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Elections partielles de la Diaspora : Le double échec humiliant du PNDS Tarayya

Aux élections législatives partielles organisées dans la neuvième région, la Diaspora en l’occurrence, le PNDS Tarayya avait beaucoup misé sur sa prétendue suprématie pour les aborder comme un scrutin-test pour le nouveau président du parti Foumakoye Gado. Finalement, pour avoir péché par excès de confiance, le parti s’est effondré, découvrant la lente agonie dans laquelle il est désormais tombé, peut-être pour ne plus se relever de son mal. le PNDS devant, au même moment, faire face aux multiples contradictions qui le traversent. Cet échec, avant d’être celui du PNDS, est d’abord celui de son nouveau président, l’ancien ministre du pétrole et aujourd’hui Haut représentant du président de la République.

Mobilisant des moyens énormes pour des élections qui n’étaient pourtant pas d’un grand enjeu politique et misant sur la fraude, et conjoncturellement sur la guéguerre au Moden Fa Lumana, son adversaire de tous les temps, le PNDS dut se contenter de peu, ne pouvant même pas conserver ses acquis au niveau de cette circonscription âprement disputée, car ne recueillant que deux places de député au lieu des trois qu’il avait dans l’ancienne législature. Puisque tout ce qu’il mobilisait ne lui permettait pas de triompher dans ces élections, dans le remord de tant d’argent dépensé presque inutilement, le parti changea de fusil d’épaule, espérant se débrouiller du côté du juge électoral pour faire basculer les résultats à son avantage. Or, devant ce qui est évident, personne ne peut brûler la politesse aux Nigériens pour faire ce plaisir au parti socialiste nigérien car, quoi qu’on puisse dire, même la Cour Constitutionnelle a besoin de préserver un peu de son honneur pour ne pas trop s’exposer à la critique des Nigériens face à ce qui est de l’ordre de l’évidence.

Le PNDS, par son Président, le sieur Pierre Foumakoye Gado, saisit alors la Cour Constitutionnelle en espérant que celle-ci, par indulgence, annule pour ses plaisirs les résultats de certains partis politiques ayant participé à ces élections et trouver ainsi le moyen de s’emparer des places en compétition.

C’est par arrêté n°05/CC/ME du 05 juillet 2023-07-07 que l’on apprenait vers la fin de la semaine dernière que « […] le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS Tarayya) dont le siège est à Niamey, 613 Avenue de l’OUA, BP : 10824, représenté par son Président, ayant pour Conseil Maître Illo Issoufou, Avocat à la Cour, a saisi la Cour aux fins d’annulation des élections législatives partielles de la 9ème région (Diaspora) pour cause d’inéligibilité des listes des partis PNPD Akal Kassa, UPDR Kandé Gomni et Moden-Fa Lumana et d’en tirer les conséquences de droit (…] ». Si les deux partis visés – dont un est de la majorité – n’ont rien à perdre d’une annulation de leurs listes, il reste que pour un parti important de l’opposition qui lui dispute le leadership au niveau de la Diaspora, le Moden Fa Lumana Africa de Hama Amadou, en l’occurrence, qui compte comme le PNDS, deux députés sur les cinq sièges, le but visé par une telle initiative du PNDS ne fait l’ombre d’aucun doute. Il s’agit d’invalider ses résultats pour permettre au parti d’Issoufou Mahamadou de les récupérer, à défaut de la fraude empêchée, par ce que la Justice peut lui faire pour l’aider à se tirer d’affaire.

Et le parti a mis tout son coeur dans cette dernière initiative pour se donner un faux espoir de remporter l’élection. Mais, déjà les bases sur lesquelles il voudrait contester ces résultats qu’on lui a imposés par une campagne intensive qui lui aura montré que, quoiqu’il pense et fait, il ne peut être seul sur l’échiquier ainsi qu’il le pense. Ces résultats pourraient d’ailleurs montrer davantage que le parti, en vérité, ne peut incarner sur l’échiquier national, tant qu’on peut avoir des élections justes et transparentes, le leadership politique.

C’est sur quelques farfelues considérations que le PNDS a voulu contester l’éligibilité de certaines listes de partis politiques montrant par les raisons qu’il invoque pour justifier l’objet de sa saisine qu’il maîtrise peu les règles du jeu électoral. Comment un aussi vieux parti politique peut-il oser attaquer des résultats d’élection sur une base aussi légère ? Mais, que les raisons invoquées soient fondées ou pas, il reste qu’il a le DROIT de saisir la Cour. On ne peut donc pas être surpris que le Juge électoral juge recevable la requête conforme aux dispositions légales et notamment aux délais pour accepter de statuer au fond. On ne peut qu’être surpris quand la Cour, dans son arrêt, relève « Qu’il soutient que les listes des partis politiques n’ayant enregistré qu’une seule femme au lieu de deux doivent être déclarées inéligibles, et qu’il fait remarquer que les listes des partis PNPD Akal Kassa, UPDR Kandé Gomni et Moden-Fa Lumana, qui comportent chacune une seule femme violent les dispositions de l’article 3 nouveau […] citées ». En français facile comme dirait l’autre, le PNDS, ne cherche ni plus ni moins que l’annulation des deux postes de député que le Moden Fa Lumana a engrangées lors des élections législatives partielles, les deux autres partis visés par sa requête n’ayant pour objet que de brouiller des pistes. Tout le monde l’a compris. Ce n’est pas de la politique futée, fine.

La sentence cinglante et humiliante pour Tarayya…

Par le jugement rendu par la Cour, le PNDS subit un deuxième revers qui témoigne de ce qu’un temps a changé pour lui car pouvant désormais être débouté par une Justice dans le pays. Quand, « Hier » l’on pouvait lui donner raison sur tout, aujourd’hui, tel pouvait ne pas être le cas et ce depuis que le président de la République a rhabillé la Justice de ses prérogatives et de son indépendance pour dire le Droit au nom du peuple souverain. La Cour Constitutionnelle a donc statué et a rendu son arrêt. Le PNDS devra alors rester tranquille pour comprendre que tant qu’il ne changera pas de politique, la descente aux enfers amorcée ne peut que se poursuivre, les Nigériens aspirant à mieux dans leur vie et dans la démocratie. Aussi dit-elle dans son arrêt « Que la requête du PNDS Tarayya tendant à l’annulation des listes des partis ci-dessus cités et par voie de conséquence à l’annulation des élections partielles de la Diaspora du 18 juin 2023 est dès lors mal fondée » et donc non pertinente à justifier l’annulation souhaitée par les Roses nigériens. Aussi, quand même recevable en la forme, la Cour, du haut de sa science, et pour ce fait « au fond la rejette comme étant mal fondée ».

Bouc émissaire…

Depuis que le fiasco est consommé, l’on devra s’attendre à ce que plus de voix se lèvent dans le parti pour amputer la dégringolade au Président Bazoum qui ne ferait pas assez au parti et à ses militants. Il y a quelques jours, les réseaux sociaux ont donné le ton avec des prétendus militants déçus du parti qui s’en prennent vertement au président de la République qui ne ferait pas assez comme son prédécesseur pour le parti. Une telle campagne malsaine à dessein menée pourrait en réalité ne plus s’éteindre car motivée par un agenda que les observateurs de la scène politique nationale soupçonnent depuis longtemps. Cette raison qu’on avance pour trouver en Mohamed Bazoum un bouc émissaire tout à fait désigné, ne participe-t-elle pas d’une volonté pour alimenter un courant en gestation qui devra s’opposer, pour le même motif, à un éventuel mandat du Président philosophe ?

Bazoum sait que par ces élections, son parti paie pour sa gestion souvent désastreuse des dix dernières années et sans doute aussi par l’absence de charisme de celui qui a été stratégiquement placé à la tête du parti par les soins de l’ancien président pour le diriger à la suite de Mohamed Bazoum qui quittait symboliquement le parti pour assumer ses nouvelles charges. Il est donc évident que ces élections ouvrent plusieurs clés de lecture de l’échiquier et notamment des turbulences plausibles qui pourraient traverser le parti les mois prochains et dont quelques signes font déjà jour.

Comme quoi, en politique aussi, l’on doit plus craindre ses amis que ses adversaires déclarés. Un philosophe le sait mieux que quiconque.

Mairiga