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Niger, une démocratie dévoyée ? : Par Dr Farmo Moumouni

Niger, une démocratie dévoyée ? : Par Dr Farmo Moumouni

Les démocraties dévoyées - celles dans lesquelles tout s'achète et se vend, les consciences comme les hommes, les partis comme les suffrages; où tout se justifie, les tricheries comme les tromperies - on ne le sait que trop bien, ne sont que des parodies, des simulacres et des fourre-tout.

Ces démocraties on le sait, n'ont point vocation à être le pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple, mais bien au contraire, le pouvoir par-delà les peuples, contre les peuples, pour le malheur des peuples.

Ces démocraties infestent l'ancienne Afrique occidentale française, avilissent les hommes et les institutions. Elles s'installent avec la bénédiction de Paris, l'ancienne métropole. Elles sont à ses ordres et lui obéissent au doigt et à l'oeil. Elles s'opposent à toute idée de souveraineté et de liberté des peuples.

Dans ces démocraties dévoyées, la volonté populaire est détournée au moyen d'élections alambiquées. Les électeurs participent comme des faire-valoir qui donnent à la supercherie des allures de sincérité et de de vérité.

Ces démocraties qui ne sont au service ni des peuples ni de leurs intérêts, qui naissent de la volonté de maîtres étrangers et qui servent les intérêts des maîtres étrangers ne portent ce nom que par abus de langage. 

Ces démocraties sont le lieux où tous les crimes, toutes les forfaitures, toutes les injustices trouvent leur absolution. Elles sont le lieux où la loi, le droit sont mis au services de tous les imposteurs et de toutes les impostures.

Nous sommes des démocraties, nous sommes en démocratie, veut-on nous convaincre. En démocratie, nous dit-on encore, tout le monde a le droit de choisir, et la majorité fait loi.

Que tout le monde choisisse, oui. Mais il y a des choix qui ne sont pas bons pour un pays. Et on ne peut réduire la politique à une activité qui ne s'embarrasse ni de vergogne, ni de scrupules, ni de décence, ni de morale ou d'éthique.

Quelle Imposture !

Mérite-t-on d'être une démocratie quand on est l'émanation d'une volonté extérieure plutôt que celle d'un peuple ?

Qu'est-ce qu'une Majorité créée de toutes pièces dans les officines de la fraude ?

Est-on libre quand on agit contre soi-même, contre ses intérêts, contre ceux de son peuple et de son pays ?

D'aucuns le font parce qu'ils sont à mille lieues de se douter de ce qui se trame au-dessus d'eux. D'autres le font sciemment par volonté de puissance et par cupidité.

L'ère des "Nègres de service" n'est pas encore révolue. Tant s'en faut. Ils peuplent encore les démocraties dévoyées

Existe-t-il spectacle plus affligeant que celui de ces hommes et de ces femmes qui exultent, qui chantent, qui dansent, qui crient victoire : une victoire qui n'est pas la leur, une victoire qui consacre la soumission et la servilité, une victoire qui brade le pays, sa liberté, sa souveraineté.

On compte déjà plusieurs démocraties dévoyées dans le pré carré françafricain. La question est à présent de savoir si le Niger sera de leur nombre, le 21 février prochain.

La démocratie dévoyée a ses partisans au Niger, cela va sans dire. S'ils font partie du peuple, ils ne constituent pas le peuple. Ils doivent savoir qu'aucune partie du peuple ne peut faire endurer ses turpitudes à l'ensemble du peuple.

Le Niger n'est pas né pour être dominé.
Il n'est pas né non plus pour servir les intérêts qui ne sont pas les siens.

Farmo M.


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On fait grand cas des corrompus, avec raison, au moment où on songe à confier la gestion des affaires publiques aux hommes qui aspirent à exercer le pouvoir, mais pas assez des corrupteurs. Or, les uns ne sauraient être sans les autres.

Ensemble, ils forment la corruption. Ils en sont à la fois les termes et les agents.

La corruption est la rencontre hors-normes de deux besoins, une valse illicite du donner et du recevoir, une réjouissance au cours de laquelle le corrupteur donne et reçoit, où, le corrompu reçoit et donne.

Bombance et bamboula clandestines, sous nos tropiques. Moments où l'illégal et l'illégitime s'associent pour narguer la misère et la pauvreté.
Confier la gestion des affaires publiques dans un contexte démocratique, exige l'observance des règles induites par les valeurs éthiques et démocratiques.

Au nombre des valeurs démocratiques figurent : le respect de la Constitution, la primauté du droit, la défense des droits et libertés, celle de l'intérêt général, la responsabilité. Les valeurs éthiques s'entendent essentiellement de l'honnêteté, de l'équité, de la probité et de l'intégrité, dont la jonction avec les valeurs démocratiques concourent à une bonne gouvernance.

Pires pourfendeurs des valeurs démocratiques, les corrupteurs et les corrompus sont aussi les destructeurs exécrables des valeurs éthiques et morales.

Aucune communauté humaine, soucieuse de son bien-être et de son développement, ne saurait mettre la direction de ses affaires entre les mains de ces deux catégories de dirigeants, s'il en est.

Farmo M.

08 février 2021
Source : https://www.facebook.com/moumounifarmoPhD