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Education Nationale : Bazoum, s’est-il trompé d’hommes ?

S’il y a un domaine qui, après la sécurité tient à coeur Bazoum Mohamed, c’est bien, peuvent en convenir les Nigériens, le secteur de l’école qui traverse depuis de longues décennies une profonde crise. En accédant au pouvoir, il y a mis tout son coeur, faisant les promesses les plus osées car convaincu qu’il avait les ressources nécessaires pour atteindre les objectifs qu’il se fixait pour le domaine qui, du reste, est aussi celui qu’il est censé mieux connaître pour avoir fait carrière là. Mais au regard de la profondeur de la crise que traverse le secteur, il est évident que la seule volonté politique, fut-elle inébranlable, ne peut suffire. Et il y a deux choses dont il ne tient pas trop compte, du moins a priori : la première est trop technique car il s’agit d’amener des gens qui en ont l’expertise à poser un diagnostic pertinent du mal de l’école et penser les solutions idoines pouvant, sur une période déterminée, apporter des résultats devant permettre d’apprécier l’efficacité de la thérapie proposée. L’autre et non moins importante, concerne les hommes qu’il faut pour conduire les réformes, les mettre en marche, les évaluer à mi-parcours et, au besoin, à chaque fois, apporter les correctifs nécessaires pour conduire à bon port l’ensemble des mesures envisagées pour refonder l’école nigérienne.

Pour un système, quelques individus, retranchés dans leurs bureaux cossus, ou quelque part, loin de là pour s’assurer des prébendes misées sur le compteur de la princesse, ne peuvent pas bien réussir à penser mieux pour toute une école car en vérité ceux-là, ne s’engageaient que pour l’argent qu’une telle situation peut leur permettre de capter au fil de TDR conçus plus pour le confort de leurs poches que pour réhabiliter une école malade. C’est dire que tant que ce n’est pas de hauts panels, avec des hommes expérimentés et même à la retraite, des experts des sciences de l’éducation, des pédagogues avérés, des enseignants, conseillers et inspecteurs émérites, d’anciens ministres de l’éducation au parcours reconnu, des experts en ingénierie de la formation et en administration scolaire, l’on ne pourra pas avoir ce regard critique qui puisse permettre de mettre la loupe sur les problèmes qui minent notre système. Or, qui a réfléchi pour Bazoum pour l’école ? Peut-être, disent de mauvaises langues, un cercle qui aurait quelques relations avec lui, usant souvent de proximité familiale dit-on, pour lui proposer son expertise avariée dans le domaine quand pour avoir enseigné, certains n’ont pas une réelle expérience à faire valoir. On comprend donc pourquoi, la chirurgie proposée par son entourage ne fonctionne pas et nous en donnerons les preuves tant d’un point de vue de la gestion du MEN que de projets et programmes qui soutiennent le secteur, accompagnent la volonté politique que le président Mohamed Bazoum exprime depuis des mois pour cette école à la traîne.

Pourtant, ce ne sont pas des hommes qui manquent au Niger. Le Niger a connu bien de cadres qui ont fait leurs preuves dans le secteur, avec des résultats que l’on y a salués unanimement. Pourquoi donc, ceux-là ne peuvent-ils pas aider à réfléchir pour l’école, et pour leur pays, pas que pour un parti, fut-il celui qui est au pouvoir ou pour un homme, fut-il un autre auquel, l’on pourrait n’avoir aucun lien de famille ? Ceux, qui, pour leurs égoïsmes, mettant en avant des relations particulières, isolaient Bazoum du Niger et préoccupés plus d’argent que de succès, ne lui donnent aucune chance de réussir son programme pour l’école, et donc de sauver notre système éducatif qui est à la dérive. En vérité, ceux-là n’ont d’ailleurs aucune ambition pour l’école si ce n’est de profiter de sa crise pour rafler des fonds consentis tant par l’Etat que par des partenaires. Déjà en regardant le parcours qu’il a eu durant ce mandant (près de deux ans !) l’on peut se rendre compte que rien ne bouge, que les vraies réponses tardent à venir car l’on ne les a jamais pensées d’ailleurs. Pour s’en convaincre, l’on ne peut que considérer ces mouvements qui couvent dans le secteur, tant au niveau des universités que du secondaire pour comprendre que cette école vit toujours les mêmes malaises. D’ailleurs, si l’ITN s’est refusé, malgré la bonne ouverture d’esprit du président de la République qui reçoit en personne ses dirigeants, à renoncer à sa grève, c’est bien parce que, les problèmes de l’école, notamment la question cruciale du recrutement des contractuels de l’enseignement et de la Santé à la fonction publique, reste le talon d’Achille du différend.

Bazoum Mohamed doit ouvrir les yeux pour voir et faire l’effort d’entendre ces voix étouffées qui lui disent tout le mal de cette école ou du moins de la gestion de ceux qu’il a investis de sa confiance pour mettre en oeuvre les ambitions qu’il nourrit pour l’école. On se rappelle qu’il y a quelques mois, un cadre du MEN, activiste de la société civile, usant des réseaux sociaux, dénonçait certaines pratiques malsaines qui se pratiquent dans le secteur, interpellant sur des dérives graves qui risquent de plonger davantage l’école nigérienne dans le gouffre. Mais sa parole ne pouvait pas plaire et on lui a réglé des comptes : affecté puis suspendu de la fonction publique, l’homme, depuis est devenu ce martyr de la dénonciation sous Bazoum. Or, il s’agissait, avant de prendre d’aussi graves et radicales mesures de représailles, de se demander d’abord si ce qu’il dit est vrai ou faux, si ses allégations sont fondées ou non. On ne l’a pas fait ; Abusant de leur puissance, ceux qui tiennent haut le pavé dans le nouvel empire, ont sévi ; brisant la carrière d’un homme qui gêne depuis qu’il pouvait ne pas avoir la langue dans la poche pour dénoncer leurs micmacs.

Il y a quelques jours, un autre, un inspecteur, à ce qu’il dit en tout cas, à travers des audio partagés sur les réseaux sociaux dit des choses semblables par rapport à une gestion patrimoniale du MEN qui ne peut permettre d’espérer pour Bazoum et pour l’école les résultats escomptés. Tout le monde sait que ces griefs ne sont pas méchants et gratuits ; ils ne rendent compte que de la triste réalité d’un ministère qui est mal géré. Le Professeur Natatou, en venant lui aussi avec de réelles ambitions, a compris qu’il est difficile d’avancer avec certaines collaborations de la part de personnes qui prétendent aider le président Mohamed Bazoum alors que tout ce qu’ils font sape ses efforts de redressement de cette école. Il n’y avait qu’à regarder la conception prébendière que l’on s’est faite de la gestion du Projet LIRE où seul le profit oriente les actions qui sont entreprises dans un tel cadre : quelques parvenus, au moyen de cooptation sur des bases subjectives, par des formations, autres voyages d’études à l’extérieur du pays, trouvent le moyen de dilapider l’argent de la Banque Mondiale qui profite plus à des individus qu’à l’école et aux vrais acteurs du système. N’est-il pas d’auditer tout ce qui se fait dans un tel cadre pour réellement apprécier de ce que de telles actions profitent à l’école, changent véritablement et positivement quelque chose dans la vie de l’école ? Un pays, emprunte-t-il de l’argent auprès d’un partenaire pour enrichir quelques hommes ou pour que cela profite à un secteur, disons à un pays ?

Il est clair, même si souvent ce qu’il dit n’est pas trop clair, que cet inspecteur n’a pas tort d’alerter avant le pire. Aussi, parce que les postes ne peuvent pas être héréditaires, peut-on sensément comprendre que certains acteurs, presque inamovibles, sans vrais résultats, restent à la même place souvent depuis plus de dix ans ? De tels hommes, embourbés dans la routine fastidieuse, peuvent-il franchement réussir le meilleur ? Où faut-il croire qu’un parti ou si l’on veut, un système n’a plus les ressources humaines compétentes et suffisantes pour mieux réussir ses actions ? Le PNDS, serait-il aussi pauvre que ça ?

Aujourd’hui, avec le recul, sans doute que le nouveau ministre, venu avec une certaine fougue pour réussir, s’est rendu compte qu’un Samro ou un Rabiou, avant lui, ne jetaient pas l’éponge par incompétence ni par faiblesse mais bien par quelques incompatibilités d’une collaboration difficile avec ici quelques hommes qui veulent bien faire et là, un autre, prétendument fort, qui n’en fait qu’à sa tête, privant même souvent des directions de leurs prérogatives. Le MEN, ainsi que l’on peut l’entendre chez l’inspecteur, est fait de malaises et tant que cela devrait continuer, l’on ne peut s’attendre à mieux dans le secteur. C’est à croire même que pour cette raison, ce ministère est fait d’autant plus de contradictions que certains, aujourd’hui, regrettent même la fusion qui met ensemble des hommes et des femmes qui ne savent pas travailler ensemble.

Le temps que le président de la République écoute d’autres voix pour apporter les vraies réponses qui passent aussi par le choix des hommes pour accompagner Natatou à décoller sa machine, nous pouvons taire quelques dossiers, au-delà de ceux qu’évoquent les deux acteurs que nous citons pour témoigner sur le fait que dans son effort pour redresser le système éducatif nigérien, Bazoum Mohamed est mal parti…

Mais il y a, avant tout ça, à mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, à sortir la politique de l’école !

A.I