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Le calvaire des pèlerins nigériens lors du Hadj 2023 : entre conditions abominables et risques aériens"

Comme vous le savez déjà, le Hadj édition 2023 ressemble aux onze éditions précédentes, c’est-à-dire qu'il se déroule dans des conditions abominables pour les pèlerins. Ces derniers ont dû consentir d'énormes efforts pour rendre possible ce rendez-vous important de la foi islamique. Ce calvaire des pèlerins nigériens dans leur périple spirituel dure depuis que le régime de la Renaissance a décidé de confier la question du transport du Hadj à une compagnie privée étrangère, appelée "Max Air", appartenant au riche homme d’affaires du Katsina, Tahirou Mangal. Ce quasi-monopole donné à cette compagnie s'est fait au détriment des compagnies aériennes nationales qui effectuaient le Hadj depuis longtemps, bien avant l'intervention de Max Air en 2011, année de l'accession au pouvoir de qui vous savez. Si ce n'est pas des avions qui attendent les pèlerins pendant des heures, ce sont parfois des aéronefs bons seulement pour la casse et le recyclage. La renaissance et Mangal, quelle combinaison ! Un exemple flagrant de cette situation s'est produit la semaine dernière, lorsque le Boeing 747 de Max Air, avec à son bord 550 pèlerins, n'a pas pu décoller de la piste de l'Aéroport international Diori Hamani de Niamey pour des raisons techniques. Eh bien, les pauvres pèlerins ont dû rester à bord pendant 19 heures, soit 7 heures chrono, avant de pouvoir débarquer. Certains pèlerins ont même commencé à suffoquer dans l'avion. Manifestement, il s'agit là d'une grave violation des règles de la sûreté aérienne, qui stipulent que les passagers ne doivent pas rester plus de deux heures à bord d'un avion en panne en cas de difficultés mécaniques sur un vol commercial. Le principal risque encouru par les passagers dans un avion au sol est précisément le manque d'oxygénation, car il faudrait une alimentation extérieure en énergie pour maintenir la climatisation à bord. En l'absence de cette alimentation, les passagers peuvent avoir des difficultés respiratoires qui peuvent être fatales pour certains d'entre eux, notamment ceux souffrant de maladies respiratoires antérieures. C'est cette catastrophe que les pèlerins nigériens ont vécue à bord de ce vol charter. Pire encore, au lieu d'annuler simplement le vol le temps de chercher un autre avion, étant donné le grand risque de faire embarquer les passagers dans un aéronef qui venait d'être réparé sans avoir effectué de vol d'essai, les pauvres pèlerins ont été envoyés directement à la morgue. Dans tous les cas, en cas de catastrophe aérienne, ces pèlerins ne mourraient pas en vain, mais en martyrs de leur religion, donnant ainsi un sens inachevé à cette aventure spirituelle ! Cependant, pour le transporteur, qui connaissait les risques encourus par les passagers en les faisant voyager sur un appareil réparé pendant plusieurs heures (7 heures), la responsabilité serait immense et lourde à porter sur sa conscience, avant de devoir rendre des comptes devant Dieu, le grand Juge ! Heureusement, ce scénario catastrophe ne s'est pas produit, car l'avion est arrivé à destination, louons Dieu !

Cependant, ce cas soulève la question de la certification aéronautique dans son ensemble, lorsque des aéronefs tels que ceux souvent utilisés par Max Air peuvent être autorisés à circuler dans les cieux. Il est légitime de se demander ce que font réellement nos experts de l'ANAC, qui devraient être les gardiens du respect des règles de sécurité de la navigation aérienne. Leur réponse serait simplement que le propriétaire de ces "cercueils volants" est trop puissant, qu'il est proche du pouvoir et qu'il peut donc faire ce qu'il veut au Niger ! Il aurait même un "permis de tuer", lorsque l'un de ses engins volants peut se permettre de transporter plus d'un demi-millier de pèlerins après plusieurs heures de réparation bricolage au sol !
Aliou Badara