Abdoulaye Souna Souley – Les voix de la diaspora : “Agir pour la souveraineté”
Président-fondateur de l’ASBL S-EAU-S SAHEL, basé à Gand (Belgique), Abdoulaye Souna Souley a participé aux Assises nationales de la refondation en tant que délégué de la 9e région du Niger. Dans cet entretien, il revient sur le rôle fondamental de la diaspora, sur le contenu de la Charte et sur l’initiative agro-écologique qu’il porte dans le cadre de la souveraineté alimentaire.
Quelle est votre réaction à la promulgation de la Charte de la Refondation par le Président Tiani ?
Tout d’abord, permettez-moi de remercier Nigerdiaspora pour cette opportunité d’exprimer mon sentiment sur la promulgation de la Charte de la Refondation par le Président Tiani le 26 mars 2025.
Je tiens aussi à remercier tous ceux qui, à un titre ou à un autre, ont contribué au succès des Assises, avec une mention spéciale aux délégués de la diaspora, notre 9e région. Leur contribution a été remarquable, tant en quantité qu’en qualité, sur toutes les thématiques débattues.
D’ailleurs, selon les statistiques officielles du ministère de l’Intérieur, sur les 646 propositions reçues, 273 proviennent de la diaspora, soit 42 %. C’est une preuve de l’implication forte, sincère et stratégique de nos compatriotes vivant à l’extérieur.
La promulgation de la Charte de la Refondation est pour moi un moment historique, porteur d’un profond sentiment de satisfaction et d’espoir. Cette Charte marque une étape décisive dans la prise en main de notre destin national, après tant d’années de déceptions et de désillusions politiques.
Comme beaucoup d’autres, j’ai milité dans les années 90 pour la démocratie et le multipartisme. Hélas, ces idéaux ont été trahis par des élites politiques corrompues. La Charte, en revanche, porte un vent de renouveau, de justice et de souveraineté.
Pensez-vous que cette Charte reflète fidèlement les aspirations exprimées lors des Assises Nationales de la Refondation ?
Oui, je pense que cette Charte reflète fidèlement, et même au-delà, les aspirations du peuple nigérien exprimées lors des Assises.
Elle prend en compte les attentes majeures :
- Dissolution des partis politiques ;
- Création d’une nouvelle charte des partis ;
- Transition de cinq ans renouvelable ;
- Recours au référendum populaire sur les questions cruciales (bases militaires, souveraineté…).
Ces éléments montrent que la parole du peuple a été écoutée et respectée. De plus, la Charte met l’accent sur :
- La gestion transparente des ressources naturelles.
- L’équité territoriale.
- Le financement inclusif des projets de développement.
Elle ouvre aussi la voie à des mécanismes de gouvernance adaptés aux réalités actuelles, et fait entrer notre pays dans une ère nouvelle, fondée sur la responsabilité collective et la refondation structurelle.
Quel rôle la diaspora nigérienne devrait-elle jouer, selon vous, dans le suivi et la réussite de cette transition politique ?
La diaspora nigérienne peut jouer un rôle crucial, à trois niveaux :
En mobilisant son expertise
Notre diaspora regorge de compétences techniques, académiques, économiques et diplomatiques.
Elle peut :
- Faciliter des partenariats stratégiques ;
- Accompagner la réforme de l’État ;
- Soutenir des projets pilotes innovants (éducation, santé, sécurité, etc.).
En jouant un rôle de plaidoyer
Elle peut être un relais entre les autorités de la transition et les organisations internationales, les pays d’accueil, les médias, en expliquant clairement les enjeux du processus en cours et en déconstruisant les narratifs biaisés, notamment ceux de certains médias occidentaux qui, sans retenue, légitiment le terrorisme dans l’espace AES.
En assurant une surveillance citoyenne
La diaspora peut suivre l’évolution des réformes, alerter sur les dérives éventuelles, et contribuer à renforcer la redevabilité des autorités. C’est aussi un levier d’exigence démocratique, et non un simple bailleur.
Une initiative concrète : l’ÉCO-FERME VISAES
Je suis personnellement engagé dans un projet baptisé ECO-FERME VISAES :
Éco-Ferme Vertueuse et Innovante pour la Victoire de la Souveraineté Alimentaire dans l’Espace AES.
L’objectif est d’inciter la diaspora nigérienne, malienne et burkinabè à revenir investir dans l’agriculture pour atteindre la souveraineté alimentaire.
Ce projet vise à transformer le secteur agro-sylvo-pastoral et halieutique en le rendant plus :
- Productif ;
- Durable ;
- Résilient face aux défis climatiques et économiques.
Pour réussir, nous devons combiner expertise technique, investissement financier, innovation, et coopération régionale, en lien avec les États de la Confédération de l’AES.
Conclusion
Merci encore pour cette tribune.
Je suis convaincu que la diaspora nigérienne a un rôle fondamental à jouer dans cette refondation : en accompagnant la mise en œuvre des réformes, en soutenant les projets structurants, en contribuant à la reconstruction économique, sociale et institutionnelle du pays.
Comme le disait si souvent le doyen de la presse nigérienne, feu Elhadj Hima Adamou, dit Dama-dama :
« I si birgna fuula duumbu a banda »
(Soyons tous des acteurs de la refondation, pas des spectateurs.)
Vive la diaspora
Vive la refondation
Vive le Niger
Vive la Confédération de l’AES
Laabou sanni no – Zantchan Kassa né – Hala Leidi non
Abdoulaye Souna Souley
Président-Fondateur
ASBL S-EAU-S SAHEL – ONG ZAMANI FARMO DA KOURA
Fédération Diaspora pour la Coopération Solidaire
Gand, Belgique
Propos recueillis par Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)