Lettre ouverte citoyenne à S.E Madame la Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie sur l’audit du Fichier Electoral Biométrique (FEB) : Par Djibrilla Baré Maïnassara
Madame la Secrétaire Générale,
Je tiens, en tant que modeste citoyen, à vous assurer que le peuple Nigérien a eu le plaisir d’accueillir au mois de septembre dernier, la mission de haut niveau dépêchée par la prestigieuse organisation dont vous avez la charge, en vue de procéder à l’audit très attendu du fichier électoral biométrique, pour lequel son expertise est mondialement reconnue.
Les acteurs politiques nigériens tous bords avaient espéré que cette mission conduite par les Experts de votre organisation sur laquelle ils avaient fondé un grand espoir, allait durer plus que les sept (7) jours impartis, soit du 02 au 09 septembre 2020.
Cette délicate mission dans notre pays était d’autant plus attendue qu’elle avait coïncidé avec l’exacerbation de la crise multidimensionnelle dans le pays frère du Mali voisin. A l’issue de l’intervention de vos Experts, les acteurs de l’Opposition et des partis dits « Non affiliés », avaient espéré être en droit de disposer d’un fichier incontestable par les parties en compétition. Ce qui assurerait des élections transparentes et crédibles, gage d’une stabilité politique et économique puisque le Protocole A/SP1/12/01 Sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance régissant notre communauté exige en son article 5 que « Les listes électorales seront établies de manière transparente et fiable avec la participation des partis politiques et des électeurs qui peuvent les consulter en tant que de besoin » et en son article 6 que « L’organisation, le déroulement des élections et la proclamation des résultats s’effectueront de manière transparente ».
Bien que l’ensembles des observateurs de la scène politique avaient déploré le fait que les deux (2) experts désignés par l’opposition politique n’aient pas pu accéder au fichier électoral aux fins de son contrôle, et l’absence des Experts de l’Union Africaine et de ceux de la CEDEAO tel que prévu par l’arrêté du 04 septembre 2020 du président de la CENI créant le Comité chargé de l’audit du fichier électoral, la classe politique avait été soulagée de constater que ledit fichier électoral avait été présenté et remis au ministre en charge de l’intérieur, ce qui lui avait permis de convoquer les trois collèges électoraux.
La polémique qui avait suivi la validation de ce fichier et qui avait fait rage dans l’opinion publique Nigérienne est qu’à l’examen du document « synthèse des travaux de l’audit du fichier électoral biométrique du Niger », à la rubrique «Représentation des électeurs par leur Profession » découlant de l’Analyse catégorielle et thématique du Fichier électoral il a été dénombré :
- 554 Avocats
- 280 Greffiers
- 439 Huissiers,
- 539 Notaires
- 852 Ingénieurs,
- 19108 Magistrats (Juge)
- et 10.034 Médecins.
Ces chiffres qui ne semblent en aucune façon correspondre à la réalité vécue et observée dans notre pays, méritent à mon humble avis qu’une attention particulière leur soit portée, tant dans leurs définitions que pour leurs comptabilisations. C’est du fait de leur incohérence que ces chiffres ont fait l’objet de commentaires les plus tendancieux sur les réseaux sociaux, parce qu’émanant d’un fichier électoral dit biométrique audité par la prestigieuse organisation que vous pilotez, dont le cordon ombilical se trouve enterré dans notre pays.
Madame la Secrétaire Générale,
Nous avons été tous témoins du fait que vous avez été brillamment élue au prestigieux poste de Secrétaire Générale de l’Organisation International de la Francophonie suite à une sélection rigoureuse autant pour vos qualités intrinsèques, que pour le prestige du Chef de l’Etat de votre pays, très admiré aussi bien par mes compatriotes que par les Africains en général, pour sa clairvoyance et sa vision prospective.
C’est pourquoi, connaissant votre attachement personnel à la conduite d’un processus électoral soutenu par un fichier électoral crédible et accepté par toutes les parties en compétition électorale dans nos différents pays, et pour défendre la crédibilité fortement engagée sur ce fichier de votre institution, je demeure plus que convaincu que vous ne manquerez de faire jeter un regard attentif par vos Experts sur ledit fichier électoral contesté. En l’état ce fichier ne peut que conduire les acteurs politiques que nous sommes à des contentieux post électoraux, dommageables pour la quiétude et la stabilité de notre pays et notre sous- région déjà confrontée depuis plusieurs semaines à toutes les formes d’instabilité liées aux fichiers électoraux contestables.
Veuillez agréer, Madame la Secrétaire Générale, l’expression de ma très haute considération.
A Niamey, le 23 novembre 2020
Djibrilla Baré Mainassara
- Ancien membre de la Conférence Nationale Souveraine – Président du Groupe des Organisations Internationales
- Ancien Auditeur Interne de la BCEAO Siège - Membre de « The Institute of Internal Auditors (IIA) Section du Sénégal
- Ancien Conseiller Spécial du président Baré, Chargé des Questions Economiques et Financières
- Candidat à l’élection présidentielle 2020-2021 au titre de l’UDFP-Sawaba (créé en 1954 par Djibo Bakary)