Le Niger en panne… : Par Elhadj Omar CISSE
Le Niger est malade. Gravement. Depuis dix ans que le socialisme et la France ont la chance d’avoir leurs hommes à la tête du Niger, le pays ne fait que vivre des situations cocasses, des régressions terribles et ce depuis que par un socialisme avarié et contrefait, la médiocrité pouvait être exaltée et promue et que l’ostracisme et le clanisme pouvaient être portés à leur summum.
Ce pays est en mal de leadership. Lorsque l’Opposition s’éteint, incapable de porter une voix depuis que, à ce qu’elle dit elle-même, sa victoire lui a été arrachée, retranchée dans ses doutes et ses silences agaçants, sur l’échiquier l’on ne peut voir aucun leadership qui peut parler et qui peut avoir la chance d’être écouté. Par les lâchetés et les hypocrisies, des hommes ont compromis leur réputation et aujourd’hui, la politique nigérienne souffre de manquer d’hommes de poigne capables de porter les ambitions du peuple, d’incarner sa dignité. Où sont tous ces grands hommes politiques, qui, à force de suivisme aveugle, oublieux de ce qu’ils ont à défendre leur pays, de reconnaitre ce qui fait son bien, cherchant un petit espace pour trouver à manger, tous font profil autour de la gamelle, exilés dans des partis qu’ils ne savent plus gouverner car n’ayant au-delà du ventre et de leur confort personnel atteint, aucune ambition pour le parti et pour le Niger. Issoufou a sans doute mieux compris la dimension alimentaire de nos hommes politiques pour jouer depuis dix ans à les rabaisser, à leur arracher leur libre arbitre, à leur confisquer leurs voix, leurs opinions pour être ces béni-oui-oui qui ont oublié qu’au-delà de villas cossues et de comptes en banque garnis, ils ont surtout à laisser en héritage à leurs enfants un nom. Une bonne réputation surtout.
Le Niger est en panne pas seulement sur le plan politique. Sur le plan social, toutes les valeurs qui nous rendent des fiertés sont aujourd’hui renversées. Comment comprendre ces silences déroutants de syndicats, d’acteurs de la société civile sur les graves périls qui planent sur la nation – nous ne parlons pas d’une région ou d’une autre et l’équivoque ici est important ? Le Niger est sur des pentes dangereuses, et par les laxismes et les couardises dont nous faisons montre, dans le monde, nous ne laissons qu’une image de nous qui nous rabaisse, nous humilie. A la face du monde ? Nous sommes les lâches de la terre. C’est terrible. Oui, à force de division, de catégorisation, de stratification socialiste, la renaissance nous révèle nos divisons cultivées à dessein, exhibe nos divisions et nos fragilités. C’est dans la douleur des divisions inoculées que le peuple, dressé sur des automatismes et des réflexes dangereux, a perdu le goût à la vie qui implique forcément, le goût à la lutte car un peuple qui ne lutte pas, ou qui ne sait pas lutter, ne pourra jamais se relever, même de la plus bénigne des difficultés. Et c’est d’autant grave qu’on le lui met dans la tête, pour le détruire définitivement en lui faisant croire qu’il ne peut avoir d’existence que par un autre, que par l’autre. Parce que nous serions des incapables alors même que celui qui est censé nous sortir du pétrin n’y arrive pas depuis sept ans de copinage douteux.
Les Nigériens ont souffert d’entendre le président du Niger, dans sa dernière communication, dire que la France est indispensable pour nous et nous faire croire que nous n’aurions pas de vie que sous ses ailes protectrices. Pourtant, quoi qu’il dise de ses exploits guerriers pour avoir tué un tel ou un tel, les Niger doutent de l’efficacité des ailes de la maman-poule qu’il s’était évertué à flatter à la face du monde, réduisant son rôle de président d’un peuple souverain, caricaturalement, au laudateur.
Non. Ce soir, en écoutant la parole qui rassure la France de notre « reconnaissance » et Issoufou de notre soumission, les Nigériens avaient été tristes.
Il ne reste plus au peuple que de prendre ses responsabilités et de se réveiller.
Le compte à rebours a commencé.
Par Elhadj Omar CISSE