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Education/" Baisse de niveau " : mythes et réalité

En effet, pour dire vrai, notre système éducatif n'a en réalité pas connu de période de " gloire pédagogique ". Contrairement à ce que pensent ceux d'entre nous qui ont pu s'adapter à des situations pédagogiques qui prévalaient. Notre système éducatif a toujours été marqué par des échecs énormes en attestent les rapports de fin d'année des inspections primaires (renvois et redoublements massifs) et les résultats parfois catastrophiques des examens du CEPE et du CFEPD " des ces bons vieux temps ". Des rérésultats nuls (des néants) étaient enregistrés de tout temps. Cependant, le caractère très sélectif du système à l'époque cachait une partie du mal et donnait ainsi l'illusion que l'encadrement pédagogique était de qualité meilleure que ce qu'il est de nos jours. D'autre part, la sélection culpabilisait tout naturellement plus les élèves que l'enseignement qu'ils recevaient. Mais rappelons qu'à l'époque le directeur d'école ne présentait à l'entrée en sixième, qui était en plus un concours, que les élèves dont il était sûr de leur admission. En amont, la sélection débute dès le cours d'initiation(CI), ce qui fait que, n'arrive au cours moyen que les meilleurs de la promotion. Pour s'en convaincre, il suffit de se rappeler des camarades de promotion éjectés par le système au cours du cursus primaire. En vérité le tableau n'était guère reluisant. La sélection qui était la règle à l'époque, constituait l'arbre qui cachait la forêt. Par ce biais, les échecs devenaient tout naturellement très réduits au second cycle, notamment au collège, car, n'arrivaient au collège que les élèves déjà " bons, voire très bons ".

Le choix de démocratiser l'enseignement et de donner la chance à tous les enfants du Niger d'accéder à l'école pour recevoir une éducation de base qui leur serait utile dans la vie, a malheureusement aggraver la situation et a permis en même temps de voir la réalité profonde de notre système éducatif marquée par un enseignement de faible qualité. Contrairement au système sélectif, la démocratisation de l'enseignement déplace le point de mire en orientant les projecteurs sur la performance du système en termes de rendement scolaire. En réalité, l'expansion rapide du système n'a fait que donner de l'ampleur au phénomène d'échec scolaire que notre école trainait avec elle de tout temps.

Il est cependant vrai que la situation s'est empirée avec des réformes que le système a connu, à savoir entre autres : le changement de programme d'enseignement intervenu en 1988 au primaire, la double vacation, le volontariat, la contractualisation de l'enseignement, le départ anticipé à la retraite etc. Singulièrement, le départ à la retraite anticipée a été en particulier la mesure ayant décapité le système éducatif à la base. En effet, par cette mesure toute la crème d'expérience fut brusquement éjectée du circuit éducatif. C'est dans ce contexte d'école sans référence professionnelle, que furent introduits les nouveaux programmes au niveau de l'enseignement primaire plongeant l'enseignement dans un tâtonnement sans fin. Le redressement de la situation actuelle de l'école nécessite une réflexion approfondie sur trois axes principaux :

  • la pertinence du curriculum ;
  • la qualification des enseignants ;
  • la gouvernance scolaire.
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On à coutume de dire que le développement d'un pays dépend de la qualité de l'éducation de ses citoyens. Ce passage du discours du président Nyerere nous en donne toute la portée de cette assertion. Julius Nyerere ancien président de la république de Tanzanie, en 1967, donnait à l'éducation la définition suivante : " Transmettre d'une génération à la suivante la somme d'expérience et de connaissance accumulée par la société, et préparer les jeunes à entrer dans cette société et à participer activement à son maintien ou à son développement. " Jeune Afrique, no 765, 5 sept. 1975, p 4-5. En effet, l'éducation est un tout. Contrairement aux instincts, l'éducation est un acquis. Elle est l'instrument par lequel se perpétue les valeurs d'une communauté de vie sociale. Traditionnellement, L'éducation vise à transmettre les valeurs culturelles et civilisationnelles d'un Ali Issa Willy, inspecteur de l'enseignement primaire peuple pour assurer sa perpétuation. A cette fonction traditionnelle s'ajoutent aujourd'hui la transmission des valeurs universellement partagées. Mais dans tous les cas, chaque être humain reste un déterminant éducatif. Les comportements et les actions des hommes sont donc fonctions des matrices culturelles dans lesquelles ils baignent. A ce propos, Lucien Malson dans son ouvrage : " les enfants sauvages " démontre que : " l'homme sans la société des hommes, est moins qu'un être inférieur ". Ainsi les enfants sauvages qui vivaient avec des loups n'ont eu aucun comportement typiquement humain. Ils hurlaient comme les loups, ils ne savaient articulés aucun mot de langage humain et défendaient la tanière des loups attaqués comme le faisaient les vrais loups ; c'està- dire, à coups de crocs, de griffes et à quatre pattes dans un tintamarre de hurlement. " Chez l'enfant, tout isolement extrême révèle l'absence en lui de ces solides à priori, de ces schèmes adaptatifs spécifiques. Les enfants privés trop tôt de tout commerce social, -ces enfants qu'on appelle " sauvages "- demeurent démunis dans leur solitude au point d'apparaître comme des bêtes dérisoires, comme de moindres animaux.{xtypo_quote} " (Lucien Malson) " Avant l'éducation, l'homme n'est rien qu'une des virtualités aussi légères qu'une transparente vapeur. "{/xtypo_quote}

L'importance de l'éducation sur le devenir des hommes, fait que chaque système éducatif commence d'abord par définir ses finalités avant de concevoir le curriculum et les programmes d'études et de formation.

Au demeurant, l'éducation vise à développer au maximum, toutes les potentialités humaines dont nous disposons : morale, intellectuelle, physique et sociale afin de faire de nous des citoyens engagés pour le développement individuel et collectif. De l'éducation à la citoyenneté, il n'y a qu'un pas.

Ali Issa Willy, inspecteur de l'enseignement primaire

19 juillet 2017
Source : La Nation