Niamey - Ceinture verte : quand les démunis paient le prix des fautes des ministres, maires et lotisseurs
Ceinture verte / désarroi des déguerpis : Pourquoi épargner les ministres, les maires et les lotisseurs ?
C’est la question que bien de personnes se posent. Car ce sont bien des ministres qui ont signé des arrêtés, des maires qui ont morcelé des espaces réservés dont la ceinture verte, et des lotisseurs qui ont vendu à des acheteurs. C’est donc de là qu’il faut partir pour rassurer que le dossier se gère bien. Car des familles, depuis le temps qu’on fit planer la menace de la démolition de leurs habitats, avaient crié leur désarroi, leur peur de se retrouver dans la rue, inquiètes de voir leurs enfants et des femmes dans la rue, exposés aux intempéries pendant cette saison de pluies. Et alors que des voix s’élevaient pour demander aux autorités plus d’indulgence et de coeur dans leur décision pour différer sa mise en oeuvre, le temps au moins que passe la saison pluvieuse. Aussi, refusant de tenir compte de l’aspect social d’une telle mesure, l’on a entendu le niet des autorités, décidées à ne reculer devant aucun cri qui redoute le désastre qui risque d’arriver. Le désastre est désolant. Il s’agit ici de ceux qui, démunis, quittaient les campagnes pour créer autour de la ville, formant des bidonvilles infectes, et construisant des habitats de fortune, précaires, pour s’insérer dans la ville alors qu’ils n’ont pas les moyens. L’Etat qui a le devoir de protéger le citoyen, peut-il, même s’il peut avoir les moyens de s’en défendre, rester indifférent face à des gens qui, malgré les avis dissuasifs, ont passé outre pour habiter anarchiquement une ceinture verte dont l’occupation est pourtant interdite ? Quelle scène horrible que de voir ces foules entassées au bord de la rue, perdues, ne sachant où aller quand, certains, depuis le temps qu’ils s’installaient là, avaient oublié le village, et peut-être même, le chemin qui y mène.Ces derniers, eux, n’ont eu aucune chance et l’on peut le comprendre même si la responsabilité d’Etat voudrait qu’ils aient, en tant que citoyens, le droit d’être pris en charge ainsi que la loi fait obligation à l’Etat de les protéger, pour éviter des drames humains qui pourraient en résulter si des mesures ne sont pas prises pour amoindrir les conséquences sur la vie déjà précaire de cette frange très vulnérable de la société. Gouverner, c’est faire attention à tout.
Malgré l’aspect très sensible et social de cette affaire pour laquelle l’on pourrait déplorer le manque de tact pour moins heurter les sensibilités, laissant le débat céder à la passion qui pourrait éloigner de l’apaisement pour trouver un terrain d’entente qui ferait moins mal pour préserver le social. On n’est d’ailleurs que rassuré d’entendre des protagonistes qui se laissaient aller à des envolées lyriques teintées de colère, revenir à un ton apaisant pour exprimer leur disponibilité au dialogue, et mieux, à soumettre aux pouvoirs publics des propositions de solution pour régler dans le consensus la crise que la décision de l’Etat de reprendre ses droits sur cet espace a créée depuis des jours.
Agir dans la justice…
Mais, il reste que l’équité dans la gestion de ce problème voudrait que l’Etat, pour la pédagogie, n’épargne pas ceux qui, commis de l’Etat, les ministres comme les maires et autres administrateurs délégués, ont loti et mis en vente cet espace dont ils savent bien le statut qui ne peut les autoriser à le mettre sur le marché pour le céder à des acquéreurs privés.Ces gens sont connus et l’on sait ceux qui, de la commune indexée, ont signé ces documents que des « propriétaire » brandissent aujourd’hui pour faire croire qu’ils sont dans leur droit. Il s’agit de mettre fin au laisser-aller qui avait cours dans le pays, toute chose que le CNSP disait venir régler dans le pays pour mettre fin à l’impunité et à certaines pratiques. Le dossier doit être traité dans sa globalité, chacun devant répondre de ses actes. Il ne s’agit pas seulement de faire trinquer, pleurer, les acheteurs tout en épargnant ceux qui ont rendu tout ce bazar possible.
Mairiga (Le Courrier)