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Sibylline Communauté internationale : Par Dr Farmo Moumouni

Sibylline Communauté internationale : Par Dr Farmo Moumouni

La communauté internationale daigne s'intéresser au Niger semble-t-il, non pas pour le scandale qui s'y déroule - le hold-up électoral - mais pour condamner ses conséquences directes - les violences post-électorales - d'une part, et pour d'autre part, appeler au dialogue.

Elle déborde d'attention, la Communauté internationale ! Elle vient à nous chargée de compassion et de modération.

Mais qu'est-ce cette communauté internationale que nous invoquons, que nous évoquons, que nous appelons et prenons à témoin, et qui parfois s'ingère dans nos affaires sans attendre que nous la sollicitions.

Qui est-elle ? Où est-elle ?

C'est nous dit-on une ensemble d'États, de Sociétés transnationales et d'Organisations non-gouvernementales.

Elle est partout et nulle part. Elle n'a ni corps ni figure. Elle est dispersée, éclatée. Jamais entière, c'est une partie du tout indéfini qui prétend être l'ensemble.

Sa voix n'est souvent que la voix des plus forts. En elle, trois choses sont fondamentales : l'imprécision, l'ambiguïté et le paraître.

Qu'à tout cela ne tienne ! Elle se veut quand-même la conscience du monde. Elle veut paraître à la fois comme la moralité universelle et la sagesse du monde.

D'ailleurs, nous en sommes membre, nous y participons comme figurants et plaignants.

La violence est chose condamnable. Mais il faut admettre aussi que la violence réponde à la violence. D'où qu'elle vienne - du gouvernant comme du gouverné - elle est répréhensible.

Or, c'est faire violence aux citoyens que de les dépouiller de leurs suffrages, c'est faire violence que de voler la victoire, c'est faire violence que de réprimer les protestations, d'étouffer la liberté d'expression et de procéder à des interpellations et arrestations arbitraires.

La gentille Communauté internationale, porteuse de morale et de sagesse, n'est point attentive à cela. Placée devant deux pôles de violences, elle en choisit un et condamne.

Mais encore, elle appelle au dialogue : un dialogue autour de la victoire, dialogue entre le camp auquel la majorité des Nigériens a donné la victoire, et celui qui a ravi la victoire.

Sage façon de reconnaître le hold-up électoral !

À quoi la sibylline Communauté internationale veut nous mener et nous astreindre ?

Les vainqueurs sont libres d'y aller, de prêter allégeance, et de vivre désormais dans la servitude. Ils sont libres de ne point négocier leur victoire de la défendre, de vivre dans l'honneur et la dignité.

Faire partie de la Communauté internationale n'empêche pas d'être Maître chez soi.

Tout à l'exception de la victoire pourrait être négocié entre Nigériens.

Et si d'aventure il y avait négociations, c'est le président victorieux : Mahamane Ousmane, qui devrait en fixer les conditions.

Farmo M.

28 février 2021
Source : https://www.facebook.com/moumounifarmoPhD