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A propos du nouvel hymne national : Par Dr Farmo Moumouni

Désormais, nous n’aurons plus à entonner la Nigérienne. Nous ne chanterons plus à tue-tête, ses paroles écrites par Maurice Albert Thierry. Nos fanfares, nos ensembles instrumentaux et orchestres ne s’appliqueront plus à reproduire sa musique composée par Robert Jacquet et Nicolas Abel François Frionnet. Ainsi en a décidé l’Assemblée nationale pour les citoyens qui s’égosilleront. L’hymne national nouveau est arrivé. Il a pour titre : Pour l’honneur de la patrie. Il nous épargne le déshonneur de clamer d’être fiers et reconnaissants (a je ne sais qui) de notre liberté nouvelle, quand celle-ci a été acquise par les luttes et sacrifices des hommes et des femmes de chez nous. Outre son titre qui évoque l’honneur dont nous avons grand besoin pour refuser l’asservissement et les humiliations dont nous sommes victimes, et la patrie que nous avons à protéger et à préserver pour nous-mêmes et pour les générations à venir, le mérite du nouvel hymne est d’avoir été composé (paroles et musique) par des Nigériens et des Africains (s’il est vrai que les arrangements ont été faits par le Malien Bonkana Maiga). Mais cet hymne nouveau reprenne-t-il l’État et la nation à hauteur souhaitée ? Represente-t-il notre identité culturelle ? Eveille-t-il et entretient-il suffisamment le sentiment de l’appartenance commune ? Crée-t-il chez celui qui chante, chez celui qui écoute cet élan affectif qui envahit le corps et l’âme et les unit à la patrie ? Je veux parler ici de l’émotion. Fait-il enfin mieux que son prédécesseur ? Pour pour moi, et c’est avec un fort sentiment de déception et de regret que je le dis, la réponse à ces questions est : non !
Sur le plan strictement littéraire et esthétique, le texte n’est pas d’une grande facture. Je déplore que la Muse n’ait pas de inspiré le poète Adamou Idé, et que le génie créateur de Monsieur Hadari ne se soit pas exprimé. De tous les éléments culturels, la langue est la plus intime, celle qui mieux que les autres véhicule l’identité. Rien, sinon l’absence de créativité et d’innovation, n’empêchait nos experts d’accorder une place prépondérante à nos langues nationales. Deux options majeures: Rédiger l’hymne entièrement dans nos langues nationales en agençant vers, couplets et refrains; Utilisation de la langue officielle, et introduction des langues nationales; Cela me paraît techniquement et artistiquement faisable. Peut-être n’ai-je pas l’oreille musicale. En écoutant cet hymne nouveau je n’entends qu’un air festivalier. Il est ici question de l’Etat et de la nation. Le chant qui leur est dédié doit dépasser celui du festival, pour être lyrique c’est-à-dire être capable de communiquer l’émotion, l’enthousiasme et l’exaltation. Je crois enfin - meme si j’ai été un des pourfendeurs de l’ancien hymne national - que le nouveau ne lui est pas supérieur tant du point de vue de l’écriture que de la musicalité. Le nouvel hymne aurait pu mieux faire. Nous perdons trois occasions : une occasion d’exprimer notre génie créateur, l’occasion d’affirmer notre identité, et l’occasion de promouvoir nos langues nationales.

Par Dr Farmo Moumouni