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Le débat, "face à face" de deux candidats qualifiés aux élections présidentielles du second tour, est-il nécessaire ? : Par Issoufou BOUBACAR KADO MAGAGI

Aux élections présidentielles du deuxième tour, de cette année il n'y aura pas de débat "face à face" entre les deux candidats qualifiés , sur le plateau de la télévision nationale , ainsi en a décidé le Conseil Supérieur de la Communication , le CSC, chargé de la régulation de la presse, suite au désistement du candidat Mahamane Ousmane.

Ce débat "face à face" entre deux candidats aux élections présidentielles, est en général une tradition européenne et en particulier une coutume française.
C'est une pratique étrangère au Niger , qui ne tient pas compte de réalités sociopolitique et culturelles de notre pays.

À l'occasion du débat "face à face", chaque candidat vante son programme et présente les perspectives d’avenir qu'il offre aux électeurs pour améliorer la situation socio-économique du pays.

Dans ce genre de débat à la française, il est fait de coutume utilisation de certains indicateurs économiques: le produit intérieur brut, le PIB, le taux de croissance, le taux de pression fiscale, le taux d'alphabétisation, le taux de scolarisation, l' Indice du Développement Humain, l'IDH ect .
Ces instruments de mesure de développement économique et social sont mal maîtrisés par les citoyens électeurs nigériens non avertis et surtout mal compris par ceux qui n'ont pas été à "l'école de l'occident " , qui pourtant constituent la majorité des électeurs.

La faiblesse et la complexité de ce genre de débat, réside dans le fait qu'il se fait dans la langue officielle, étrangère , le français, ce qui pose des difficultés de compréhension pour la grande majorité du peuple souverain à comprendre ce qui se dit au débat" face à face " .

Même dans les pays européens où il est devenu une traditionnelle coutume, souvent déterminant dans la victoire d'un candidat, il est reconnu le droit à un candidat le pouvoir discrétionnaire de refuser le" face à face" avec son adversaire. En effet, en France, Jacques Chirac mis en ballottage par Jean Mari Le Pen, avait refusé le débat " face à face" , avec son adversaire Jean Mari Le Pen, pour des raisons discrétionnaires, ce qui avait été approuvé à son temps par la majorité des électeurs français.

Aux élections générales de 24 novembre 1999, remportées par le Président Mamadou Tandja, celui-ci avait refusé le débat "face à face" avec son challenger, Issoufou Mahamadou. De même aux élections présidentielles du 4 décembre 2004, consacrant le deuxième mandat du président Mamadou TANDJA, il n'y avait pas eu de débat " face à face" .

Aux élections présidentielles de 2011, il n'y avait pas eu également, de débat "face à face" , entre les candidats au second tour, le Président Issoufou Mahamadou et le Président Seyni Oumarou .

Aux élections présidentielles de 2016, il y avait pas eu de débat "face à face " entre le Président Issoufou Mahamadou et le président Hama Amadou qui était en prison civile de Filingué.

Le débat politique "face à face" ne fait pas partie de la tradition politique nigérienne, la majorité des électeurs nigériens n'accordent pas un grand intérêt au dit débat, il se fait en langue étrangère maîtrisée seulement par un poignée de citoyens électeurs.

Le débat" face à face " serait plus intéressant, plus determinant, s'il pourrait se faire dans une de nos langues nationales, parlée par la majorité des nigériens. Les électeurs auront ainsi plus des éléments d'appréciations pour juger et bien faire en leur âme et conscience, le choix de leur candidat préféré.

La presse nationale se devrait d'interpeller les candidats, entre autres, sur les dossiers brûlants suivants :

1/ Les investissements réalisés ou à réaliser dans les infrastructures qui pourraient relancer l’économie du pays, par exemple, les investissements , agro-sylvo-pasteraux , routiers, hydrauliques, énergétiques, sanitaires, scolaires ect.

2/ La justice, le droit de manifester, les droits de l'homme, les libertés publiques , qui sont aussi importants que le droit matériel , dans l'épanouissement moral, la vie paisible , agréable, des citoyens.

3/ La sécurité sans laquelle il ne peut y avoir de développement économique et social.
4/ La délinquance économique et financière, les narcotrafiquants, les surfacturations des dépenses publiques,
la concussion, qui nuisent à la bonne santé l'économie du pays .
5/ L' aide aux entreprises industrielles privées en vue de favoriser l'émergence d'un secteur privé plus compétitif dans la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine.
6/ La fiscalité, l'emploi , le prix du pétrole, la fermeture des usines de la production de l'uranium, ect.
Donc les sujets intéressants à débattre ne manqueront pas, il suffit de bien organiser sainement ce débat ,sans préjugé, en tenant compte de nos réalités socio-culturelles.

Au défaut d'un débat " face à face" , qui n'est pas indispensable, compte tenu de la spécificité du Niger, la presse nationale pourrait interroger chacun des candidats à travers un entretien, à domicile, dans nos langues nationales , afin qu'il explique aux électeurs le contenu de son programme sur : la sécurité publique, les libertés publiques , les infrastructures : routières, électriques, hydrauliques, sanitaires, scolaires , universitaires, ect , étant donné que chacun des candidats avait participé à la gestion du pays durant les vingt dernières années, en effet, l'ancien Président de la République Mahamane Ousmane , en plus de trois ans à la tête du Niger, il avait participé pendant dix ans à la gestion du président de la République, Mamadou Tandja et le Président du PNDS/ TAREYYA, Mohamed Bazoum, en plus de quinze mois de gestion de la transition démocratique, dirigée par le Premier Ministre chef de gouvernement, Cheffou Amadou, il avait participé pendant dix ans à la gestion du Président de la République, Issoufou Mahamadou. Tous les deux candidats ont géré le pays, ils sont comptables des gestions passées , ils ont connu l'opposition politique pendant des années. En outre ils sont tous , connus du peuple souverain du Niger.

Par conséquent, la presse nationale pourrait interpeller chacun des candidats sur son programme, sur sa gestion passée et les perspectives d’avenir pour le pays, dans un entretien à domicile.

C'est le Niger qui gagne et qui innove dans le débat politique avec son fair-play légendaire !

Issoufou BOUBACAR KADO MAGAGI.