Décryptage de la Conférence de cadre sur la sécurité au Sahel - Par Ali Bonguéré
Bonjour chers tous
Le président de la République du Niger a récemment donné une « conférence de cadre » sur l’épineux problème de l’insécurité qui secoue le Sahel dont le Niger paie l’un des prix fort. Ce qui est sensé s’appeler conférence s’est malheureusement traduit en une sorte de « monologue » à font d’aveux d’impuissance face à un « ennemi à visage masqué ».
Oui, une intervention qui aurait fait à tous l’économie de temps (à lui-même et à tous ceux qui ont fait le déplacement) s’il avait pris soin de faire passer son message à la télévision, puisqu’il était le seul intervenant, sans aucune question ni d’ailleurs débats sur le sujet.
Bref, le caractère unilatéral de son intervention, n’est pas en fait, l’objet de mon post. C’est plutôt ce qu’il convient de retenir dans le contenu de ce discours mal cadré par sa cellule de communication, mais qui a eu le mérite de révéler aux yeux de tous ceux qui l’ont suivi, les prémices d’un « grand complot » qui se prépare contre le Niger.
Je ne vais pas revenir sur les motivations réelles de l’entêtement de la france à vouloir coûte que coûte, établir son arsenal de guerre au sahel, nous savons tous que ce n’est pas pour combattre des terroristes qu’elle a elle-même recrutés, formés, armés et financés. C’est plutôt pour une multitude d’autres raisons que le président de la République du Niger, dans ses propos, a malheureusement laissé entendre par tous ceux qui l’ont écouté.
1°) Si nous devons accepter le redéploiement des militaires occidentaux au Niger, non pas par nécessité mais pour leur exprimer notre reconnaissance pour les routes construites au Niger, cette question de lutte contre le terrorisme n’est qu’un prétexte. Le débat est ailleurs et nous y reviendrons.
2°) Si le président de la République a voulu tenir cette rencontre qu’il a appelée dans ses propres termes « conférence de cadre », je crois que c’est aussi pour expliquer aux nigériens pourquoi il s’est laissé convaincre, lui-même, que les FAN et les autres FDS sont des budgétivores pour rien, et qu’il fallait faire venir des forces étrangères pour sécuriser notre pays. On le sait tous, dans un passé assez récent, le président de la République du Niger ne soutenait pas ce projet d’établissement de forces militaires étrangères sur le sol nigérien, mais plutôt, il était d’avis pour un appui logistique, financier et soft, afin de renforcer les capacités de ceux-là même à qui incombe la tâche de sécuriser le pays.
3°) Dans ses propos (du reste, très révélateurs), le président de la République a laissé entendre d’abord, qu’il connait ces acteurs impliqués dans ce que tous les nigériens reconnaissent comme étant la plus grande barbarie de l’histoire du Niger. Il est allé loin en confessant qu’« il a été obligé de libérer de prison » des individus emprisonnés pour faits de terrorisme. La question que j’aurai pu poser (si cela était possible), c’est de savoir comment un dirigeant qui a prêté le serment de sécuriser un peuple (de qui il détiendrait toute légitimité) peut :
a) avoir un tel niveau d’informations sur les terroristes et laisser continuellement ce peuple subir les exactions de ces individus sans foi ni loi ?
b) se permettre de libérer pour quelques raisons que ce soit, des individus déjà reconnus par la justice pour faits de terrorismes et autres crimes assimilés, sans même en discuter avec le peuple ou ses représentants ?
c) libérer sans aucune gêne, des terroristes et laisser croupir en prison, des personnes dont le seul tort a été d’user d’un droit d'expression ou de manifestation pourtant conféré par la constitution ?
Très sincèrement, je redoute ce qui sera la réponse à tous ces questionnements, puisque ni lui-même, ni ces petits apprentis griots, personne ne saura convaincre les nigériens sur le bienfondé d’un tel projet.
Au regard de tout ce qui a été le résultat de ces forces armées maléfiques étrangères dans notre voisinage proche (au Mali), de leurs capacités de déstabilisation (elles détruisent plus nos communautés qu’elles ne contrôlent les terroristes), mais aussi de très probables incidences diplomatiques qu’elles pourraient créer entre le Niger et ses voisins, il serait plus qu'urgent, que le président de la République se retourne résolument vers son peuple. Si ce sont effectivement des nigériens qui l’ont élu, ce sont ces mêmes nigériens qui seront le couvrir envers et contre toute inquiétude de l’occident. Du reste, je demeure convaincu qu'avec un peu plus bonne foi de la part des uns et des autres, une détermination et des engagements à la hauteur de ces défis, UN MEILLEUR NIGER EST ENCORE POSSIBLE.
Excellent début de semaine à tous sous la protection d'Allah SWT
Par Ali Bonguéré