Langues, cultures, valeurs : pourquoi le vivre-ensemble est la clé de l’avenir du Niger

« Pour que vous vous entre-connaissiez… ! »
Je viens de suivre une excellente vidéo de Cheikh Abdoul Madjid de la RDC sur la diversité des communautés humaines dans un pertinent commentaire de ce verset :« Ô hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnaissiez. Le plus noble d'entre vous, auprès d'Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand-Connaisseur », sourate 49, al-hujurat, verset 13.

J'ai souhaité commenter ce verset relativement au contexte de discorde que nous vivons en ces jours au Niger, relativement à nos langues. Il est clair qu’aucun esprit et aucune intelligence ne pourraient sonder la sagesse infinie de ce verset. Puisse Allah m’aider à la rectitude de mes propos

La diversité des langues, des cultures, des tribus, des communautés et des nations dans leur organisations socio-politiques, leurs structurations familiales et sociales, leurs modes de vie, leurs expressions culturelles et leurs rapports aux autres, sont un témoignage de la grandeur et de la sagesse d’Allah (Gloire à Lui). Allah, par sa mansuétude, a enseigné à l’humanité la raison pour laquelle Il a créé la gent humaine dans sa grande diversité. Au regard de ce verset, la raison est uniquement pour que les gens « s’entreconnaissent ».

Au Niger le mode de vie a structuré la population en sédentaires et de nomades. Dans ces deux ensembles, d’Est en Ouest et du nord au sud, les communautés sont connues pour leur générosité, leur courage, leur loyauté, leur sens de l’honneur, leur dignité, leur « amana », leur pacifisme, leur humilité, leur hospitalité, etc. Ce sont ces valeurs humaines qui constituent le terreau duquel émergera les bons croyants, car selon notre saint Prophète (Paix et salut sur lui), « les meilleurs d’entre vous sont les meilleurs avant l’Islam ».

N’est-ce pas ces valeurs que nous devrons rappeler en les uns et les autres et les mettre ensemble pour reconstruire le Niger ? Nous entreconnaitre à mon humble avis c’est redécouvrir ces qualités chez les Nigériens en leur rappelant ce qu’ils sont à l’origine.

La crise que nous vivons au Niger est une crise de l’humain. L’érosion des valeurs humaines héritées de nos terroirs est la principale raison de nos errements politiques et scandales de gouvernance.

Le Niger se refondera avec des hommes et des femmes imbues de valeurs humaines qu’ils auront d’abord puisées dans leurs terroirs et cercles familiaux. Il ne s’agit plus de se fier à des CV kilométriques pour choisir les hommes et les femmes qui doivent guider notre destinée. Seyni Kountché était très pointilleux sur le cru dans lequel il choisissait les hommes et les femmes qu’il mettait au service du Niger.

Ali ZADA
• Expert en politiques publiques ;
• Enseignant à Swiss Umef University de Niamey.