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Communication gouvernementale : Une sortie ratée à Bruxelles, du gâchis !

Elles sont nombreuses les sorties infructueuses de nos dirigeants. Et elles coûtent très chères car il y a toute une population de cadres qui accompagnent l’autorité principale. C’est à l’image de cette délégation qui a siégé tout récemment à Bruxelles à la Conférence de haut niveau sur le financement de l’éducation en situation d’urgence qui s’est tenue les 16 et 17 février dernier à Bruxelles. Notre ministre de l’éducation s’est fait accompagner dans son déplacement par une forte délégation qui, au retour n’a rien ramené de concret au pays. Cet échec est matérialisé par une réponse somme toute mitigée que notre ministre a donnée à un jeune irakien qui lui a demandé les perspectives quant à l’augmentation des salaires des enseignants. On ne peut plus dogmatiques que les propos tenus par le professeur Natatou au jeune irakien. Comme d’habitude, on a encore brandi ces chiffres de 22% du budget national qui seraient consacrés à l’éducation. 22% qui ne se sont plus jamais maîtrisés car on s’est toujours limité à 13% dans la réalité. Ce qu’on oublie à travers ces chiffres, c’est le budget de l’école et en grande partie géré par la CAMOS, une institution rattachée à la Primature et qui conduit avec beaucoup de Mafia les opérations. C’est cette structure qui a en grande partie la charge de l’exécution du Fonds sectoriel de l’éducation qui comprend les subventions des principaux partenaires au développement qui interviennent dans ce secteur. Avec des embranchements qu’elle a créée avec les collectivités, supervise la plupart des gros investissements, notamment en ce qui concerne les constructions, un domaine qui engouffre énormément d’argent. Personne ne sait en réalité la taille des marchandages qui se passent entre le pôle central et les ramifications régionales dans l’utilisation de ce fonds réunis par la volonté de nos généreux partenaires techniques et financiers. Alors quand Monsieur le ministre a avancé le chiffre de 22%, plusieurs gens qui sont au parfum de cette magouille ont baissé la tête. Plus encore, il y a l’extrapolation sur laquelle le ministre s’est étendu. On lui a demandé de parler d’augmentation des salaires des enseignants mais lui, il a préféré verser dans la diversion en ramenant la question des recrutements à la Fonction Publique. Il a souligné que le recrutement annoncé de plus de 70 000 contractuels va remettre de l’ordre dans le secteur et sécurisé les enseignants. Certes ce point tient à coeur aux contractuels et à tous ceux qui sont soucieux de la qualité de notre système éducatif. Car, en recrutant massivement les contractuels, leur salaire va connaître une évolution très sensible ; mais ici c’est un faux-fuyant car les enseignants titulaires eux-mêmes une revendication sur l’augmentation de leurs salaires. A travers la réponse du ministre, on comprend aisément que ce point n’est pas prêt de connaître un aboutissement heureux. Un mot n’a pas filtré dans ce sens. L’on sait bien que la carrière d’un enseignant est très difficile et à l’allure où les choses se passent, la situation risque même de s’envenimer. En effet, la revendication d’augmentation des salaires des enseignants est consécutive au fait établi que les salaires sont en général les plus faibles de la sous-région. De plus, du fait que certains corps des secteurs de la santé, des eaux et forêts et autres ont eu un statut particulier, les enseignants dans leur globalité, titulaires et contractuels ont réclamé le même traitement. Pas de poids deux mesures dans une même Fonction Publique dans le même pays ; surtout que l’enseignant reste loin de certains avantages de services dont bénéficient les autres. Ceci dit, qu’on recrute un millions de contractuels, la question reste là plantée : les enseignants exigent un statut particulier.

Voyez la taille de la démagogie que le ministre et sa troupe sont partis servir à Bruxelles aux yeux du monde entier. Pour le cas précis de recrutement des contractuels, l’Etat a d’ailleurs bien fait comprendre qu’il ne saurait engager les 70 Mille contractuels. C’est sorti de la bouche du Président de la République lui-même, relayé par ses plus proches collaborateurs proches aussi du secteur éducatif. On a annoncé vouloir recruter plus de 20 mille dans un plan où certainement certains ne seraient plus de ce monde où auraient l’âge de la retraite. Pour la plupart, les contractuels concernés ont un âge au-delà de 40 ans. Ce plan d’absorption de la population contractuel ne s’étalerait pas sur moins d’une vingtaine d’années. C’est dire que c’est un plan qui profiterait à ceux qui sont encore sur les bancs. En effet, il profiterait plutôt à un étudiant en fin de cycle de 25 ou 30 ans. On le sait bien ici même qu’il s’agit d’un leurre et les contractuels eux-mêmes l’ont compris ; raison pour laquelle leur majorité s’est désolidarisée des accords signés en dernier lieu entre le gouvernement et la CDTN. Ceci veut dire que le ministre s’est rendu à Bruxelles pour distiller des contrevérités, des clauses qui n’ont pas encore fait l’unanimité chez les travailleurs. Pauvre Niger ; on n’hésite même pas à aller servir des chimères devant les instances internationales. Pourtant, tout commence làbas. Que va perdre le Ministre s’il annonçait qu’ils programment non seulement d’augmenter les salaires des enseignants en leur accordant un statut particulier et en recrutant l’ensemble des contractuels. C’est notre réalité ; c’est à prendre ou à laisser. Nous sommes souverains, nos préoccupations sont aussi souveraines. A chacun de voir s’il peut composer avec nous ou pas. Dans tous les cas, nous avons suffisamment de ressources et nous avons une force de frappe indéniable : nous sommes les larbins de l’OTAN ; il faut s’assumer et exiger tout ce qui se doit. Si nos dirigeants étaient réellement conséquents et soucieux de leur peuple, aujourd’hui nous sommes en position de taper du poing sur la table. En négociant, il faut que nous ayons aussi des moyens de pression ; non pas en subir toujours. Il faut par exemple qu’ils sentent que nous sommes aussi prêts à jouer au Mali ou au Burkina Faso.

En dehors de notre pays, aujourd’hui aucun pays n’est disposé à accueillir les forces de l’OTAN chassées du Mali et stationnées chez nous. Ce sont des réalités qui doivent nous servir ; pas de faux-fuyants. C’est ce qu’on appelle le prix à payer.

Amadou Madougou