Coup de gueule : Les idées plutôt que les muscles
Les scolaires et l’opinion publique en générale ont été choqués par les images ayant circulé la semaine passée sur la toile par rapport à la tenue du congrès de l’Union des scolaires Nigériens (USN), l’une des plus vieilles organisations scolaires de laquelle sont d’ailleurs issus beaucoup de dirigeants à la fois politiques ou de la société civile nigérienne.
A Bermo (dans la région de Maradi) où se tenaient ces assises, les Forces de sécurité, se sont vu obligées d’intervenir pour éviter l’irréparable. En effet, une centaine d’étudiants et quelques loubards recrutés ont été arrêtés avec en leur possession, un arsenal d’armes blanches. On y voyait sur les images (qui circulent sur les réseaux sociaux), une exhibition de muscles. Certains posaient cagoulés, gris-gris et amulettes au bras comme dans une cérémonie des ‘’Yan Tawri’’ (les invulnérables).
D’après le témoignage d’un agent de la Garde Nationale du Niger, certains loubards ont été acheminés depuis Niamey, d’autres de Maradi. Une telle situation doit interpeller la communauté scolaire et au-delà tous les Nigériens. Qu’est-ce qui peut justifier un tel agissement au point où ceux qui aspirent diriger la très respectueuse USN fassent recours à des bras armés extérieurs à l’organisation ?
On connaissait la très célèbre CASO (Commission des Affaires Sociales et de l’Ordre), mais pas avec une telle exhibition de la violence et un recours à des armes blanches contre les militants. L’on peut légitimement se demander si de tels agissements ne cachent-ils pas des intérêts autres que ceux de la défense des intérêts matériels et moraux des scolaires.
Quelles qu’en soient leurs motivations, ceux qui ont emprunté cette voie ne méritent pas de diriger une organisation de surcroit idéologique (du moins dans le temps) où les débats d’idées font la différence.Les protagonistes de cette situation doivent plutôt chercher à civiliser leurs rapports, à faire valoir leurs arguments, leurs idées plutôt que les muscles et la force brute. Autrement, ils renvoient une image dégradante des scolaires nigériens et de la jeunesse en général. Cette attitude ne traduit-elle pas en somme l’embourgeoisement rampant de l’élite dirigeante des organisations syndicales scolaires en porte-à-faux avec les idées marxistes léninistes qui jadis guidaient ces organisations ?
Devant de telles images, les martyrs du combat de l’USN (Alio Nahantchi, Issaka Kaïné, Amadou Boubacar ou encore Mala Bagalé) se tourneraient et retourneraient dans leurs tombes. Les anciens leaders encore actifs dans leurs domaines respectifs, comme les Moussa Tchangari, Nouhou Arzika, Manzo Mahaman Laouali, Marou Amadou, Abdoulmoumouni Ousmane, et bien d’autres ne peuvent que s’émouvoir face à ce spectacle désolant.
Siradji Sanda(onep)
13 octobre 2020
Source : http://www.lesahel.org/