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Consommation de la chicha : Un mal silencieux qui guette la jeunesse

L’usage de la chicha s’est largement répandu dans le monde et est devenu l’excitant par excellence des jeunes. Jadis consommé dans le monde arabe, la chicha est devenu monnaie courante à travers le continent africain et particulièrement au Niger. Dans les grands centres urbains comme Niamey, les jeunes en ont fait leur véritable passe-temps. En effet, beaucoup de jeunes juniors et seniors s’adonnent à la consommation de ce produit largement disponible. La chicha est en vente un peu partout dans les marchés et dans les quartiers de Niamey.

Munis de leur boite à chicha, composée d’un vase ou réservoir, d’un tuyau, d’un foyer et d’une colonne ou cheminée qui prépare la chicha, ils sont nombreux les jeunes qui détruisent inconsciemment leur santé. La préparation se fait  suivant un processus bien défini. Une à deux minutes après la préparation, la chicha est prête à être consommée. Pour plus de fraicheur, il est possible d’ajouter des glaçons dans le vase. Il existe toute une multitude de produits à chicha aux senteurs de pomme, de cerise, de menthe d’ananas, de mangue, de raisin, de vanille, de love, de fraise, etc.

Plusieurs raisons poussent cette jeunesse à aller vers cet excitant. Attirés par les différentes saveurs qu’offre la chicha, beaucoup de fumeurs aiment se retrouver autour d’un dispositif à chicha pour profiter du parfum. Abdourahmane, un jeune étudiant de l’Université Abdou Moumouni explique ses raisons. «J’aime la bonne odeur de la chicha. Personnellement, je consomme la chicha pour me sentir bien et dissiper mes soucis. Franchement, après avoir fumé un bon coup de ce produit, j’arrive toujours à trouver des solutions à mes tracas» a-t-il dit.

Dès au départ, la chicha n’est consommé que par les jeunes garçons, mais aujourd’hui, même des jeunes filles s’adonnent à la consommation de ce produit, comme l’explique Abdourahmane. «Vous savez le monde évolue, et l’on évolue avec. Nous fréquentons des filles qui aiment la chicha, donc nous les invitons pour un peu changer d’air » confie-t-il. Bien que conscient des effets néfastes pour l’organisme, ces jeunes consomment à volonté la chicha. Mieux, Abdourahmane avoue avoir suivi des séances de formation sur les dangers liés à la consommation de la chicha mais il continue toujours à en prendre.

Le sujet est devenu préoccupant au point où, le 8 novembre 2021, la division de la protection des mineurs et des femmes de la sécurité publique de la Police Nationale a entrepris une vaste campagne de sensibilisation des jeunes sur les méfaits de la chicha sur la santé au sein des établissements scolaires, les fadas, et les endroits sensibles de la capitale Niamey. Mais jusque-là, le fléau continue.

A l’occasion de la célébration de la journée mondiale sans tabac, le ministre de la Santé Publique de la population et des affaires sociales a livré un message dans lequel il a souligné qu’en dépit de tous les efforts consentis par l’Etat dans le cadre de la lutte antitabac, d’autres phénomènes nouveaux comme celui de la consommation de la chicha, de la cigarette électronique et des produits chauffés se sont ajoutés à la cigarette électronique classique. « Cette tendance à la consommation effrénée de la chicha, particulièrement pour notre jeunesse constitue un sujet de réelles préoccupations au niveau des individus, des familles, de la société et de l’Etat», a-t-il dit.

Selon une étude du site Europa 1, l’organisation mondiale de la santé est claire sur le sujet. La chicha est aussi nocive que la cigarette. En effet, selon cette étude, la fumée de la chicha libère lors de la combustion environ 4.000 substances chimiques qui vont être soit irritantes, soit toxiques, soit cancérigènes. La durée d’une session de fumage de la chicha est plus importante que celle de la cigarette. En effet, une cigarette est consommée en moins de 12 bouchées pour une durée de 5 minutes environ alors que la chicha est consommée sur plus de 50 bouchées sur une durée de 30 minutes voire une heure. Pour l’OMS, une seule séance de chicha a le même impact sur la santé que le fait de fumer 20 à 30 cigarettes.

Selon M. Abdoul-Wahab Boubacar, un médecin en service dans une clinique de Say, les substances toxiques de la chica attaquent les poumons, les lèvres. «La chicha est plus nocive que la cigarette, elle augmente le risque du cancer, des bronchites chroniques et les problèmes cardiovasculaires», a-t-il dit. En outre, l’utilisation d’un seul tuyau par une masse importante peut engendrer des risques de contamination par des bactéries ou des virus. Le médecin prodigue par ailleurs des conseils à la jeunesse qui est devenue accroc à cette substance. «La chicha détruit l’organisme. Il faut par conséquent éviter d’approcher ce produit car, c’est un danger pour la santé», a-t-il conseillé.

Fatiyatou Inoussa (ONEP)

Source : https://www.lesahel.org