Par ce temps d’élections : L’administration publique au ralenti
« Qu’on en finisse avec cette affaire d’élections ! » Ainsi s’exclamait un usager des services publics, fatigué d’attendre une simple signature, au motif que la personne habilitée à lui satisfaction est en permission d’absence pour des raisons politiques. Des lamentations de ce genre sont monnaie courante par ce temps d’élections où l’administration tourne quasiment au ralenti.
Administrations quasi désertes, de surcroît dans la fonction publique, c’est là un constat qui frappe dès lors qu’on est amené à solliciter un service public. Certains bureaux donnent même l’impression de n’avoir jamais ouvert leurs portes, tant la poussière a envahi les lieux. Les auxiliaires de service chargés de la propreté des lieux ne s’en offusquent pas de cette situation. « Tous les patrons sont dans la brousse. Pourquoi se donner la peine de dépoussiérer ? Moi je viens au boulot trois jours par semaine » ; déclare Hamidou. S, technicien de surface dans un ministère. A la question de savoir s’il ne redoute pas une sanction administrative, il répond : ‘’Le DRH (Directeur des Ressources Humaines) est en congé. Son adjoint et ses autres collaborateurs viennent au bureau vers 10h, certains pour faire juste acte de présence. Même attitude des inspecteurs de service qui ne s’offusquent guère des retards’’. ‘’C’est la politique’’ ; explique son collègue coursier qui trouve la désertion de l’administration publique normale, tellement il est habitué à voir ce genre de situation. En effet, c’est pareil chaque fois qu’on rentre dans un cycle électoral au Niger. Malheureux est l’usager du service public obligé de faire des va-et-vient avant d’avoir satisfaction. ‘’Chaque fois que je viens, c’est le même refrain : le patron n’est pas là’’ ; s’indigne Mamane. L qui a dû renoncer à une simple demande de crédit bancaire du fait qu’il lui était impossible de réunir tous les documents afférents à ce type de service. Combien sont-ils comme Mamane. L à manquer à la satisfaction d’un service public à cause d’une telle déconvenue ?
Que faut-il faire pour rendre normale le fonctionnement de l’administration publique en période électorale ? Ce n’est pas qu’ici seulement que pose une telle équation. Même dans les démocraties occidentales dites modèles, les citoyens se plaignent du dysfonctionnement de l’administration pendant les périodes d’effervescence politique, surtout dans les systèmes francophones où les administrations sont très centralisées et politisées. La solution à ce problème passe par la dépolitisation de l’administration ; dira l’autre. Mais, de cette dépolitisation de l’administration, et bien plus, de la remise des Nigériens au travail, on en parle depuis la 3ème République sans parvenir à imposer le bon rythme de fonctionnement à l’administration publique.
Oumarou Kané Abou