Idées & Opinions - Le Niger face à son défi : changer de mentalité pour construire l’avenir

Changer de mentalité n’est pas une tâche simple, mais c’est une nécessité vitale pour notre pays. Chacun de nous, du sommet jusqu’à la base, doit interroger sa manière de penser, d’agir et de se comporter. Car le développement n’est pas une équation simple : il ne repose pas seulement sur les routes tracées, les écoles construites ou les barrages érigés. Certes, ces infrastructures sont indispensables, mais elles ne suffisent pas.

Un pays ne peut réellement progresser que lorsqu’il allie ses acquis matériels à une dimension immatérielle trop souvent négligée : l’état d’esprit collectif. Discipline, justice, respect de la loi et amour sincère de la patrie constituent les fondations invisibles qui donnent sens aux routes, aux écoles et aux barrages. Sans cette base morale, les réalisations matérielles perdent leur valeur et s’effritent dans le temps.

L’impunité : une plaie nationale
Parmi les obstacles majeurs à ce sursaut figure l’impunité. Trop souvent, les lois s’appliquent aux plus faibles tandis que les plus puissants y échappent. Cette injustice nourrit la colère et détruit la confiance du peuple envers ses institutions. On jette en prison le voleur de rue, mais on laisse circuler librement le détourneur de milliards. Tant que cette inégalité perdurera, la société nigérienne ne pourra avancer.

La corruption : un mal enraciné
Autre fléau du développement, la corruption — qu’elle soit petite ou grande — ronge toutes les sphères de la société. Elle freine le progrès, décourage les honnêtes citoyens et entretient l’injustice. La combattre exige une justice indépendante et courageuse, capable de sanctionner aussi bien le corrupteur que le corrompu, quel que soit leur rang.

Justice et pouvoir : une fracture inquiétante
Il y a quelques semaines encore, un bras de fer entre la justice et le gouvernement a secoué le pays. Cet épisode a révélé la fragilité de notre équilibre institutionnel. Lorsque ceux qui incarnent l’autorité de la loi se retrouvent en confrontation ouverte avec ceux qui incarnent l’autorité politique, c’est la Nation entière qui vacille.
Comment espérer un changement de mentalité si les garants mêmes de nos textes peinent à s’accorder sur leur application ? Quand la loi devient un instrument d’oppression plutôt qu’un rempart contre l’injustice, c’est l’État lui-même qui perd sa légitimité. Les humiliations, les décisions arbitraires et les privilèges indus ternissent l’image de nos institutions et creusent un fossé dangereux entre dirigeants et citoyens.

Pour un sursaut collectif
Le Niger appartient à nous tous. Si chacun assume sa part de responsabilité et si nos dirigeants montrent l’exemple en respectant scrupuleusement les lois, alors le peuple suivra. Le changement de mentalité ne doit pas rester un slogan creux : il doit devenir une réalité vécue dans nos familles, nos lieux de travail, nos marchés et nos écoles.
Construire une Nation forte exige de bannir l’impunité, de réformer la justice, de combattre la corruption et de mettre fin aux abus de pouvoir. C’est à ce prix, et seulement à ce prix, que nous pourrons léguer à nos enfants un Niger digne, juste et prospère.
Amadou I.