisés de la ville de Niamey à grand frais. Jadis bien aménagés et  attrayants, ils  offrent de nos jours un visage peu enviable, ils ont été transformés en urinoirs sauvages à ciel ouvert, en dépotoirs d’ordures par ceux-là même qui sont sensés en profiter. Le cas le plus illustratif, c’est la place Anoutab en plein centre-ville. Cette place aménagée pour donner un cadre idéal de distraction et de détente aux jeunes n’est plus que l’ombre d’elle-même, surtout que les autorités ont pensé donner aux jeunes la connexion Internet gratuite.  Même constat au niveau de l’espace vert du quartier Aéroport où certains citadins n’hésitent pas à y jeter toutes sortes d’objets usagés ; pneus, vieux  habits et même des cadavres d’animaux. Les différentes places vertes longeant le boulevard Askia Mohamed sont devenues par endroit des dépotoirs qui ont remplacé les  jardins potagers que les autorités municipales d’alors ont créés. A cela s’ajoutent les multiples flaques d’eaux qui se forment après chaque pluie et qui se prolongent jusqu’à la fin de la saison des pluies.

Tous ces endroits et bien d’autres non encore cités  sont aujourd’hui des lieux propices à la reproduction et la prolifération des moustiques dont on sait qu’ils sont les principaux agents vecteurs  du  paludisme, lui-même responsables de la mort des milliers de personnes dans notre pays et  des centaines de milliers de personnes en Afrique.

« Le paludisme est un ennemi tenace de la santé publique. En 2021, cette maladie a tué 619 000 personnes, dont environ 96 % vivaient en Afrique. Le paludisme est six à 20 fois plus susceptibles de se propager dans les environnements exposés aux moustiques que le variant Omicron du SARS-CoV-2 », avait déclaré la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Dr Matshidiso Moeti à l’occasion de la 16e journée mondiale de lutte contre le paludisme célébrée le 25 avril dernier. Selon les données de la surveillance épidémiologique, le Niger a enregistré un total de 4 818.559 cas de paludisme confirmés, dont 5.623 décès en 2021.

En septembre 2022, le ministre en charge de la Santé publique, Dr Illiassou Idi Mainassara avait indiqué, à l’issue d’une visite dans les formations sanitaires, que du 1er janvier au 1er septembre 2022, le pays a enregistré 1. 312. 900 cas de paludisme. Sur la même période, l’on a déploré 900 cas de décès de suite de la maladie.

Dans ce contexte, l’information selon laquelle la communauté scientifique serait en train de développer un vaccin contre le paludisme était reçue avec une grande joie, surtout  dans les pays africains où la charge palustre est élevée et où les conséquences sont des plus dramatiques. Mais un vaccin seul ne suffit pas à combattre le paludisme qui a fait souffrir des millions de personnes et qui endeuille des milliers de familles. L’assainissement de l’environnement immédiat est aussi primordial. Dormir sous des moustiquaires imprégnées d’insecticide contribue certes à la lutte contre le paludisme, mais les moustiques peuvent piquer à l’extérieur, donc la principale stratégie reste et demeure l’assainissement de notre environnement.

À Dares-Salam dans l’arrondissement communal Niamey 2,  les habitants considèrent que  c’est le marché même qui est la source d’insalubrité du quartier. En effet, le ravin par lequel s’évacuent les eaux de ruissellement est complétement obstrué par les déchets. C’est une situation difficile pour eux. Au milieu des habitations, se tient une montagne d’immondices et des tas d’ordures avec une odeur répugnante et embarrassante nuit et jour. Mais les nuits sont encore plus difficiles car, les moustique qui y trouvent refuge déferlent dans les maisons avoisinantes.

« C’est désolant, ces déchets nous rendent la vie difficile. Pire, des habitants du quartier déversent les eaux des douches dedans », se plaint Abdoul-Moumouni Boureima, un habitant du quartier. Il y vit, depuis plus d’une dizaine d’années. En quête de solutions pour assainir le quartier, Abdoul Moumouni Boureima nous renseigne qu’ils ont l’habitude de rapporter la situation à la mairie. Mais, déplore -t-il, c’est toujours sans effet, car les déchets qui s’entassent ici constituent un risque d’inondation. « C’est à la fois favorable pour les moustiques, mais aussi un risque sérieux d’inondation, car c’est le passage des eaux des pluies », explique davantage Boureima.

Idrissa Issaka, un autre habitant du quartier dont le mur de sa concession fait dos aux tas d’immondices pointe du doigt les occupants du marché Dares-lam. « Les déchets proviennent du marché. Nous ne respirons pas bien ; l’odeur est insupportable et est source de maladies. Pire, les moustiques rendent nos enfants malades ». « Nous lançons notre cri de cœur auprès des autorités municipales afin de nous rendre vivable cet endroit en collectant régulièrement ces déchets et prenant  des mesures pérennes de salubrité », souhaite Idrissa Issaka.

Pour Boureima et Issaka du quartier Dares-lam, ainsi pue pour de beaucoup de citadins d’autres quartiers interrogés sur la question, la lutte contre l’insalubrité environnementale est l’affaire de tous. Ceci par ce que, disent-ils, « le moustique qui transmet le paludisme pourrait venir de notre environnement immédiat. Pour y parvenir, une prise de conscience est nécessaire pour la gestion des déchets ménagers ». La Ville de Niamey doit être accompagnée par les habitants pour rendre l’environnement propre et éviter ainsi la démultiplication des moustiques responsables  du paludisme, estiment-ils.

« La gestion des déchets ménagers constitue un enjeu énorme de la vie quotidienne de nos populations, et la problématique risque de s’aggraver durablement au vu de la forte croissance démographique et de l’urbanisation galopante » avait déclaré à l’ANP en 2021 le chef de service d’assainissement de la ville de Niamey, M. Sékou Abdoul Aziz. Selon lui, indique l’ANP, les conséquences potentielles et avérées liées à la difficulté de la gestion des déchets sont énormes, tant sur le plan de l’habitat et des conditions de vie des populations, que sur le plan institutionnel, économique et social.

L’Organisation mondiale de la santé veut réduire de 90 % l’incidence du paludisme et de la mortalité associée d’ici à 2030. Mais ce vœu pieux de l’agence onusienne ne peut se réaliser que si les personnes, pour qui cet objectif est fixé, apportent leur contribution. Et cela passe nécessairement par l’assainissement de notre milieu de vie. La salubrité globale  jouera  un rôle clef parmi les stratégies.

Oumar Issoufou (ONEP)

 

Lire aussi >>>> Mieux gérer les caniveaux pour une lutte efficace contre le paludisme

Niamey  manquent cruellement des caniveaux suffisants pour l’évacuation des eaux usées et de ruissellement, notamment dans les quartiers périphériques. Pour les quartiers qui en disposent la gestion de ces ouvrages constitue une source de préoccupation dans la mesure où ces ouvrages restent désespérément ouverts pour la plupart et sont transformés en dépotoirs. En ce debut de saison pluvieuse, beaucoup de caniveaux ne sont pas curés et ressemblent à  des dépotoirs sauvages où  les eaux usées et celles de ruissellement stagnent formant des  foyers qui facilitent le développement  des larves des moustiques qui éclosent, entrainant  la prolifération des moustiques.

A Banga-Bana, un quartier de l’arrondissement communal Niamey 5, les caniveaux sont des sources de préoccupations pour les habitants.  Et pour cause, ces ouvrages sont pratiquement ouverts et remplis de sable et autres déchets : cailloux, déchets ménagers et sachets plastiques. Toute chose qui pose un problème sanitaire et dont les habitants s’en plaignent régulièrement.

M. Mahamadou Ali, un habitant du quartier depuis plusieurs années souligne que les caniveaux qui traversent sa zone sont pour le moins exécrables pendant la saison des pluies. Mais pas que, puisqu’en saison sèche aussi, les eaux usées des ménages, du fait du non  écoulement servent d’abris et des nids de reproduction aux moustiques.  Selon lui ces lieux dégageant des odeurs  nauséabondes en longueur  d’année   empêchent aux habitants de bien respirer en plus des maladies qu’ils favorisent.  « Depuis que je vis dans ce quartier, j’ai ma ‘’fada’’ qui s’animait toutes les nuits et c’est à côté des caniveaux. Mais vu la saison pluvieuse qui  s’installe progressivement, tout le monde est obligé de rentrer chez lui à cause des moustiques qui s’y développent », a-t-il déclaré.

«Cette situation est la source du paludisme pour nos enfants», se plaint Mahamadou Ali. Ainsi il pointe du doigt le comportement des riverains qui versent des ordures et les eaux usées dans les caniveaux. Pour l’instant son souhait est de voir les autorités municipales lancer une vraie opération de « curage des caniveaux mais aussi et surtout de pulvérisation d’insecticides dans  ces endroits avant que la pluie ne s’installe véritablement ». De l’autre côté du quartier kirkissoye1, les caniveaux, là où ils existent, font plus du tort que du bien aux riverains car, présentant les mêmes caractéristiques. Ils sont ouverts par endroit et servent de dépotoirs, d’où les soucis des habitants.  La stagnation des eaux des pluies associées aux déchets est une source de maladie, se soucie M. Nasser Saley.

Interrogée sur la question,  Mme Hadjara, une femme résidant  au quartier Banga-Bana, exprime toute son angoisse pendant la saison hivernage. « Quand il pleut nous sommes tourmentées. Les passages sont bloqués, et les caniveaux sont bouchés. Je vis depuis 11 ans dans ce quartier, mais chaque année, c’est le même calvaire », se désole-t-elle. La  stagnation des eaux rend difficile la mobilité dans le quartier. « Les voies sont inaccessibles quand il pleut, puisque les caniveaux n’évacuent pratiquement plus rien. Pour se  déplacer et aller chez un voisin, c’est dans l’eau stagnée mélangée avec les ordures qu’il faut marcher, chaque fois après la pluie», dit-elle.  Préoccupée par ce problème, une autre habitante du quartier, Mme Fatouma D déplore le manque de traitement des caniveaux qui consiste au moins à utiliser les produits insecticides pour lutter contre le développement des moustiques. « Pendant les fortes pluies, étant tout près de la mare,  nous nous retrouvons dans une situation difficile. Notre souhait est d’être à l’abri des moustiques. Nous avons toujours souhaité que les caniveaux soient couverts, à défaut êtres curés très tôt avant le début de la saison pluvieuse », lance-t-elle. A l’instar de Hadjara et Fatouma, beaucoup de femmes de ce quartier situé à la lisière de la mare se soucient de cette situation car,  le paludisme qui servit presque tout au long de l’année atteint son pic en cette période de l’année.

Salima Hamadou Mounkaila (ONEP)

Source : https://www.lesahel.org