Education / Révocation d’enseignants en 2012-2013 : retour sur une injustice
Les Nigériennes se souviennent encore de cette affaire d’enseignants qui partaient en formation à l’université de Niamey, à la suite d’un concours professionnel légalement organisé et que la même institution organisait en se fondant sur des textes de la République, en vigueur jusqu’à nouvel avis, ainsi qu’elle le fait chaque année d’ailleurs, pour accueillir des professionnels dans ses facultés. Mais, ces années-là, sans apprendre attache avec l’université pour s’entendre sur une démarche ou même suspendre la processus de commun accord avec l’université, ce, pour des raisons objectives défendables, le ministère de l’enseignement primaire de l’époque n’a trouvé mieux à faire qu’à sommer les enseignants d’abandonner leurs études alors qu’ils étaient souvent loin dans le cursus. Les syndicats qui mangeaient à l’assiette de la princesse, corrompus sans doute, ne purent rien, faisant semblant de se mêler du problème, mais finirent par baisser les bras, abandonnant leurs « camarades » que le régime d’alors pouvait aisément « massacrer », envoyant des chefs de famille au chômage, ne pensant ni à leurs enfants, ni à leurs épouses, et tout ceux qu’ils peuvent avoir derrière eux pour être pour ceux-là un pilier important dans la vie. On sait que dans notre société, le revenu, fût-il minime, ne peut profiter à soi seul. Une certaine solidarité à l’africaine nous l’impose. Et le socialisme créait des cas sociaux sur les berges de son système asocial.
Les pauvres enseignants, tombés dans le piège du socialisme, ont beau crier, ils n’avaient personne pour les entendre. Leur sort était scellé. A jamais, peut tempêter le ministre de l’époque qui n’entend reculer devant rien. Pourtant, l’on sait que la mesure ne frappait pas tous les enseignants concernés. On peut alors relever une rupture d’égalité, un abus de pouvoir, une injustice flagrante et un règlement de comptes qui ne sauraient se justifier dans un Etat de droit. Sous Issoufou, c’est connu de tous, les Nigériens n’ont jamais été considérés à la même enseigne, sous le même pied d’égalité, lui qui pouvait les catégoriser en deux camps : ceux de première zone qu’il couvre de sa protection et de son indulgence, quand ceux de seconde zone, ne peuvent avoir droit à rien, faisant souvent chômer de bons cadres victimes d’ostracisme, pour évoluer dans l’oisiveté, en marge de l’administration. Ces derniers, en plus, étaient bons pour aller en prison, souvent sous la base de dénonciations calomnieuses, de complots et de mensonges orduriers. Les enseignants, pauvres enfants de la République, en savent quelque chose. Jamais, ils n’ont été aussi méprisés que sous le socialisme et sous le président milliardaire et, ce, quand même en une époque, le PNDS se revendiquait de la corporation, ou en tout cas, s’en servait à creuser, les fondations du parti qui avait cru qu’il pouvait s’enraciner dans le peuple. Ses premières victimes, c’étaient malheureusement les enseignants. Et ainsi que certains observateurs l’’avaient toujours dit, le PNDS a la mauvaise réputation de dévorer ses propres enfants, ou ceux qu’il aurait exploités à d’autres fins et dont il pourrait ne plus avoir besoin.
Certains de ceux qui devraient être suspendus étaient protégés par leurs parents ou leurs tuteurs politiques quand d’autres, pour la même faute – venir en formation – sont ainsi abusivement, et de manière sélective, suspendus, galérant depuis des années pour ne survivre qu’avec des allocations familiales de leurs enfants. En effet, voilà 9 ans et 5 mois, jour pour jour, par la responsabilité d’un socialisme sans coeur, que ces enseignants suspendus ne touchent que les prestations familiales de leurs enfants pendant que leurs camarades non suspendus touchent régulièrement leur salaire. A un moment où, dérouté, le gouvernement, cherche, avec une lampe torche à la main, des enseignants de qualité, il urge de réparer cette injustice pour mettre fin à une rupture d’égalité qui n’a que trop duré.
Questionnement…
Comment peut-on comprendre que certains autres enseignants soient minutieusement soustraits d’une mesure qui manque de pertinence et d’équité dès lors qu’elle ne peut prendre en compte tous ceux qui étaient dans la même faute, si faute il y a. Il est donc inacceptable qu’un ministre gère son entité selon ses humeurs sans se conformer aux textes de la République. Sinon, comment est-ce possible que certains des mêmes promotions, puissent quand même continuer leurs études, jusqu’au master pour certains, pour revenir avec le parchemin à leur administration qui en prend compte pour leur promotion ? Et les autres sont abandonnés dans la rue. Dans le même pays, sous les mêmes lois ! On ne peut donc pas, sensément, continuer à maintenir ces enseignants dans cette suspension injustifiable du fait des arrogances d’un socialisme qui a oublié, dans ses politiques, l’homme et l’humain.
La mesure autoritaire du ministre de l’époque ne pouvait qu’être arbitraire quand, après sa mesure inique, les textes devraient continuer à être appliqués, avec l’organisation en 2017, par la même université du même concours, sans qu’on ne touche aux lois existantes pour permettre à des enseignants de continuer à aller s’y former. Pourquoi alors, c’était possible en 2017 et que cela ne le soit pas en 2012 et 2013 ? Depuis trois ans, ceux de 2017 poursuivent leurs études sans que personne ne vienne les perturber dans leur vie, apprenant pour venir servir le même Etat, et on l’imagine aussi, la même école.
Cette affaire, comme beaucoup d’autres, appelle la société civile, les syndicats, et toutes les associations qui se battent pour la justice et l’équité dans la République, pour aider à ce que justice soit faite : les Nigériens demeurant égaux devant la loi. Ainsi, pour demander au Chef de l’Etat, au nom des lourdes responsabilités qui pèsent sur ses épaules et les valeurs cardinales de la République, d’instruire les ministères concernés pour réparation de cette injustice. Sans doute, tous ceux qui sont dans cette pénible situation le lui reconnaitront pour toujours.
Alpha