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Les P.T.F sont-ils responsables ? : Dégradation du système éducatif nigérien

Autrefois, l’enseignant avait le pouvoir sur ses élèves, sur sa classe et sur la matière qu’il enseigne. A cette époque de gloire pour notre école ou l’enseignant est respecté à la fois par les élèves et le gouvernement, tout allait mieux pour notre système éducatif. Au milieu de ces années exceptionnelles, le contenu de notre programme éducatif était plus réaliste et plus adopté à notre réalité culturelle, sociale et économique. Nous parlons de cette époque ou nos responsables éducatifs, ne réfléchissaient pas en fonction de la volonté de leur maitre le grand colon, pour défendre une position les yeux fermés, tête baissée.

Aujourd’hui malheureusement, l’enseignant ne représente rien du tout à la fois à l’école et dans les prises de décisions éducatives et de programmation annuelle ou pluriannuelle. Ils sont même jugés improductifs au plus haut sommet de l’Etat après tant d’années d’enseignement, un travail sur la base duquel le même Etat reçoit des sommes colossales des mains des partenaires techniques et financiers de ce secteur. C’est une évidence, pas seulement au plus haut sommet de l’Etat, l’enseignant ne représente aussi rien du tout pour certains nigériens fortunés. Qu’ils soient mis ou pas dans les conditions optimales de travail, cela n’est pas une préoccupation pour eux. La raison c’est qu’aucun de leurs enfants ne fréquente l’école publique secouée par le manque de matériels didactiques, de classes en matériaux définitifs et d’enseignants. Il s’agit entre autres de certains ministres, députés nationaux, des présidents des institutions nationales, des cadres du parti ou de la coalition qui gouverne et d’autres personnes gradées. Conséquence, beaucoup de parents se tournent aujourd’hui vers les écoles privées qui disposent d’un minimum pour l’encadrement des élèves.

Mais comment en est-on arrivé à retirer à l’enseignant de l’école publique le pouvoir qu’il détenait autrefois ? En effet, tout a commencé dans la mise en oeuvre d’un programme piloté par un des Partenaires Techniques et Financiers du secteur de l’éducation. Ce programme mettait d’abord l’accent sur l’interdiction à tout enseignant de porter des corrections corporelles à l’élève quel que soit la gravité de la faute commise. Ce premier coup porté à nos valeurs culturelles et sociales est la principale source du retrait du pouvoir de l’enseignant pour ne pas dire, de la déstabilisation de notre système éducatif. L’interdiction des châtiments corporels à l’école, a vidé l’enseignant de tout son pouvoir et a poussé les élèves et leurs parents à la révolte. C’est pourquoi certains parents se permettent de retrouver l’enseignant à l’école pour lui cracher dessus tout simplement parce qu’il a chicoté ou giflé leur enfant. Pourtant, nos valeurs culturelles nous enseignent que l’enfant appartient à tous. A vrai dire, l’objectif de ce programme du partenaire, était de s’attaquer profondément à notre système éducatif et aujourd’hui sans se tromper on peut dire qu’il a réussi. Les responsables du secteur éducatif de l’époque n’ont pas été très vigilants et visionnaires probablement à cause des enveloppes qu’ils ont reçu. Ce premier coup dur est indiscutablement responsable de la baisse de niveau des élèves et le désamour de l’enseignant vis-à-vis de l’enseignement.

Le second coup dur de ce partenaire à l’encontre de nos valeurs éducatives, a été l’introduction au sein de notre programme éducatif, d’un nouveau module axé sur le passage automatique qui ne reflète pas du tout notre réalité. Dans la forme, le partenaire nous chante que l’objectif était de rehausser le niveau des élèves alors que dans le fond, c’est le contraire qui s’est produit. Du coup, l’enseignant s’est retrouvé avec deux voire trois programmes pour un seul système éducatif, avec la suppression de plusieurs sessions de fin d’année indispensables à l’évaluation des élèves. Ce qui a conduit à l’évaluation des enseignants contractuels du primaire et du secondaire pour la première fois dans le pays. Depuis lors, le gouvernement qui jette la responsabilité aux enseignants est pris en otage par ceux-là même qui sont sensés l’aider à relever le défi de l’éducation. On parle même d’une seconde évaluation des enseignants en lieu et place de leur intégration à la fonction à la fonction publique. Ce jeu trouble auquel se sont donnés les PTF du secteur de l’éducation, nécessite d’être compris et examiné minutieusement au plus haut sommet de l’Etat ; par les syndicats du secteur de l’éducation, les parents d’élèves ainsi que les ONGs et associations nationales qui oeuvrent pour la promotion d’une éducation de qualité. Le système éducatif est suffisamment infecté par les fonds des partenaires techniques et financiers et les multiples promesses non tenues des dirigeants actuels. Or, la qualité de l’éducation commence par le respect de la parole donnée. Le volume de discours sans actions des autorités concernant ce secteur interpelle tout un chacun sur l’avenir de notre système éducatif. Pour se faire, il va falloir que les PTF arrêtent de se mixer dans ce qui ne les regarde pas. S’ils veulent aider le pays avec amour, alors qu’ils le fassent avec honnêteté et respect mutuel car le peuple nigérien est assez mur pour comprendre ce qui l’arrange et pour redonner à son école toute sa lettre de noblesse. Ça suffit ! Ça suffit !

Salifou Hachimou