Abdel-Kader Aboubakar – Les voix de la diaspora : “Une refondation intelligente”
Vice-président du bureau de l’organisation et de la structuration des débats des Assises locales de la diaspora nigérienne à Bruxelles, Abdel-Kader Aboubakar livre une lecture originale et technologique de la Charte de la Refondation. Il mobilise un vocabulaire numérique pour décrire une transformation profonde du système national, à laquelle la diaspora, selon lui, doit contribuer comme un moteur d’innovation stratégique.
Quelle est votre réaction à la promulgation de la Charte de la Refondation par le Président Tiani ?
La promulgation de la Charte par le Président Tiani consolide une refondation engagée il y a 20 mois. C’est une étape historique qui exige unité et vigilance, mais surtout une mutualisation sans précédent de nos forces vives. Nous ne changeons pas simplement quelques paramètres, mais installons un nouveau logiciel civilisationnel pour notre Nation, enrichi des compétences technologiques de notre diaspora.
Je formule d’abord le vœu que Dieu guide nos actions et soutienne le CNSP dans son combat pour préserver notre souveraineté et assurer notre développement, conformément aux quatre axes stratégiques. Cette démarche ne portera ses fruits que par une mutualisation rigoureuse de toutes nos énergies nationales, comme on mutualise les ressources dans un réseau informatique performant.
Ensuite, c’est un élan déterminé : « En avant pour la refondation ! » Le cadre est tracé, le paradigme renouvelé. Comme pour une migration logicielle de grande envergure, cette refondation demande pragmatisme, adaptations continues et surveillance des « bugs » potentiels, et surtout une mutualisation intelligente des compétences et des ressources. Cela nécessite des mises à jour régulières pour s’adapter aux défis imprévus, mais offre une base solide pour un avenir meilleur.
La puissance de cette mutualisation sera le véritable moteur de notre transformation.
Pensez-vous que cette Charte reflète fidèlement les aspirations exprimées lors des Assises Nationales de la Refondation ?
Absolument, et au-delà. Les 15 jours supplémentaires pour recueillir des contributions prouvent une volonté d’exhaustivité qui s’inscrit dans une logique de mutualisation des idées. Cette Charte ne résume pas les Assises : elle élargit le dialogue pour intégrer toutes les voix nigériennes, transformant ainsi la diversité des opinions en une force commune.
Je la vois comme l’interface utilisateur de notre nouveau système national, synthétisant mais surtout amplifiant les données entrées lors des Assises.
La Charte devient une base de données vivante pour l’avenir.
Notre diaspora, riche en compétences technologiques, peut jouer un rôle central dans cette phase : traitement automatique des langues nationales, analyse prédictive pour la gestion des ressources, computer vision pour la sécurité et l’agriculture intelligente, développement de chatbots citoyens pour l’administration.
Quel rôle la diaspora nigérienne devrait-elle jouer, selon vous, dans le suivi et la réussite de cette transition politique ?
Avant d’être diaspora, nous sommes Nigériens. Et notre diaspora est une mosaïque vivante de talents, d’expériences et de générations.
Elle réunit des jeunes diplômés, des chercheurs, des commerçants, des experts, des entrepreneurs, des personnes âgées qui portent la mémoire et la sagesse. Son histoire est celle du Niger, mais aussi celle d’une Afrique en mouvement. Chaque profil porte une part de notre avenir collectif.
La diaspora nigérienne est comme une constellation d’énergies connectées.
Dans l’éducation, dans la santé, dans l’innovation technologique, elle agit déjà. Et elle peut aller plus loin :
- développer des plateformes intelligentes de gestion publique ;
- créer des outils prédictifs pour l’agriculture et la sécurité alimentaire ;
- participer activement à la mise en place de systèmes de e-gouvernance.
Elle doit aussi cartographier ses compétences, développer des mentorats intergénérationnels, valoriser les parcours atypiques. La diversité est une force à canaliser.
Conclusion
La refondation est une migration systémique. Nous devons tous devenir les administrateurs de ce changement.
C’est cette mutualisation stratégique, à la fois technique, humaine et spirituelle, qui fera la différence.
Boostée par l’apport technologique de notre diaspora, cette refondation intelligente verra l’intelligence artificielle, combinée à notre sagesse collective, former le socle d’un Niger moderne et innovant.
Chaque contribution, qu’elle soit une pierre à l’édifice collectif ou une ligne de code au programme national, participera à cette œuvre commune.
Que Dieu bénisse le Niger et guide nos intelligences, naturelles et artificielles, vers le succès collectif !
Abdel-Kader Aboubakar, Vice-président du bureau de l’organisation et de la structuration des débats des Assises locales de la diaspora nigérienne à Bruxelles.
Propos recueillis par Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)