Nouvelles restrictions de visas : la diaspora nigérienne appelle à considérer sa situation particulière
Le gouvernement nigérien a annoncé, le 20 août 2025, de nouvelles restrictions concernant la délivrance des visas d’entrée sur son territoire. Cette décision, motivée par le principe de réciprocité, répond aux difficultés que rencontrent les Nigériens dans leurs démarches auprès de plusieurs chancelleries européennes.
Désormais, seules trois ambassades du Niger : (Genève (Suisse), Ankara (Turquie) et Moscou (Russie), sont habilitées à délivrer les visas d’entrée aux ressortissants de six pays : l’Italie, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni et l’Irlande du Nord. Les demandeurs issus de ces pays devront donc se rendre dans l’une de ces capitales pour obtenir leur visa.
Une exception demeure : l’Ambassade du Niger à Bruxelles reste compétente pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service, afin de ne pas entraver les missions officielles et les échanges institutionnels.
Une voix de la diaspora : ne pas oublier les Nigériens établis en Europe
En tant que Nigérien vivant en Europe, nous comprenons et saluons la volonté de nos autorités d’affirmer la souveraineté du pays face à des pratiques jugées discriminatoires. Cependant, une catégorie particulière mérite une attention spéciale : nos compatriotes établis en Europe qui, tout en ayant acquis une seconde nationalité, restent profondément attachés au Niger et continuent de le considérer comme leur pays d’origine.
Ces Nigériens, très nombreux, représentent une part significative des demandeurs de visas. Ils voyagent régulièrement vers le pays pour des raisons familiales, sociales ou économiques. Derrière chaque demande se cache une histoire : assister à un mariage, participer à des congrès ou séminaire, investir dans un projet local, ou simplement maintenir le lien vital avec la terre natale.
Or, les nouvelles dispositions risquent de compliquer ces déplacements. Se rendre à Genève, Ankara ou Moscou pour obtenir un visa représente un coût et des contraintes lourdes pour beaucoup de familles déjà fragilisées par la distance.
Pour une prise en compte de la diaspora dans l’application des mesures
Il conviendrait, avec tout le respect dû aux institutions, que les autorités compétentes procèdent à un réexamen attentif de cette situation particulière. Le principe de réciprocité, bien que légitime et nécessaire, gagnerait à être appliqué de façon à préserver les intérêts de nos compatriotes qui, malgré l’acquisition d’une autre citoyenneté administrative, demeurent étroitement liés au Niger par leurs attaches affectives, culturelles et leur engagement constant envers le pays.
La diaspora contribue de manière essentielle à la vie nationale à travers ses transferts financiers, ses investissements productifs, ses actions sociales et culturelles ainsi que son rôle de relais diplomatique. Reconnaître et faciliter ses liens avec le Niger, même dans un contexte de fermeté diplomatique, constituerait de la part de nos autorités un geste fort et hautement symbolique.
Allier défense de la souveraineté et considération pour la diaspora, c’est envoyer un message clair : le Niger ne ferme pas ses portes à ses enfants, où qu’ils soient dans le monde.
B. G (Nigerdiaspora)